De nombreux marchés publics abandonnés
Ceux récemment dénoncés sont dans le département d’origine de Paul Biya.
L’abandon des chantiers publics se vit par tout au Cameroun. Ainsi, dons son édition du 13 mars, le quotidien gouvernemental Cameroon Tribune ressort des marchés abandonnés dans le département du Dja et Lobo. Les liste des projets abandonnés ainsi que les entreprises jadis désignées pour leur exécution est de la délégation départementale du ministère des Marchés publics (Minmap) du Dja et Lobo. Il s’agit des projets de l’année budgétaire 2016.
Des entreprises démissionnaires, l’on pointe du doigt les établissements KBR qui étaient chargés de la construction d’un bloc de huit boutiques jumelées et six blocs latrines au marché de la ville de Mintom. A date, les travaux effectués affichent un taux d’exécution physique de 45%. Selon les observations de la délégation départementale du Minmap, « le premier décompte émis avait été payé 4 mois après. L’entreprise ne s’est pas mobilisée sur le terrain après. La procédure de suspension a été engagée. »
Dans le même ordre d’idées, les établissements A.G.A n’ont exécuté que 5% des travaux de construction d’un logement d’astreinte avec bloc latrine à l’école publique de Nkolfong. Selon les responsables départementaux du Minmap, l’entreprise a « abandonné le chantier après les travaux des fouilles et bétonnage des semelles. »
Retenus pour la construction d’un bloc de deux salles de classe au lycée bilingue de Djoum, les établissements Desgn n’a rien entrepris sur le terrain. A en croire la représentation du Minmap dans le Dja et Lobo, « une fois le marché passé en 2016, le processus de contractualisation a abouti en 2017 et l’entreprise après mobilisation sommaire, a abandonné le chantier sous prétexte que les fonds n’avaient pas été sauvegardés. Suite à ce constat d’abandon, le crédit a été réactualisé par le ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire. »
Avec 0% du taux d’exécution physique des travaux d’achèvement de la délégation de l’Eau et de l’Energie du Dja et Lobo dans la ville de Sangmélima, les établissements Sonia bouclent la liste des entreprises ayant abandonné des chantiers dans le département d’origine de Paul Biya.
D’après une étude publiée en 2017 par le centre de recherche Camercap-Parc, l’abandon des chantiers est la conséquence de plusieurs facteurs dont l’insuffisante évaluation des coûts, la distance géographique et la rareté des matériaux de construction. Si l’on s’en tient à Cameroon Policy Analysis and Research (Camercap-Parc), le rapport 2015 de la brigade des contrôles du Minepat sur l’exécution physico-financière du BIP pour les exercices 2013-2014 révèle que les projets à gestion déconcentrée connaissent le plus grand nombre de chantiers abandonnés par rapport à ceux à gestion centrale.
D’autres raisons sont avancées pour justifier ce phénomène qui n’est pas nouveau. Parmi elles, l’insuffisance de l’évaluation des coûts du projet, la non prise en compte des distances géographiques des lieux d’exécution des projets, les difficultés d’accès aux différents sites de réalisation de projets, la rareté des matériaux de construction et autres intrants dans les lieux de réalisation des projets.
En outre, l’étude publiée en avril 2017 note que l’essentiel des projets abandonnés se trouvent davantage en zone rurale qu’en zone urbaine, et concernent pour la plupart les infrastructures sociales. Il importe donc d’après Camercap-Parc de prendre en compte la dimension géographique des projets pendant leur maturation.
Powell Toukam
