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Crise des devises

by EDC
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Les coupables débusqués  

Les responsables indexés retiennent par devers eux 60 à 80 % des demandes de transfert.

Abbas Mahamat Tolli, le silencieux et hyper discret gouverneur de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC) est formel. Le débat sur la rareté des devises est à relativiser, sinon même, ne devrait pas exister. « A titre d’illustration, à fin mai 2019, les rétrocessions de devises ont atteint 1 376,1 milliards de FCFA pour les cinq premiers mois de l’année, contre 605,2 milliards de FCFA sur la même période de l’année précédente, en hausse de 127 %. De plus, le Compte d’Opérations a connu une forte hausse (+32 %) entre 2017 et 2018, passant de 2 552 milliards de FCFA  au 31 décembre 2017 à 3 360  milliards de FCFA à fin 2018 ; et à fin mai 2019, il s’est situé à 3 457  milliards de FCFA », soutient-il, mordicus.

Mais où est donc le problème qui a fait surgir le premier patronat du Cameroun, le Gicam ? En réalité, Célestin Tawamba a dénoncé un fait exact, qui a permis à la BEAC de vite comprendre les dessous du problème. C’est que, depuis la session du 24 mars 2019 tenue à Ndjamena, la conférence des chefs d’Etat de la CEMAC avait insisté sur l’impérieuse nécessité d’un strict respect de la réglementation des changes. Etaient alors particulièrement visées, les entreprises minières, pétrolières, toutes indexées de ne pas rapatrier les recettes d’exportation, malgré le rigoureux mécanisme mis en place. Pourtant bien apprécié par la BEAC. « La nouvelle réglementation des échanges est un instrument fondamental de la stratégie de sortie de crise arrêtée lors du sommet de chefs d’Etat du 23 décembre 2016 à Yaoundé. Son application stricte conditionne fortement la soutenabilité externe de notre monnaie à travers l’optimisation  des transactions financières extérieures, de manière à minimiser les entrées de devises provenant des activités légales », argue Mahamat Tolli.

Selon lui, en remmenant toutes les créations des comptes de devises à la BEAC et aux établissements de crédits, la stratégie vise à tordre le cou au blanchiment des capitaux, au financement du terrorisme, contribuer à la stabilité externe de la monnaie à travers une optimisation des transactions financières extérieures de manière à minimiser les sorties des devises non causées et maximiser les entrées de devises provenant des activités légales. Des mesures qui passent mal auprès des banques, qui favorisent les voies parallèles, tout en retenant illégalement par devers elles 60 à 80 % des demandes de transfert émises par les opérateurs économiques, et leur faisant croire que la BEAC  instauré les délais plus longs. Pourtant, explique le patron de la BEAC, les nouvelles mesures mises en place ont donné des résultats probants, « caractérisés par une très forte réduction des délais de traitement des dossiers de transferts aux services centraux. » Ceux-ci  étaient en moyenne de 20 jours. Depuis la création de la cellule en octobre 2017, ce délais est passé à 1 journée, assène Mahamat Tolli.

La rencontre avec les entreprises extractives, les banques, les mouvements patronaux  etc. à Douala le 4 juillet a permis de prendre des mesures fortes, pour que l’ordre revienne de manière immédiate et plus ample. Primo les banques – et elles se sont engagé à le faire – doivent rétrocéder leurs avoirs extérieurs et dans les brefs délais le volume des devises mises à leur disposition par la BEAC, sinon une sanction pécuniaire de 5 % du montant des avoirs qu’elles détiennent à l’extérieur leur sera infligée. D’ailleurs selon le Fonds monétaire international, ces avoirs tutoient un volume de 3000  milliard de FCFA.

Secundo, comme mesure forte à mettre en place immédiatement,  les banques ne seront plus les seules à avoir les coordonnées des importateurs et autres entreprises passant des commandes aux fournisseurs commerciaux et transfert à l’international. La BEAC devra avoir le même fichier, afin que chaque opérateur soit directement saisi afin qu’il sache le sort qui aura été réservé à une demande émise.

Les comptes de devises sans autorisation demeurent interdits sans autorisation préalable de la BEAC. Cela « constitue une entrave au principe de centralisation des devises à la BEAC et un moyen insidieux de spéculation contre notre propre monnaie. » La BEAC annonce une restriction forte des demandes d’importation de billets étrangers (achat des devises par les banques). Le but ici est d’éviter une double circulation fiduciaire dans la CEMAC, lutter contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, limiter la détention des billets étrangers aux stricts besoins de voyage.

Roger Powell Messassa

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