Des nominations ont été programmées à l’insu total du Président du conseil d’administration, par ailleurs tutelle technique de la compagnie aérienne nationale.
Le ministre des Transports (Mintrans) Jean Ernest Masséna Ngallè Bibéhè ne met pas de gants pour vigoureusement recadrer Louis Georges Njipendi Kuotu, directeur général de la Cameroon Airlines corporation (Camair Co). Le péché du directeur général de ‘’l’Etoile du Cameroun’’, des décisions importantes, personnelles mais engageant la marche, l’avenir, et les performances de Camair Co, sans le moindre aval, ni consultation du Président du conseil d’administration (PCA) ; outrepassant de ce fait les orientations du cahier de charges, cinq mois seulement après sa prise de fonction.
Du coup, le Mintrans est sorti de sa réserve le 20 août. « Je vous demande de procéder à l’annulation purement simple de tous ces textes signés le 19 août 2019, jusqu’à la production des résultats de l’audit (…) et à la validation de l’organigramme de la société par un prochain conseil d’administration », prescrit fermement Jean Ernest Masséna Ngallè Bibéhè.
C’est que, lors de la prise de service, le Mintrans et PCA de Camair Co avait instruit au nouveau top management un important cahier de charges. Celui-ci portait en l’occurrence sur un audit interne à réaliser sur le plan des infrastructures, des ressources financières disponibles, un éclairage sur les équipements matériels, les effectifs humains. Tout cela devait être accompagné d’un accent particulier sur le volet commercial de la compagnie, afin de la rendre aussi attractive et crédible que possible.
Pendant donc que le Mintans attendait d’avoir sur sa table des données précises et irréfutables sur l’audit interne et autres éléments exigés pour mieux comprendre la maison Camair Co, Louis Georges Njipendi Kuotu a plutôt, de son propre chef, jugé utile de faire ce qui lui paraissait nécessaire. Pourtant, « il vous avait été demandé de tout mettre en œuvre pour stabiliser l’entreprise et bien maitriser son environnement avant tout mouvement du personnel », rappelle le Mintrans au directeur général. « Au moment où les résultats des actions sont toujours attendus, vous me faites tenir (…) une correspondance dans laquelle je relève ce qui suit : un déploiement massif du personnel, entrainant de ce fait un accroissement de la masse salariale, alors qu’il est question de maitriser les charges pour tendre vers une autonomisation financière progressive de la compagnie. Des nominations de certains responsables sans accord préalable du conseil d’administration, la désignation de certains personnels à des postes non encore intégré dans les textes organiques », égrène Jean Ernest Masséna Ngallè Bibèhè.
Des péchés capitaux que vient de multiplier en un laps de temps le nouveau patron de Camair Co, qui a sans doute oublié la longue et riche expérience de sa hiérarchie dans le domaine des transports. En effet, très ancien et féru dans le management d’entreprises, l’actuel ministre des Transports est aussi aux yeux de nombreux observateurs avertis un manager épris d’innovations et de rigueur dans la gestion de la chose publique. L’opinion retient par exemple que lorsque Jean Ernest Masséna Ngallè Bibèhè était ministre des Enseignements secondaires, il avait durant presque 3 ans effectué une seule sortie du pays. Du temps qu’il prit alors pour implémenter de vastes réformes pour la restriction du train de vie de l’État dans ce département ministériel dont il avait la charge. Exactement, la même rigueur commence à poindre à Camair Co, une entreprise qui peine à satisfaire au regard des égarements managériaux, une incongruité que le nouveau PCA est déterminé à stopper, afin d’impulser un véritable décollage à cette entreprise qui vit essentiellement des appuis financiers de l’État, depuis sa création, il y a treize ans.
Aloys Onana
