Le Mouvement travailliste du Cameroun (CALAMO) fait des observations et des suggestions sur la Loi des Finances 2024.
- Cette loi est non-inclusive avec la non-consultation des travailleurs à travers leurs syndicats conformément à la Loi n°2018/011 du 11 juillet 2018 portant Code de Transparence et de bonne Gouvernance qui prévoit en son article 48 alinéa 2 l’inclusion des acteurs non-étatiques dans le mécanisme de préparation budgétaire.
- Cette loi est en conflit avec la Loi n°92/007 du 14 août 1992 portant Code du Travail qui en son Article 117 fait obligation au gouvernement de soumettre toute disposition concernant les travailleurs à l’avis préalable de la Commission Nationale Consultative du Travail.
- Cette loi est inéquitable avec l’augmentation des charges du travailleur (IRRP, indemnité de fin de carrière, imposition des avantages en nature, etc.) sans mécanisme de compensation. Pire, le taux d’inflation est d’environ 8% en 2023 (INS), ce qui consacre proportionnellement la dévaluation des salaires et la baisse du pouvoir d’achat en 2024.
- Cette loi entretient l’injustice sociale avec la perpétuation de l’exploitation des travailleurs dans la production des biens et services, et la non redistribution des fruits de la croissance engendrée par le travail estimée cette année à environ 4%.
Au regard de ce qui précède, le CALAMO qui regroupe pour le moment, le SDF, 6 des 12 Confédérations syndicales du Cameroun, 20 syndicats nationaux et 3 fédérations sectorielles, exige :
- La prise d’une mesure de justice et d’équité sociale consacrant une augmentation des salaires de tous les travailleurs camerounais proportionnellement aux conséquences induites par les nouvelles charges contenues dans la loi des finances 2024. Sur le plan symbolique, l’augmentation des salaires devrait permettre au Cameroun d’atteindre au moins le niveau des salaires de 1993.
- La revalorisation des pensions retraite et l’harmonisation de leur calcul en vue d’éviter la discrimination actuelle induite par le décret n°2016/072 du 15 février 2016 fixant les taux de cotisations et les plafonds des rémunérations.
- L’indexation automatique des salaires et des pensions à la croissance en vue de favoriser la redistribution équitable aux travailleurs des fruits de leurs efforts (révision du code du travail).
Le CALAMO exige que ces mesures de justice et d’équité soient prises avant l’entrée en vigueur de cette loi des finances 2024.
Il y va de la paix sociale si chère à Tous.
Fait à Yaoundé le 20 décembre 2023
Ont signé, les porte-paroles du CALAMO
Louis Marie Kakdeu (photo), Benoît Essiga