Le ministère de l’Économie, de la planification et de l’aménagement du territoire (Minepat) examine dans un document de travail (N°01/2022) élaboré en mars 2022 et rendu public, les raisons qui pourraient sérieusement conduire à l’augmentation du prix du carburant à la pompe. Parmi celles-ci, il ressort que la Russie est le deuxième producteur mondial de carburant, et l’un des plus exportateurs de pétrole. Ce pays étant engagé dans une opération militaire en Ukraine depuis le 24 février 2022, ses exportations ont connu une forte baisse, question de privilégier son propre marché.
L’Ukraine quant à elle est le premier producteur mondial de maïs, le premier exportateur mondial de tournesol (utilisé dans la production d’huile et d’alimentation animale), le quatrième exportateur de maïs, et représente 18% des exportations d’orge. Ces deux derniers produits intervenant dans la production de bière.
En ce qui concerne le secteur des hydrocarbures, souligne à grand trait le Minepat, le Cameroun devrait, en raison de sa politique de gel des prix, connaître une hausse du soutien du prix du carburant à la pompe qui avait été évalué dans la Loi de Finances 2022 à 120 milliards de FCFA, pour un prix du baril estimé à 61 dollars. « Toutefois, le cours du pétrole brut qui a inauguré l’année 2022 à près de 77 dollars le baril, s’est inscrit dans une tendance haussière, et les spécialistes prévoient un niveau largement au-dessus de 100 dollars au terme de l’année 2022. »
S’inspirant des données de l’Institut national de la statistique, le Minepat dans cette étude pointe que « les répercussions de cette nouvelle crise sur l’activité économique au Cameroun sont à redouter. » En effet, le pétrole n’est pas le seul bien qui connaitra une forte inflation.
D’autres pans aussi stratégiques sont dans le viseur. « En plus des effets sur l’inflation, le Cameroun devrait également subir cette conjoncture défavorable du fait du ralentissement de l’économie mondiale et ses effets sur la demande extérieure, les difficultés d’approvisionnement et le renchérissement des prix de certaines matières premières, dont l’économie nationale est dépendante, à l’instar du pétrole brut, du blé, du maïs et des engrais. » « Au-delà des manifestations sur l’ensemble des secteurs, les branches qui devraient être directement affectées sont notamment celles des hydrocarbures, de l’agroalimentaire, de l’agriculture et de l’élevage. » Sur les étals, le kilogramme de la viande de bœuf sans os frôle désormais 3000 FCFA, loin des 2500 d’il y a quelques semaines. L’usine sucrière de Mbandjock est temporairement à l’arrêt depuis le 22 avril 2022. Raison évoquée par Emmanuel Castells, le directeur général, « des restrictions dans les livraisons de carburant qui nous ont emmené aujourd’hui à un niveau critique. » Cette entreprise consomme 25 mille litres de carburant par jour. Ce que son partenaire des hydrocarbures ne parvient plus à lui livrer.
Selon le Minepat, « les données provisoires de janvier 2022, montrent que l’inflation a atteint 3,3 % en un an à Yaoundé, et +2,9 % à Douala, après respectivement +1,5% et +2,1% à la période correspondante de 2021. Il faut davantage craindre cette hausse potentielle des prix domestiques d’autant plus que la contribution de l’inflation importée à l’inflation nationale est croissante depuis 2017. »
Aloys Onana