En l’espace de 72 heures, le gouvernement camerounais a vigoureusement préparé ses citoyens à embrasser un éventuel vaccin. Une option qui fait beaucoup de vagues dans l’opinion. Le monde entier ayant de la peine à avoir un vaccin qui soit vraiment efficace à cent pour cent. À cela s’ajoute une espèce de doxa, un savoir populaire qui soutient que le vaccin anti covid-19 rendrait stérile et donc réduirait le nombre de personnes dans le monde, tuerait à petit feu, en un mot, tout vaccin évoqué sur le covid-19 est regardé avec une bonne dose de suspicion.
Ce qui nécessite donc une préparation psychologique du pouvoir camerounais à ses administrés. Une négociation ferme et douce. Ainsi, le 3 mars 2021, au journal du 13h au poste national, le ministre de la Santé publique est le premier à évoquer publiquement le sujet alors que dans son adresse à la nation le 31 décembre 2020, Paul Biya conseillait le lavage des mains et des mesures barrières. « Nous maitrisons la situation comme c’est le cas maintenant. Si nous demandons à nos compatriotes d’être davantage encore beaucoup plus fermes dans le respect des mesures barrières, le port systématique du masque, ça veut dire qu’on va aplatir la courbe de l’épidémie et donc on n’aura pas besoin de vaccin. Mais si le risque devient plus élevé, on sera obligé de chuter vers le vaccin », soutenait Manaouda Malachie, ministre de la Santé publique (Minsanté).
De « Nous maitrisons la situation » affirmé quelques heures plutôt par le Minsanté, les choses ont radicalement changé, pour donner ceci. « Les statistiques actualisées indiquent que 34 887 patients ont déjà été guéris de cette maladie depuis son apparition dans notre pays. Cependant en l’espace d’une semaine, plus de 3000 nouveaux cas ont été enregistrés, faisant passer le nombre global de personnes testées positif au covid-19 à 38 988. Sur la même période 35 patients sont décédés des suites de cette maladie, ce qui porte le nombre de décès à 588 au total », soutient, dans l’après-midi du 5 mars 2021, Joseph Dion Ngute, Premier ministre, chef du gouvernement.
Et d’activer à son tour l’hypothèse d’un vaccin. Un vaccin un peu paradoxal. « Dans la perspective de renforcer notre dispositif de prévention, le chef de l’Etat a instruit le gouvernement d’engager des démarches auprès des organismes partenaires en vue de l’acquisition de vaccin contre le covid-19. Plus d’un million de doses seront disponibles à très brèves échéance. Lorsque ces vaccins seront mis à notre disposition, un plan de vaccination sera mis en œuvre sur la base du volontariat. » « Je voudrais préciser à ce sujet que même si la vaccination est volontaire et non obligatoire, le gouvernement encourage tous les camerounais à se faire vacciner le moment venu afin d’acquérir l’immunité qui permettra à la communauté de se prémunir contre le covid-19 et de retrouver une vie normale », a indiqué le PM.
En attendant, le ministère des Enseignement secondaires (Minesec) annonce ses couleurs sur le caractère obligatoire des tests covid-19. « Compte tenu de la recrudescence des cas testés positifs au Covid-19 ces derniers jours, (le Minesec) va faire subir des tests systématiques au covid-19 à tous les élèves, ainsi qu’à l’ensemble des personnels des établissements scolaires d’enseignement secondaire et normal, sur toute l’étendue du territoire national (…) l’accès dans les établissements scolaires sera conditionné par la présentation obligatoire d’un test récent négatif au Covid-19 », apprend-on d’un communiqué signé le 4 mars 2021 par Nalova Lyonga, patronne du Minesec.
Aloys Onana