La pandémie du coronavirus fait de nombreux morts, toute la ville est touchée.
Dr Mbassa Ndine, le maire de la capitale économique a l’air grave, ce 29 mai 2020. « Nous pouvons dire sans exagération que l’heure est grave ! » C’est que, les données chiffrées de l’évaluation du plan de riposte au covid-19 (Douala Stop covid-19) sont, pour le moins, effroyables. Dr Jérémie Sollè, Coordonnateur de Douala Stop Covid-19 ne passe pas quatre chemins pour dire les choses telles qu’elles sont. Au 29 mai 2020, il est expliqué que 5 642 personnes ont été testées à Douala. 1 431 (25,36 %) sont positives. 65 personnels de santé se sont infectés (4,54 %), le nombre de décès confirmés au coronavirus 71 (taux de létalité globale 4,26 %). « Sur ces cas, cela veut dire que quand la personne est morte, il y avait le test covid-19 qui était positif. Egalement nous avons 62 décès que nous jugeons suspects, pour faire des tests il y a tout un faisceau d’arguments. En clair donc, 71 morts confirmés et une soixantaine de morts suspectes », explique Dr Jérémie Sollè, dont l’équipe a reçu 4 849 alertes, parmi lesquelles 4412 investigations sont en cours afin d’écarter celles qui sont bonnes de celles mauvaises.
Toute la capitale économique est touchée. Mais certains quartiers le sont plus que d’autres. Et des raisons pour le justifier sont soulignées. « Une grande densité à Douala 1er, Newbell, épidémiologiquement, c’est pratiquement la même chose. Dans certains districts donc, le problème se pose. Pourquoi ? Les gens disent que c’est la maladie des bourgeois, c’est faux. C’est parce que lorsqu’une personne célèbre décède, tout le monde est au courant. Mais quand la ménagère, la bayam sellam qui meurent tous les jours, on ne le dit pas. Une autre explication, c’est parce que c’est dans ces deux districts (Douala 1er, Newbell) que nous tous nous convergeons », observe Dr Sollè, pour qui Bonamoussadi fait également partie des zones de Douala les plus touchées. Les bars et autres boites de nuit sont pointés du doigt.
Mort aux 30 ans
Coronavirus a arraché de milliers de vies en Italie en l’occurrence. Et là-bas, l’âge moyen des décédés était de 70,5 ans. Des personnes âgées donc. Mais à Douala, c’est une autre réalité. « Nous nous rendons compte que l’âge le plus infecté se situe entre 30 et 39 ans. Les petits enfants avant 4 ans, il y a eu un cas, et jusqu’à 19 ans, l’épidémie est marginale et à partir de 29 ans, ça monte. Le nombre de morts suit le rythme des contaminés », martèle Dr Sollè. Qui explique le coronavirus évolue en trois phases. La première, est une grippe banale, c’est-à-dire vous êtes un peu fatigué, la deuxième, une grippe sérieuse, vous avez la fièvre, et il y a une troisième phase, auto hybride, où le virus n’est même plus présent, il y a un orage inflammatoire et à cette phase là, il y a attaque pulmonaire et la probabilité de survie diminue.
A ceux qui resteront sceptiques malgré ces données qui prouvent que la capitale économique du Cameroun est bien touchée par le covid-19, un message de l’équipe de Douala Stop covid-19 et des prescriptions. « L’épidémie n’est pas derrière nous ! Au contraire, elle est devant nous ! Et j’insiste encore pour dire que nous avons un enjeu, nous avons des systèmes de santé qui ont leur limite – même les plus grands systèmes de santé comme les USA n’ont pas réussi – la seule façon de nous en sortir est d’amplifier les mesures de santé. Elles sont trois : il faut laver les mains, il faut mettre le masque, il faut faire la distanciation physique. Les maires ont ajouté une quatrième, qui est la désinfection et le désengorgement des espaces. Il faut qu’on le rappelle à tous ! »
A.O