La France propose la décentralisation
C’est la conviction d’un ministre conseiller à l’ambassade de France à Yaoundé.
La France ne s’est pas encore vraiment prononcée sur la complexe crise sociopolitique qui sème la zizanie dans le Nord-Ouest et Sud-ouest. Un bruyant silence qui attire l’attention des journalistes d’expression anglaise, regroupés au sein de la Cameroon association of english speaking journalists (Camasej).
Belle occasion donc pour eux d’inviter Philippe Larrieu, ministre conseiller à l’ambassade de France à Yaoundé. Les journalistes anglophones relèvent avec insistance le silence de l’hexagone, tout ce qui se confond à une complicité alors que les morts sont déplorés tous les jours, les déplacements internes ou externes, importants au fil du temps. La France est un peu acculée. Philippe Larrieu extériorise une idée qui couve dans les murs de l’ambassade de France à Yaoundé. « Non, la France n’est pas complice », se dédouane-t-il, invoquant le désir de voir le Cameroun résoudre ce problème inter camerounais.
A ce sujet, une idée est donnée. « La vraie solution ne pourrait pas venir des Etats Unis, de France, d’Allemagne etc. mais des Camerounais eux-mêmes », lâche ce diplomate. Sous peu, a-t-on apparis à Douala le 3 mai, un modèle – non archétypal- sera proposé au Cameroun en matière de décentralisation. « Nous allons recevoir votre ministre de la Décentralisation les jours à venir afin de lui montrer ce qui se fait en France. C’est vrai que c’est compliqué, car les ambazoniens veulent leur indépendance. Mais il n’y a pas de fin à ce conflit sans décentralisation », accentue le diplomate, qui invoque le cas kenyan où cela a marché. « Le gouvernement devra faire quelque chose de pertinent pour le transfert des compétences, le transfert des ressources. Que la décentralisation soit effective dans les Régions et les communes, que celles-ci soient autonomes. »
A chaque fois que ce problème de la décentralisation est exhumé, apparait en filigrane le devenir obscur des gouverneurs, eux qui sont si attachés à leurs privilèges. Quel pourrait encore être leur rôle ? « Les gouverneurs auront à voir, à contrôler si tout est correct, et non plus avoir la forte puissance qu’ils ont. Ces réformes devront être sincères. Les municipales devraient se tenir avant les régionales, je pense que les partis veulent cela. Mais que la décentralisation soit vraiment effective », chute Philippe Larrieu, qui, au passage, salue l’action des militaires qui, chaque jour, s’évertuent à rétablir la paix. La crise anglophone, selon International Crisis Group dans son rapport du 2 mai 2019, a déjà causé 1 850 morts et 530 mille déplacés internes.
A.O