Son entreprise porte le deuil. Ses successeurs devront tout faire pour aller au-delà de ce qu’il a construit de ses mains.
“Suite au décès du PDG de FINEXS Voyages, nous vous informons, aimable clientèle, de l’arrêt de nos activités pour la journée du 19 /03/21”, lit-on sur les agence de cette entreprise, construite des mains de maitre par Felix Etoundi, rappelé à Dieu la veille.
Cette entreprise est entrée dans les habitudes des voyageurs de l’axe Douala-Yaoundé et s’est imposée, au point d’être vue par certains comme une espèce de ‘’ Road Force One’’. Sa flotte totalise 70 autobus et lui donne d’être le numéro un dans le transport inter urbain entre les capitales économiques et politiques du Cameroun.
Né à Metet, Région du Centre, en 1967, Edmond Felix Etoundi était un patron entêté et déterminant, qui savait rester focus sur un objectif à atteindre. Sorti de l’université en 1990 nanti d’un BTS en gestion d’entreprises, le jeune diplômé caresse l’espoir de créer son entreprise. Malgré les concours administratifs présentés parallèlement, il se lance d’abord dans la petite entreprise. Ce qui se matérialise par le transport clandestin – le célèbre clando- qui du fait des villes mortes d’alors, emmenait les coûts de transport à être exorbitants : Douala-Edea, qui coûte actuellement 1000 FCFA, se payait alors à 4000 francs. Tandis que, au sein de la capitale économique, partir de Bonamoussadi pour Bonanjo, nécessitait 1000 francs, un trajet qui se paie à 500 francs actuellement.
Le président directeur général de Finex’s vit donc ces réalités et constate que le transport clandestin est une mine de potentialités. Mais reste sous exploité, alors que la demande est forte, au fil de l’augmentation de la population et de l’accroissement des mouvements humains. 1996 s’avère être « une année bénie ». Edmond Félix Etoundi est admis au concours d’entrée à l’Ecole militaire interarmes (EMIA). Une école hautement sélective au regard de l’avenir en or de ses promus.
Seulement, la même année, ce père de 05 enfants est prié de rejoindre les rangs de la Société pétrolière Mobil oil, où le poste de comptable l’attend. Le choix est vite fait. Le dos est tourné à la tenue militaire, qui ne lui aurait pas permis de penser à l’entrepreneuriat. Ainsi, pendant qu’il travaille comme comptable, ce Chevalier de l’ordre de la valeur fait fonctionner deux véhicules sur l’axe Douala-Edéa. Arrive 1998. Année au cours de laquelle Mobil oil l’affecte à Garoua, dans la Région du Nord, pendant que sur la route, le comptable compte déjà trois petites voitures dédiées au transport entre Douala et Edéa.
La distance crée des écarts dans la gestion quotidienne, alors que Edmond Felix Etoundi rêve encore plus grand, ayant sous les yeux les retombées du transport clandestin. Il établit donc un pont avec Buca Voyages, convaincu « qu’on est quelqu’un derrière quelqu’un ». Buca voyages est alors le leader incontesté du transport entre Yaoundé et Mbalmayo, Douala-Yaoundé. Le PDG de Buca voyages accepte de le coacher, jugeant le dynamisme du jeune appréciable. C’est Buca voyages qui servira une caution de 10 millions de FCFA à Cami Toyota, car le jeune Etoundi veut acquérir un autobus et prend l’engagement d’éponger le reste- 28 millions de francs- par diverses échéances. Ce véhicule intègre la flotte de Buca voyages. Neuf mois durant, toutes les recettes de cet autobus seront reversées à Cami Toyota. La dette est épongée. Ce qui donne encore plus de courage Edmond Félix Etoundi. Qui acquiert un second autobus, par le même mécanisme en 1999. Cette fois, dix mois suffisent pour régler la dette.
En 2002, affecté à Yaoundé en qualité de Délégué régional pour le Centre et le Sud pour son employeur, Félix Edmond Etoundi est désormais à côté de ses deux autobus. C’est le temps d’Œdipe. Mais ici, avec l’accord du « père », qui accepte que le fils s’émancipe. Les deux autobus sont donc retirés de la flotte de Buca voyages. La Société Finex’s voyages est créée.
En 2006, la boite commence véritablement à évoluer. L’on dénombre quatre autobus. Edmond Félix Etoundi démissionne de Mobil oil et se consacre entièrement à sa société de transport inter urbain. Parallèlement, il acquiert à la Magzi un bail emphytéotique sur un espace d’un hectare à Mvan à Yaoundé où est construite une agence moderne. C’est le siège même de Finex’s. à Douala, un lourd investissement est fait au lieudit ‘’Douche municipale’’, où une surface de 2000 m² permet à ses clients de s’acquitter des modalités de voyage, dans des conditions plus modernes.
Les visiteurs du soir de ce patron peu bavard, qu’on décrit comme un homme généreux et discret soufflent un prêt bancaire de 4 milliards de FCFA, des fonds qui lui permettent de donner plus d’élan à sa boite, et de toujours rester comme le premier repère, lorsqu’un voyageur veut partir de Douala pour Yaoundé, ou dans le sens contraire. En interne, l’on pointe la mise en place d’un système de contrôle à distance des bus par GPS, le renouvellement de la flotte, la mise en place du tracking pour lutter contre les surcharges.
Pour de nombreux clients de cette entreprise, les successeurs de Félix Edmond Etoundi devront garder la dragée haute. Achever les travaux en cours actuellement à l’agence de Douala et donner plus de puissance à cette entreprise vieille de 18 ans d’âge.
Suite au décès du PDG de FINEXS Voyages, nous vous informons, aimable clientèle, de l’arrêt de nos activités pour la journée du 19 /03/21″, lit-on sur les agence de cette entreprise, construite des mains de maitre par Felix Etoundi, rappelé à Dieu la veille.
Aloys Onana