Désormais défunt chef d’Etat burundais décédé le 8 juin 2020 des suites d’une crise cardiaque, Pierre Nkurunziza laisse une économie pour le moins la plus morimonde dans la région des grands lacs. Le Burundi a été classé en 2017 par la Banque mondiale (BM) comme le pays le plus pauvre au monde. Par ailleurs, depuis cette année-là, ce pays connaît une récession qui a beaucoup de peine à être réglée.
S’agissant des motifs de cette récession, la BM pointe « la fragilité de l’environnement politique, la faiblesse de la consommation privée, la contraction de la production alimentaire liées à des chocs climatiques, et des migrations forcées (réfugiés et personnes déplacées à l’intérieur du pays) ». Si l’inflation est restée modérée, à 6,0 %, soit en-deçà du niveau de convergence de 8 % convenu dans les accords d’intégration régionale de la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE), les réserves de change sont très faibles et restreignent considérablement les importations, même pour ceux que le gouvernement considère comme prioritaires tels que le carburant et les médicaments, les autorités essayent d’accroître les ressources domestiques pour palier l’arrêt de l’appui budgétaire extérieur.
Avec près de 65% de sa population vivant en-dessous du seuil de la pauvreté, le Burundi se classe à la 180e place sur 186 pays de l’Indice de développement humain. La pauvreté touche principalement les petits agriculteurs en milieu rural. L’économie burundaise est largement tributaire de l’agriculture, qui emploie 90 % de la population, même si les terres arables sont extrêmement rares, selon la BM.
Pour la BM, « le Burundi fait face à de nombreux défis pour parvenir à réduire la pauvreté : faiblesse de l’économie rurale, forte dépendance vis-à-vis l’aide au développement, politique économique qui ne permet pas de répartir équitablement les ressources, vulnérabilité aux chocs environnementaux, et forte croissance démographique avec un taux fécondité de 6,4 enfants par femme ». Toutes choses qui font de ce pays le dernier pays de la sous-région CAE, puisque les autres pays membres de cette communauté ont un PIB par habitant qui dépasse les 600 USD.
Les indicateurs économiques se sont encore dégradés depuis que ses principaux partenaires financiers ont tourné le dos à Bujumbura, accusée de « violations des droits de l’homme » en marge de la crise politique et sécuritaire déclenchée en avril 2015 au lendemain de l’officialisation par le président Pierre Nkurunziza de sa candidature pour un troisième mandat jugé illégal par l’opposition et la société civile. Pour pousser les autorités burundaises à dialoguer avec l’opposition, l’Union européenne avait pris la décision, depuis le 14 mars 2016, de suspendre son aide directe au gouvernement burundais. Plusieurs pays occidentaux lui avaient emboîté le pas, notamment la Belgique, la France, l’Allemagne, la Suisse, la Hollande et les Etats Unis.
Des sanctions qui ne pouvaient qu’alourdir les charges du pays dont le budget était financé à plus de 50% par des appuis extérieurs, l’UE y participait à elle seule à hauteur de 20 %.
Privé d’aides extérieures, Bujumbura misait désormais sur une dynamique interne pour financer le budget, comme celui de 2018 qui a été financé à plus de 70% par des impôts et taxes. L’objectif ultime était de financer le budget de l’Etat à 100 %, sans rien attendre de l’extérieur.
La fragilité de l’économie burundaise se traduit aussi par la dépréciation vertigineuse du franc burundais (FBU). En l’espace de trois ans, apprend-on des media burundais, la monnaie locale s’est dépréciée par rapport au dollar américain à hauteur de près de 60%. Le successeur de Pierre Nkurunziza devra redonner vie à cette économie où le café a la valeur de l’or noir, du moins avant la survenue du covid-19.
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