Le ton de l’économie du Cameroun au 3e trimestre de cette année est bougon. A l’exception du secteur bancaire et celui des transports qui se portent bien, le reste des domaines économiques est parsemé de points rouges, signe d’une atonie considérable. De manière globale, le Groupement inter patronal du Cameroun (Gicam) égrène la persistance des effets de la guerre en Europe, la rareté accrue des matières premières, l’allongement des délais d’accès aux fournisseurs, l’accès aux devises, l’élasticité des délais d’obtention des certificats de conformité. S’ajoutent des questions infrastructurelles (l’énergie, le réseau routier), la concurrence déloyale, l’interaction avec l’administration (tracasserie, fiscalité-douane, délais de recouvrement).
De manière accrue, souligne Emmanuel Wafo président de la Commission économie et développement de l’entreprise, « les difficultés d’approvisionnement tirent les coûts de production à la hausse. » Ainsi, relève la commission supra, 56,3% d’entreprises font toujours fasse à la hausse des coûts. Elles étaient 64,6 % au premier trimestre de cette année.
Dans le détail, les secteurs les plus touchés par la rareté des matières premières ressortent l’agroalimentaire (+72,2) points, le commerce (+51,6). Le chiffre d’affaires (CA), se désole le Gicam, est en baisse. Parmi les 200 entreprises qui ont répondu au premier patronat camerounais dans cette troisième étude rendue publique à Douala le 30 novembre, le CA est passé de 6,5 à 3,2 points. « Le commerce est parmi les secteurs où la baisse du CA est la plus répandue », fait remarquer l’étude.
Sur ce chapitre de données chiffrées ternes, l’on déplore la baisse du résultat dans 41,5 % d’entreprises. «Le SO [solde d’opinion] se dégrade ce trimestre, de -18,9 à -21 points. Le chiffre d’affaires ne permet toujours pas de compenser la hausse des coûts de production chez une part importante d’entreprises. »
Le pandémonium affiche le secteur agroalimentaire (-63,2) points, l’industrie de boisson (-80), le secteur des oléagineux (-67), la minoterie (-60). « Le secteurs financier et transport demeurent les secteur résilients. Des SO respectifs de +66,7 et +55 » sont sur le tableau, pointe Emmanuel Wafo.
Le 3e trimestre dévoile d’autres points noirs qui témoignent les signes d’une économie qui n’a pas encore repris du souffle après des chocs exogènes et endogènes qu’elle connait depuis 2016, des faits malheureux accrus par la pandémie à corona virus, la guerre en Ukraine, entre autres. Ainsi, note le Gicam, en moyenne 40 % d’entreprises connaissent une dégradation de la trésorerie, de moins en moins de structures songent à faire des recrutements.
Toutefois, constate les experts de la Commission économie et développement de l’entreprise, l’économie du Cameroun a de nombreuses forces, à l’instar de la demande qui reste le principal moteur de l’activité, la perception mitigée des actions incitatives des pouvoirs publics (Zone économique spéciale, plan de soutien Covid 19, lois de finances). En perspective, s’inquiète-t-on, la poursuite de l’inflation, les risques de confinement pour cause de nouvelles vagues Covid.
À en croire Aline Valérie Mbono, directrice exécutive du Gicam, ce travail d’étude permet de cerner l’évolution de l’activité économique par les entreprises et donne les moyens de saisir la tonalité de la conjoncture dans les différents secteurs d’activité reflétée par les opinions des chefs d’Entreprises.
Aloys Onana
