Le programme Fish4ACP devra durer dix mois, les observateurs embarqués aident le capitaine du bateau de pêche à mieux déclarer ses captures.
Le Programme des nations unies pour l’alimentation (FAO, en anglais) aide le Cameroun à avoir des données chiffrées plus précises sur les captures de la filière crevette. D’où la tenue à Limbé le 24 juillet du lancement du programme pilote des observateurs embarqués dans la pêche industrielle le long de la façade maritime camerounaise. « Le projet Fish4ACP est un projet qui est né à la demande du gouvernement camerounais pour examiner la situation de la chaine de valeur crevette. C’est un projet qui a commencé en 2021 et qui cible la crevette. Il y a une stratégie de mise à niveau qui a été validée en 2022 par le ministre de l’Elevage et tous les partenaires qui étaient présents et cette stratégie qui est mise en œuvre aujourd’hui à travers un des axes stratégiques, assurer une pêche de crevette durable », explique Dr Pierre Soung Meke, du programme Fish4ACP et membre de la FAO, Yaoundé.
Il ajoute que l’outil, programme d’observateurs est un instrument de gestion des pêches qui vise à assurer la traçabilité des opérations de pêche en mer. Jusqu’à présent, les opérations de pêche se déroulent sous la déclaration du capitaine de pêche lorsqu’il débarque. « Il se trouve que, il y a d’autres informations qui sont nécessaires à l’évaluation des stocks qui ne sont pas collectées : les données sur les rejets, les captures accessoires qui font partie de la communauté des ressources halieutiques qui doivent être examinées ensemble en vue de l’évaluation des stocks. Raison pour laquelle, les observateurs qui embarquent sont des aides à la collecte des données que fait le capitaine. Ils ne sont pas là pour inspecter ou contrôler le capitaine de pêche, c’est des aides qui sont un témoin de l’administration des pêches à bord des navires de pêche. »
C’est un programme pilote sur dix mois. A partir de cela, la FAO, la GIZ, le ministère des Pêches et des industries animales pourront mieux apprécier les forces et les faiblesses de la mise en œuvre de ce projet « car c’est en traversant le pont qu’on le construit et nous assurer que ce que nous faisons et utile à toutes les parties prenantes », confie Dr Pierre Soung Meke.
Des participants aux travaux de Limbé.
De l’avis du Dr Aristide Kamla, biologiste marin, il y a une grande quantité de la pêche artisanale qui n’était pas répertoriée et qui aujourd’hui sera plus contrôlée. Ces productions, analyse-t-il, peuvent avoisiner une tonne par semaine. Ce qui permettra de produire plus, tout en épargnant la petite crevette, des captures accessoires qui seront à l’abri.
Selon le rapport 2022 de la FAO, la production annuelle de crevettes au Cameroun est estimée à 4 200 tonnes pour la pêche industrielle et à plus de 1 000 tonnes pour la pêche artisanale. D’une valeur de plus de 30 millions d’USD par an, la crevette est une activité rentable pour l’ensemble des acteurs impliqués – pêcheurs industriels et artisanaux, transformateurs, grossistes et détaillants. De plus, le secteur emploie quelque 1 800 personnes, majoritairement des jeunes. Les travaux à Limbé ont lieu en présence du préfet du préfet du Fako.
En rappel, janvier 2023, le Cameroun avait reçu un « carton rouge » par l’Union européenne (UE) pour son manque de coopération dans la gestion responsable des ressources marines. une sanction qui a permis de remettre à jour les moyens de lutte contre la pêche illicite. D’après les chiffres officiels, la pêche illicite, non déclarée et non réglementée, qui menace la durabilité des stocks de poisson et fragilise l’écosystème marin, fait perdre 20 milliards de FCFA par an au Cameroun.
FISH4ACP vise à ouvrir des marchés d’exportation, renforcer la gouvernance, améliorer le suivi et la gestion des stocks, assurer de meilleurs revenus, créer des emplois, améliorer l’environnement et la santé des stocks. En somme, accroître la productivité et la durabilité du secteur de la crevette pour stimuler la croissance économique, améliorer les moyens de subsistance et veiller à la santé des stocks.
Économie du Cameroun
