La nouvelle loi a été adoptée dans la nuit du 5 au 6 décembre 2022 et devra entrer en vigueur d’ici un an et demi. Les 27 Etats membres de l’Union Européenne ont trouvé un accord dont le but à première vue, est de sauver la planète. Ce texte, explique les 27, obligera les entreprises à prouver que leurs produits vendus dans l’UE n’ont pas récemment contribué à la déforestation, c’est-à-dire qu’aucune forêt n’a été déboisée après le 31 décembre 2020. Les entreprises importatrices devront remonter leur chaîne d’approvisionnement jusqu’à la parcelle de production sous peine d’amende, traçable via des données de géolocalisation des photos satellitaires.
Au Cameroun, cette mesure en téléchargement fait sursauter, si bien qu’au ministère du Commercer (Mincommerce), des mesures sont entrain d’être prises. « Le cacao, c’est le deuxième producteur de devises chez nous. C’est pourquoi le gouvernement y veille. Le caco est une filière stratégique. Nous sommes obligés de faire la traçabilité, de la parcelle jusqu’au marché de l’UE et éliminer tous les coxeurs car, il faut le souligner, l’UE constitue notre principal marché actuellement », observe Narcisse Olinga, qui était le représentant du Mincommerce à la quatrième édition du forum « Le mercredi de la PME » qui avait lieu à Douala le 14 décembre autour du thème ‘’Cacao-Café, des financements structurés pour favoriser la croissance de la production et renforcer le leadership du Cameroun au plan mondial’’, un débat organisé par Afriland First Bank.
Cette décision est entrain d’être prise au moment où la Banque africaine de développement (BAD) a rendu public ce 15 décembre 2022 son rapport sur les Objectifs de développement durable (ODD) en Afrique. Et qui indique, «la perte de couverture forestière, de biodiversité et de dégradation des sols reste élevée et généralisée en Afrique. Cela est dû principalement à la déforestation des terres pour l’agriculture et le pâturage, et aux changements climatiques. Les données montrent que la dégradation des sols affecte 46 % des terres et 65 % de la population africaine, ce qui coûte 9,3 milliards de dollars par an à la région. Il est essentiel de multiplier les partenariats publics et privés afin de mobiliser et canaliser les fonds pour intensifier la gestion durable des terres, des forêts et de la biodiversité, en vue d’une reprise verte et résiliente. »
« Nous devons en faire plus, en tant que continent, pour obtenir de meilleurs résultats. Connaissant les défis à relever, il est important de faire une introspection et de trouver le moyen de mettre en œuvre des initiatives locales pour relever ces défis. Le partenariat entre la BAD, la CEA, la CUA et le PNUD est une plateforme idoine qui présente les défis que nos pays doivent relever », commente Vincent O. Nmehielle, secrétaire général de la BAD.
Pour sa part, Hanan Morsy, secrétaire exécutive adjointe et cheffe économiste de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA) souhaite que « les conclusions et les recommandations du Rapport 2022 sur les ODD en Afrique aideront les États membres à prendre des mesures urgentes pour accélérer la réalisation des ODD et de l’Agenda 2063. »
A en croire PWC, l’UE fera la classification des risques. Trois standards de vérification sont en vue tels que: risque “élevé”, risque “standard” ou risque “faible”. C’est en fonction du niveau de risque sur le classement élaboré par l’UE que les sanctions seront nécessaires ou pas. La viande bovine mais aussi, plusieurs matières associées (cuir, ameublement, papier imprimé, charbon de bois, pneus, cosmétiques) sont concernés par cette interdiction en vue de l’UE.
Aloys Onana