Les travaux en cours ont déjà été présentés à Ebolowa, Yaoundé ainsi qu’à des ministères.
Le temps où les familles villageoises se tuaient à la tâche pour produire du cacao qu’elles vendaient à prix négligeable est bientôt révolu. La préoccupation est prise à bras-le-corps par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO ainsi que par l’Union européenne. Les deux partenaires, apprend-on d’un communiqué parvenu à notre rédaction, est déterminée à faire régner la justice dans le business du cacao. Ce qui se passe à travers une étude démarrée en 2023.
Dans le détail, il ressort que la première phase a consisté à définir et affiner les différentes dimensions du concept de « vie décente » pour les producteurs de cacao camerounais, en termes d’alimentation, d’éducation, de santé et de logement en consultation avec toutes les parties prenantes. Cette première phase du travail a été conduite en partenariat avec l’Institut pour la Recherche, le Développement Socio-économique et la Communication (IRESCO).
La deuxième quant à a consisté en la préparation et la mise en œuvre d’une enquête auprès des ménages producteurs de cacao et des fournisseurs de services afin d’estimer le revenu réel des cacaoculteurs camerounais, d’évaluer le niveau du revenu décent de référence, et de calculer le différentiel de revenu décent, soit la différence entre le revenu réel et le revenu de référence. Cette enquête a été menée en collaboration avec le Centre d’Etudes et de Recherche pour le Développement (CERD). « Ces résultats préliminaires ont donc été présentés aux acteurs de la filière afin de garantir la transparence du processus et leur participation active », indique la source officielle.
D’ailleurs, ajoute Athman Mravili, représentant de la FAO au Cameroun, « définir l’écart entre le niveau de revenu décent et le niveau réel de revenu des ménages producteurs de cacao permettra aux autorités camerounaises d’élaborer des politiques publiques qui soutiennent la durabilité économique et sociale de la filière cacao. L’outil peut également être utilisé par les producteurs pour estimer et plaider en faveur d’un prix du cacao décent. »
Plusieurs ateliers de présentation des résultats ont été organisés dans des villes camerounaises à l’instar d’Ebolowa, à destination des producteurs de cacao (anglophones et francophones) et à Yaoundé, à la communauté scientifique pour discuter de la méthodologie employée dans l’étude et enfin un atelier final de validation des résultats a réuni à Yaoundé une grande diversité d’acteurs impliqués dans la filière cacao : les autorités nationales et le secteur public, le secteur privé, les associations représentatives des producteurs, la société civile et les acteurs du développement.
En rappel, dans l’optique de rendre la chaîne de valeur du cacao plus équitable et durable au Cameroun, en Côte d’Ivoire et au Ghana, principaux producteurs mondiaux de cacao, l’UE a lancé en 2020 l’Initiative pour un cacao durable. Elle vise à parvenir à une production durable de cacao qui assure un revenu décent aux producteurs, contribue aux recettes publiques nationales, et mette fin à la déforestation et dégradation des forêts et aux violations des droits du travail, y compris le travail des enfants et les inégalités entre les sexes, tout en assurant des systèmes de production cacaoyers durables, dans les trois pays.
Albright Fandono