Toute la grande élite de la Vallée du Ntem (Sud Cameroun) va se retrouver samedi 8 aout prochain autour du préfet en poste dans ce département. Au centre des discussions, une rocambolesque affaire de 66 000 hectares de forêt. Une surface que le milliardaire Emmanuel Néossi dit avoir acquise. Par quel moyen ? Les chefs de villages du département, la main sur le cœur, indiquent n’avoir pas été consulté. « Au début c’était du bouche à oreille. Jusqu’au jour où nous avons eu toutes les preuves que c’est un homme d’affaires de l’Ouest qui a acquis cette surface », souffle une autorité locale.
Le courroux de la population de la Vallée du Ntem porte sur trois griefs. Emmanuel Néossi n’a pas signalé sa présence. Pire, après avoir eu la surface qu’il convoitait, les chefs traditionnelles et les autres villageois ont juste eu des effluves de ripailles qui ont lieu en brousse, où le PDG de Neo Industry – une entreprise qui transforme les fèves de cacao en chocolat- a rassemblé « les siens ». Aucun ressortissant de la Vallée du Ntem n’était à cette fête sous les hauts arbres de la localité.
Autre grief, le lieu de construction de l’usine Neo Industry. Bâtie à Kékem – Ouest Cameroun- « pourquoi n’a-t-il pas jugé utile de venir ériger cette entreprise chez nous ? Il s’agit d’une forme grossière de nous exploiter. Les champs, au Sud, et les bureaux climatisés et autres retombées plus bénéfiques, à l’Ouest ! Non ! C’est injuste ! C’est pareil avec le patron de Bocom qui vient exploiter les minerais au Sud, et une école appropriée qu’il a construite pour ces richesses, basée à l’Ouest ! Il faut que cela cesse ! »Gronde une voix autorisée de la Vallée du Ntem.
Les habitants sont donc très en colère et soupçonnent certaines de leurs élites d’être de mèche avec Emmanuel Néossi. Le préfet a déjà perdu le sommeil du fait des récriminations et des mots de malédiction. Samedi s’annonce être un grand jour où « tout devra être dévoilé et si possible, les têtes ayant orchestré cette mascarade, coupées », s’étrangle un fils du coin. Le service de communication du mis en cause hésite encore à se prononcer sur ce sujet.
Aloys Onana