« Non fondées, non corroborées, non étayées. » Telles sont les conclusions du rapport d’enquête commandée par les autorités de la Banque africaine de développement (BAD) dont une bonne franche soutenue par les USA, l’un des contributeurs les plus importants de la BAD. (En 2012, l’USAID a injecté 200 000 dollars). L’enquête interne, menée par un administrateur japonais, président du comité d’éthique de la BAD, Takuji Yano, conclut que la plainte déposée contre Akinwumi Adesina ne pèse pas, les arguments de favoritisme etc. « ne reposaient sur aucun fait objectif et solide ».
Par contre, l’enquête reproche aux « dénonciateurs » de faire preuve d’une certaine légèreté et de n’avoir pas étayé leurs allégations avec des preuves capables de mettre en péril la présidence de l’ancien ministre de l’économie du Nigéria, qui aspire déjà à un second bail à la tête de l’institution financière africaine après sa première élection de 2015.
Pour revenir à la plainte des employés de la BAD contre leur président, il y a un mois, Akinwumi Adessina dénonçait déjà des manipulations « politiques » lorsque la question lui a été posée. Bien que le rapport de Takuyi Yano ne soit pas encore tombé dans le domaine public, ses parties importantes ont déjà fuité dans la presse depuis le 11 juin 2020, alors qu’elle a démarré en mai dernier. Le patron de la BAD, selon les informations, active ses réseaux pour être réélu pour un second mandat en août 2020.
Le Cameroun suivait ce dossier de très près, car Akinwumi Adesina est déjà venu dans ce pays plusieurs fois, de manière directe ou indirecte. Lui-même est allé par exemple au barrage hydroélectrique de Memve’ele, toucher du doigt cette réalisations dont les fonds de la BAD ont financé en grande partie.
Jusqu’en 2019, le portefeuille actif de la BAD au Cameroun comprenait 30 projets totalisant des engagements de 1 340 milliards FCFA. « Ce niveau d’engagement en constante augmentation atteste de l’excellente coopération entre la République du Cameroun et le groupe de la Banque africaine de développement », s’était réjoui Ousmane Doré, directeur général du Bureau Afrique centrale de la BAD, lors d’une opération de séduction de la BAD auprès du secteur privé et public à Douala.
Ousmane Doré ajoutait qu’une enveloppe de près 465 milliards de FCFA allait être mise à la disposition du Cameroun en octobre 2019. Déjà au 30 août 2018, ladite enveloppe s’élevait à 875 milliards FCFA et comprenait 23 projets, soit 14 projets nationaux, 5 projets régionaux et 4 projets du secteur privé. Une performance en faveur du secteur privé qui avait courroucé le premier patronat du Cameroun, le Gicam.
L’on retient que le portefeuille des projets publics est reparti dans le transport/TIC (62 %) ; l’eau et l’assainissement (2 %) ; l’énergie (8 %) ; l’agriculture et l’environnement (11 %), la gouvernance (17 %). Parmi les projets réalisés par la BAD au pays, l’on peut évoquer l’aéroport international de Douala, le corridor Yaoundé- Brazzaville, la construction du pont sur le Ntem, le projet dorsale à fibre optique et le câble sous-marin mis en eau à Kribi, d’autres sont en vue. La bataille des accusations « non fondées, non corroborées, non étayées » étant désormais rangée, place à la préparation de la future présidence, en aout prochain.
A.B.O