Le Directeur général du contrôle général de la Banque (DGCG) des États de l’Afrique centrale (Beac) a publié un courrier dans lequel il constate la vacance de poste du Gouverneur de la banque centrale. Cela lui a valu des remontrances d’ Abbas Mahamat Tolli et Michel Dzombala, premier Vice-Gouverneur de la Beac. En réaction, le Camerounais effectue une sortie et met à découvert le fonctionnement de la banque centrale. Économie du Cameroun vous livre en intégralité cette correspondance.
Monsieur le Vice-Gouverneur,
Monsieur le Secrétaire Général,
Monsieur le Directeur Général de l’Exploitation,
Monsieur Abbas Mahamat Tolli, ancien Gouverneur de la BEAC,
Il m’eut été aisé (voire d’une facilité frisant la lâcheté que constituerait le fait de taper un homme par terre) de répondre officiellement et par les mêmes canaux, aux deux courriers du Vice-Gouverneur et de l’Ex-Gouverneur, tellement leur contenu est frappé d’une vacuité et de plusieurs approximations frisant le ridicule et des propos diffamatoires.
Par contre, je voudrais vous rappeler des faits, choses avec lesquelles vous semblez avoir des difficultés récurrentes, comme avec les textes :
– Aucun Gouverneur n’a JAMAIS fait un jour en sus de son mandat fixé par les Chefs d’Etats. Monsieur ABAGA, par exemple, a cédé sa fonction le jour même de la fin de son mandat, sans tenue d’une quelconque réunion des instances. Tout le monde pourrait prendre exemple sur cette hauteur de comportement ;
– Toutes les passations de service, notamment, ont été effectuées par la DGCG, notamment celle de Monsieur ABBAS succédant à M. ABAGA. Un exemplaire du dossier afférent est dans le secrétariat du Gouverneur comme un autre est dans le mien ;
– Le départ du Gouverneur MAMALEPOT s’est fait, non par son remplacement par un autre Gouverneur, mais par la direction de la Banque à travers son suppléant, M. ANDELY, Vice-Gouverneur, sans formalisation d’un acte quelconque de quelque instance que ce soit ;
– Après la nomination de M. ABAGA comme Gouverneur le 10 janvier 2010, le PCA de la Banque avait instruit une co-signature de deux membres du Gouvernement de la Banque, jusqu’à prise de fonction effective du nouveau Gouverneur ;
– Vous-même, M. ABBAS, avez sollicité de M. DJOBLONA (Gestionnaire de la CRBC) qu’il mit fin aux rémunérations de MM FEIMONAZOUI et ONDAYE, au jour de la fin de leur mandat. Serait-ce bien pour eux et incompréhensible en ce qui vous concerne ?
Monsieur le Vice-Gouverneur, je suis profondément désolé de constater que votre maitrise des rouages de la Banque est plus que lacunaire.
Je ne voudrais pas m’appesantir sur les mots haineux et injurieux que vous avez, à plusieurs reprises, prononcés à l’endroit du Gouverneur lorsqu’à la suite d’une enquête, au cours de laquelle je n’occupais pas la fonction de DGCG, vous avez été reconnu coupable d’écarts ayant justifié le retrait de 6 de vos échelons. Le diable en personne trouvait, à l’époque, plus de grâce à vos yeux. A l’époque, je vous ai défendu avec force et engagement.
Par contre, ce que je ne vous permettrai jamais, serait de mettre en doute ma probité et mon éthique, vous qui avez recruté en dehors de toute procédure régulière votre fille biologique, Mme ANDELY, parmi plusieurs autres, vous qui avez couvert les forfaitures et malversations de votre nièce à Pointe-Noire, contournant , à l’occasion, la DGCG envers qui vous vous étiez engagé à faire ressortir les circonstances de la fraude avérée, vous qui avez écrit contre le DGE de l’époque, M. ABAGA, en compagnie de deux autres agents, au mépris des fondements hiérarchiques de la BEAC, vous qui êtes le premier Vice-Gouverneur de la BEAC, depuis son existence, à prendre comme assistant, non seulement un de vos compatriotes, mais appartenant à votre famille, vous qui violez les textes de la Banque en subrogeant les prérogatives du DGE, après avoir effectué des abus qui seront mis en exergue par la DGCG, en signant, pour la première fois de l’histoire, des lettres de notifications de mesures de fin d’années à certains AES ayant eu des traitements de faveur, vous qui avez frauduleusement osé signer un solde de tout compte d’un salarié n’ayant ni finalisé son lien avec la Banque, ni effectué les diligences applicables à tous le personnel et les mandataires de la Banque, etc…
Je ne vous permettrai pas à vous, non pas à vous, de vous prononcer sur ma moralité.
A votre différence à tous les deux, je n’ai jamais été taxé ou soupçonné de népotisme, de forfaiture, de prises illégales d’intérêt ou d’abus de bien sociaux.
Quant à vous deux, je vous réitère, qu’en collaboration avec mes collègues en charge de compétences spécifiques, nous continuerons inlassablement à jouer le rôle qui nous a été dévolu par les Chefs d’États en conformité avec les textes et usages de la BEAC.
Si constater qu’utiliser abusivement une maison de fonctions, organiser un concours dont les conditions de mise en œuvre ont été unanimement mises en cause par nos plus hautes instances, que disparaitre pendant des mois de la BEAC pour effectuer, officiellement une campagne pour la présidence de la BAD aux frais d’on ne sait qui, dont possiblement la BEAC, constater des abus et du népotisme dans la distribution des échelons exceptionnels à des affidés, etc., constituent des faits susceptibles d’instrumentalisation, alors nous n’avons pas la même idée de la définition de ce terme, de la hauteur et des responsabilités qui sont les nôtres. Nos Instances trancheront.
Quant à Monsieur Abbas, je vous informe une fois de plus que, depuis hier soir, il n’est plus Gouverneur de la BEAC depuis le 6 février 2024 comme l’ont décidé les Chefs d’États de la CEMAC et il en sera ainsi, vos courriers mâtinés d’émotion, de méconnaissance volontaire des textes, d’inexactitudes n’y changeront rien.
Cette réalité n’a pas vocation à être opérationnelle, je pourrai prendre une minute pour vous en expliquer le concept. Elle est textuelle et applicable, comme la DGCG a vocation à ce que les textes, lois, règlements, usages, soient mis en application sans faille et sans faiblesse.
Monsieur le Vice-Gouverneur, j’ai remarqué en vous une tendance à remettre systématiquement en cause l’autorité de plusieurs de vos supérieurs hiérarchiques, alors qu’au contraire vous avez tendance à exiger de ceux que vous considérez comme vos « collaborateurs », une obéissance obséquieuse et permanente. Cela n’est pas sain.
Je voudrais terminer en vous rappelant deux dictons de mon village :
1- Lorsqu’on monte sur un arbre, il faut être prêt à se faire observer l’arrière de son corps ;
2- Lorsque le pouvoir s’abaisse à singer la rue, il là rejoint régulièrement.
Nous, les autres membres du Gouvernement de la Banque restant, demeurons disposés à parler de tout cela, très calmement, lors d’une réunion du Gouvernement que vous êtes désormais habilité à convoquer.
Respectueusement.