Son emploi de temps est surbooké comme à l’accoutumée en ce jour du 05 octobre 2022. La patronne de la plateforme Promotrice Pro Meet Up and Learn (PML) enchaine des rendez-vous, échange avec certains proches collaborateurs, le volume du téléviseur fixé à un coin de son vaste bureau est en mode silencieux. Aucun bruit donc, en dehors du doux ronronnement du climatiseur.
La pression de la prochaine édition du PML est forte si bien que, le deuil de son géniteur est passé, « je le porterai vraiment après », confesse-t-elle. Dans son esprit, une idée résiste à tous les chocs. Celle de PML certes, mais encore plus le rêve de voir les très petites entreprises grandir pour devenir les moyennes entreprises et plus tard, des grandes entreprises capables de faire tourner mille à l’heure l’économie africaine. Ce qui constitue même le cœur de cible de PML, véritable université économique.
Economie du Cameroun
A quelques jours de l’édition Pro Meet Up and Learn édition 2022 (du 12 au 14 octobre), où en est-on avec les préparatifs ?
Carole Mbessa Elongo
Pour les préparatifs, le volet technique, nous avançons, nous avons des partenaires techniques aguerris à ces opérations, donc il n’y a pas de soucis à se faire car tout est sous contrôle. Les speakers ont par ailleurs tous confirmé leur présence. Au niveau de nos équipes, tout le monde est mobilisé, nous sommes, on va dire presque prêts.
Si on vous demandait une évaluation de l’impact du PML, que diriez-vous ?
Avant de vous répondre il faudrait au préalable voir quels sont les objectifs du Pro Meet Up and Learn qui est une plateforme pérenne que nous avons mise sur pied il y a trois ans avec pour objectif principal de doter les africains de nouveaux paradigmes à même de permettre un réel développement de l’Afrique, et que toutes les actions qui y sont menées soient faites sous le prisme de la cohérence africaine qui nous amènes à prendre des décisions en tenant compte de nos spécificités entre autres : notre environnement, notre culture, nos valeurs comme tous les autres pays qui se sont développé ou toutes les autres sphères qui se sont développé l’ont fait : la Chine s’est appuyée sur sa culture, l’Europe même s’est appuyée sur sa culture , l’Amérique , l’Inde et aujourd’hui l’Afrique est pratiquement la seule zone ou on met de côté notre culture pour aller embrasser les concepts dont nous n’avons pas la maitrise.
C’est donc de là que part le PML, la première édition, nous l’avons organisée en plein début de covid, c’est dans l’œil du cyclone puisque nous sommes en 2020 et il était question de traiter de la résilience des pays africains face à cette crise avec un expert monsieur Stanislas Zézé, nous avons donc débattu sur un après-midi avec un format réduit. L’édition 2 rentre un peu dans le format réel de conférence et on adresse les questions liées à la ZLECAF (Zone de libre échange continentale africaine). Pourquoi ? Par ce qu’aujourd’hui la ZLECAF est en pleine opérationnalisation. C’est une opportunité incroyable pour les africains qui vient avec l’autre opportunité, même si elle est macabre, qui a été la covid-19 par ce qu’elle a permis que tous les pays, tout le monde se recentre d’abord sur soi-même pour retrouver les points de résilience et l’Afrique l’a fait. Ça été débattu partout de trouver les causes de la résilience sanitaire en Afrique, mais nous savons où on a été la chercher : on est rentré dans la forêt, on est allé écouter nos grands-parents, on s’est souvenu des crises qu’il y a eues au par avant. Donc chacun s’est recentré sur lui et c’est une opportunité pour les africains de questionner leur posture face aux chocs et face même aux modèles de développement qu’ils souhaitent embrasser. Nous avons là deux opportunités : une opportunité de retravailler les paradigmes qui est l’un des principaux leviers pour aller vers un développement réel et véritable. Donc on adressé la ZLECAF et pourquoi c’est une opportunité ? par ce que c’est un marché consolidé de plus d’un milliard d’habitants qui partagent des zones et dans ces zones on a des cultures dans lesquelles on peut retrouver des similarités et habitudes qui font qu’on n’est pas trop en déphasage avec les autres horizons.
On a l’opportunité de mettre en place une réelle industrialisation par ce que pour adresser la zone de libre échange, il faudrait une estampille made in Africa et c’est là l’opportunité pour les africains d’aller vers de réelles made in Africa. Comme vous le savez si bien, la nature a horreur du vide, si aujourd’hui ces questions ne sont pas mises en exergue, si elles ne sont pas débattues en abondamment, les africains vont regarder la zone de libre échange comme un outil de plus par ce qu’ils ne comprennent pas grande chose.
Justement avant la ZLECAF on a quelques concepts qui viennent, la première date de 2003, le NEPAD, ça n’as donné grand chose et le pur choc s’était l’AGOA (African Growth and Opportunity Act, une loi du Congrès américain adoptée en mai 2000 dont le but était de soutenir l’économie des pays africains en leur facilitant l’accès au marché américain) qui donnait les libres chances aux pays africains d’envoyer leur marchandise aux USA sans payer les droits de douanes sauf qu’on a eu de la peine à respecter les normes américaines si bien que l’opportunité nous a échappé. Qu’est- ce qui prouve que la ZLECAF ne connaitra pas le même sort que l’AGOA ou encore le NEPAD ?
Il faut s’appuyer justement de ce qui a fait que ces outils-là ne marchent pas. Si je prends le cas par exemple de l’AGOA, c’était une très bonne initiative, une très bonne plateforme pour promouvoir justement le made in Africa mais est- ce qu’on avait un réel made in Africa ? Alors ça ne pouvait pas marcher. Es ce que lorsque cette opportunité était mise en place en Afrique les mentalités, les paradigmes, les prismes des africains étaient à niveau pour permettre de saisir l’opportunité ? Et puis ça demeure un mécanisme mis en place par d’autres et je pense qu’il y a une actualité qui avait défrayé la chronique sur le fait que l’AGOA a été remise en cause pour tel ou tel point dont je n’ai pas la maitrise. Mais la ZLECAF est une opportunité de l’Afrique par l’Afrique pour les africains, et c’est ça qui est important. Aujourd’hui nous ne pouvons plus faire les mêmes erreurs que par le passé. L’échec du NEPAD ou de l’AGOA à préparé certainement le succès de la ZLECAF encore faut-il que nous prenions chacun un petit bout au niveau du PML, c’est une véritable vision que nous avons par ce que les promoteurs de la plateforme pro meet up and learn en l’occurrence moi, monsieur NDJOMO DG de BFC nous sommes investis dans le développement de l’Afrique depuis de longues années. D’ailleurs la première plateforme que nous avons mise sur pieds s’appelle VISIT MY BUSINESS, un outil d’intégration économique africaine il y a environ dix ans. C’est une plateforme d’échange numérique où nous souhaitions que les africains mettent à disposition les opportunités, qu’on n’aille pas toujours chercher l’expertise ailleurs par ce qu’on ne sait pas qu’elle est juste à côté. Donc aujourd’hui la ZLECAF, nous l’adressons pour répondre à votre première question de manière récurrente par ce qu’il y a fort à faire. C’est une opportunité, on ne peut pas dire qu’en deux jours d’échanges avec quelques experts on a fait le tour de la question, je pense que dans dix ans on n’aura pas fait le tour de la question.
Sauf qu’il y un aspect technoscientifique, ce qui nous manque très souvent c’est la maitrise du feu, c’est-à-dire comment transformer ce que nous avons comme ressources naturelles. Es ce qu’on peut compter sur la ZLECAF pour donner de l’élan à notre savoir-faire technoscientifique ?
Bien sûr il faut adresser toutes ces questions en même temps, sur ce plan là, je pense que si nous commençons à mettre en évidence toutes les questions qui font le succès de la ZLECAF, une par une, forcément les politiques qui font le cadre vont également s’intéresser un peu plus à ce qui ressort des changes du Brain Storm des experts et peut être que nous aurons le succès attendu. En tout cas nous faisons notre part sans avoir la prétention faire tout, mais on sait qu’en réunissant des chercheurs, des experts, des chefs d’entreprises pendant deux jours, qui viennent de l’Afrique et d’ailleurs pour réfléchir à une question en adressant les rapports de ces remues méninges aux autorités de manière récurrente, au bout d’un moment, ils en tiendront certainement compte.
En parcourant le programme, on n’a vu un thème qui sera développé pendant les travaux, il parle de l’intégration régionale sur le plan énergétique. On avait déjà lu cela dans un forum précédant, comment comprendre cette coïncidence de thématique ?
Cette thématique est celle que nous avons proposé pour le forum que vous évoqué et c’est une thématique que nous espérons reviendra de manière récurrente quelque soient les forums par ce que comme je vous l’ai dit et d’expérience, on ne peut pas vider toutes les questions en un forum, c’est impossible. Si vous avez plusieurs forums qui adressent la même question, vous serez efficaces. Donc nous l’adressons ici en espérant que le Forum Makutano qui est un forum porté par une sœur en RDC qui se tient la semaine prochaine va également mettre ces questions sur la table par ce qu’on ne peut rien faire sans énergie. Pour une industrie il faut de l’énergie et pour ça il faudrait qu’il y ait non seulement un Brain Storm au niveau de comment est- ce qu’on peut faire pour avoir de l’énergie en abondance mais il faudrait aussi que la sous-région travaille ensemble, de concert. Ça fait plusieurs dizaines d’années que la sous-région CEMAC, pour ne parler que d’elle, est opérationnelle mais on n’en sort pas grande chose. Il faudrait qu’à ce niveau on commence à parler de sous-région dans le sens vaste avec la CEEAC, pour pouvoir parler d’un réel marché.
On sort par-là, pourquoi devrais-je venir à Pro Meet Up and Learn 2022 qui a lieu du 12 au 14 octobre ?
(Sourire). Tout dépend, si vous venez comme expert, vous venez mettre votre savoir-faire au service du développement de l’Afrique. Et si vous venez comme participant, nous avons bâtis ce que nous appelons le PML EXPERIENCE c’est-à-dire chaque participant Pro Meet Up and Learn aujourd’hui, nous calibrons sa participation en fonction de ses objectifs. Donc il y a des b2b qui seront organisés avec des experts, des DG qui seront présents en amont du Pro Meet Up and Learn et pendant. Il y a également une cinquantaine d’entreprises du secteur de la transformation qui vont être sélectionnées par nos experts et mises en lumière tous les 15 jours non seulement sur nos plates formes mais également sur les plates formes partenaires, les journaux partenaires comme économie du Cameroun et d’autres. Nous avons des partenaires qui vont élaborer des packages pour encourager la transformation. En gros nous avons préparé plusieurs programmes contenus dans PML Experience.
Propos recueillis par Aloys Onana