La banque au service de l’émergence
Les banquiers d’Afrique veulent financer le développement. Les politiques exigent leur mise à jour.
Financer l’économie est de manière congénitale incorporée à la banque. Sauf que sur le terrain, il y a un gap énorme entre cette mission et les engagements que prennent très souvent les banquiers, prompts à financer les grandes entreprises et laissant sur le bas-côté les petites et moyennes entreprises. Ainsi, la dernière session d’Africa banking forum veut qu’il y est un changement de paradigme.
Cette transmutation est « nécessaire », sinon « obligatoire » selon les banquiers qui s’appuient ainsi sur la percée de la digitalisation et des potentialités du continent. Pour le cas du Cameroun, les acteurs économiques veulent voir des banques disposées à financer l’agriculture – le pays compte en moyenne 6 millions de terres cultivables et importe un peu de tout. La faute, en partie aux banques. « Le faible taux de bancarisation est la conséquence de l’inadéquation entre les besoins des clients et les services proposés par les banques. Si l’on prend par exemple l’agriculture, les offres ne sont pas adaptées aux besoins des clients », Pierre Kam, secrétaire général de l’Apeccam, une plateforme qui regroupe des banquiers locaux.
Il faudrait donc, pense-t-il, que la banque moderne qui doit contribuer à l’émergence revoit ses méthodes. Parmi celles-ci, la digitalisation. Elle fait encore ses premiers pas. « L’Etat veuille à la crédibilité de ce système. Il y a une réglementation qui veut que tous les montants supérieurs à 100 mille le soient dans un compte bancaire. Nous savons ce qu’il faut faire avant décembre 2019 », se défend Gilbert Didier Edoa, secrétaire général du ministère des Finances (Minfi).
L’Africa banking forum invite toutes les banques africaines à se mettre résolument sur le numérique. Les avantages, soutiennent les experts sont nombreux. La traçabilité des opérations est garantie, le financement du terrorisme prend un coup, la transparence dans les mouvements financiers est assurée.
« Les bienfaits du numérique sont divers, l’on peut payer des frais scolaires des enfants etc. Les parents veulent le faire sans empiéter sur leur temps de travail, sans obérer sur leur temps de recherches. Ils en ont marre aussi des queues à la banque ou des formalités scolastiques existent, il faut savoir remplir les procédures, les formulaires. Donc, le mobile a mieux répondu à cela et c’est pour cela que nous pensons que la digitalisation est un avenir certain pour briser le fossé qu’on déplore entre ceux qui craignent d’aller à la banque et ceux qui peuvent y aller très aisément », observe Valentin Mbozo’o, directeur général du Groupement interbancaire monétique de l’Afrique centrale (Gimac).
E. N