Présenté à Douala le 31 mars 2023, ce document vise à promouvoir la transparence et la compétitivité des entreprises camerounaises, voire sous régionales.
Le 31 mars 2023 restera dans les annales de l’histoire du Groupement inter patronal du Cameroun (Gicam). Ce jour-là, le patronat camerounais – qui contribue à plus de 73.8 % du total des recettes fiscales de l’Etat en 2020, a présenté le Code de Bonne Gouvernance, un outil de travail inédit, dont les travaux ont été pilotés par Jacques Jonathan Nyemb, porte-parole du président Célestin Tawamba.
Financé par l’Agence française de développement et Proparco, ce Code est un outil de travail qui est présenté comme original, pertinent et innovant qui intègre des bonnes pratiques et principes de gouvernance internationaux. « Nous avons décidé d’élargir autant que possible le champ d’application de ce Code afin de servir la majorité d’acteurs économiques. C’est la raison pour laquelle des ateliers de travail collaboratif ont été organisés avec des entreprise membres et externes au Gicam, de toute taille, de toute nature ainsi des représentant des entreprises publiques », soulignent les rédacteurs du Code.
L’architecture de ce document se compose en deux parties principales à savoir un tronc commun qui traite des grands principes de gouvernance et des annexes applicables aux entreprises réglementées, aux entreprises familiales, aux PME, aux multinationales et les sociétés cotées ainsi qu’aux entreprises publiques. Le Code, une fois finalisé, devra être mis en œuvre, porté et perdurer. C’est pourquoi le Groupe AFD a apporté son appui sur trois axes : le premier porte sur la communication dans les entreprises, le deuxième, la conception d’un plaidoyer pour l’organisation de formations et enfin, troisième axe, la préparation de la création d’une haute autorité de la gouvernance qui sera chargée de faire vivre la Code. D’ailleurs, pointe les partenaires français intervenant dans ce Code, « l’amélioration du climat des affaires est fondamentale sur le plan économique et social du pays. Cela permet de réformer le dialogue entre l’Etat et le privé sur la base d’un cadre novateur permanent, de concertation de haut niveau. La déclaration en 2018 du Gicam sur la gouvernance des entreprises témoigne de l’attachement du Gicam à promouvoir des entreprises publiques et privées citoyennes et porteuses de développement durable pour tous. »
Gicam
Le patronat camerounais se félicite de ce document inédit, le premier du genre dans la sous-région Afrique centrale. Un univers où l’opacité est très souvent érigée en norme. Pour le cas du Cameroun, constate Célestin Tawamba, il arrive qu’il y ait une confusion totale entre le patron et l’entreprise. Le patron est tout, il fait tout, expert en tout. L’entreprise, c’est le patron seul. Avec le Code de Bonne Gouvernance, espère-t-on, les choses vont changer. « Une entreprise dont la gouvernance est inadaptée et dont les procédures de contrôle sont faibles se met en difficulté, s’expose à de nombreux risques. C’est la raison pour laquelle la qualité de la gouvernance des entreprises est devenue un levier de compétitive », déclare Célestin Tawamba.
A l’en croire, la bonne gouvernance compte parmi les critères permettant aux entreprises de lever les financements nationaux ou internationaux nécessaires à leur croissance. « La mission du Gicam étant d’assurer l’attractivité de l’environnement économique de notre pays et de défendre les intérêts des entreprises, nous avons placé parmi les priorités de notre mandat, l’élaboration et la diffusion d’un Code de Bonne Gouvernance des entreprises. Ce Code est donc l’aboutissement d’une initiative lancée il y a plus de trois ans. Il vient s’ajouter à nos propositions de réformes fiscales rendues au gouvernement en 2018, au Livre blanc de l’économie camerounaise publié en 2020 », souligne Célestin Tawamba.
Le Code présenté aux capitaines d’industrie à Douala le 31 mars n’a pas un caractère contraignant aux entreprises. Mais attention tout de même. « Le Gicam dispose d’un code éthique des entreprises mis à jour en 2022. Il a également édité une charte de partenariat PME /PMI et grandes entreprises et abrite même une commission de gouvernance éthique et RSE. Rassurez-vous, ces instruments sont utiles pour notre tissu économique. Le Code de bonne gouvernance des entreprises que nous laçons le sera autant. Il ne s’agit donc pas d’un texte destiné à échouer au fond du tiroir. Il n’en n’est pas question. Aussi, mettrons-nous tout en œuvre pour inciter les entrepreneurs à adopter et à se le réapproprier. Nous lui donnerons une force exécutoire morale et symbolique suffisante pour l’inscrire à juste titre dans la continuité de notre politique visant à renforcer les fondamentaux de notre environnement des affaires. Nous considérons ce document comme un moyen d’assurer la pérennité et la compétitivité de nos entreprises », confie le président du Gicam, qui fait remarquer que l’absence de transparence, le non-respect de la réglementation, le défaut d’indépendance entre autres sont des tares qui gangrènent l’entreprise camerounaise.
Le Code de Bonne Gouvernance a été dévoilé en présence de Frédéric Mbotto Edimo, Conseiller spécial numéro un du premier ministre chef du gouvernement et en présence de Thierry Marchand, ambassadeur de France au Cameroun. Pour lui, « le président [Macron, Ndlr] était sur le continent le dernier mois, une visite en Afrique centrale et nous sommes entrain de définir, d’expliquer plus en détail la façon dont nous souhaitons bâtir ce nouveau partenariat avec les pays africains. Cette initiative trouve sa bonne place, au bon moment, et je formule le vœu que le Code de bonne conduite puisse à la fois se décliner très rapidement au sein de la communauté économique du pays et puisse commencer à susciter de l’intérêt dans autres pays de la sous-région. »
Aloys Onana