Le chef de l’Etat reste convaincu que les échanges économiques avec cette partie du monde sont très capables de donner un nouveau souffle au Cameroun.
Les vœux du chef de l’Etat au corps diplomatique accrédité au Cameroun constituent un moment idéal pour avoir la perception de Yaoundé sur la marche du monde. Qu’il s’agisse des questions sécuritaires que celles économiques, Yaoundé donne son point de vue – certes avec un zeste de langage diplomatique, donc policé – mais aussi avec beaucoup de fermeté.
Pour 2019, Paul Biya a fait le tour du globe le 9 janvier. Mais un aspect interpelle ce leader dont le pays importe un peu de tout, jusqu’aux biens pouvant être produits localement. La rencontre avec l’occident semble décevoir l’homme du 6 novembre 1982, dont le septième septennat porte sur les « grandes opportunités ». Celles-ci semblent avoir un lien solide avec la partie asiatique. « Pour un pays comme le Cameroun, exportateur de matières premières dont les cours sont fixés sur les marchés étrangers, il serait sans doute indispensable, comme j’ai eu souvent l’occasion de le dire, de réduire sa dépendance vis-à-vis de l’extérieur. Il conviendrait, en effet, de procéder à une première transformation de la production, de développer le secteur industriel pour réduire les importations, de stimuler les échanges qui demeurent notoirement insuffisants au sein des ensembles régionaux et prospecter de nouveaux marchés dans le reste du monde. »
En réalité, après avoir déclaré à l’orée des années 1988 en Allemagne que le Cameroun n’était la chasse gardée de personne, Paul Biya a tout de même maintenu des relations économiques particulières avec l’Europe. Pendant ce septennat dédié aux opportunités, le dos ne sera pas entièrement tourné « au vieux continent », le Cameroun s’efforcera de développer autant que possible ses échanges avec l’Union européenne. Mais, « nous poursuivrons une politique active de coopération économique avec la Chine où je me suis rendu en mars dernier, en visite d’Etat, et en septembre, pour assister au forum de coopération Sino-Afrique. Ces visites ont confirmé la participation importante de ce grand pays ami à nos projets de développement. »
L’empire du Milieu, malgré sa distance et ses diverses barrières telles la langue et les divergences diplomatiques entre certains Etats de cette partie du monde, constitue aux yeux de Paul Biya le levier sur lequel il faut désormais s’appuyer. « Nous saisirons toutes les opportunités qu’offrent nos excellentes relations avec le Japon et le République de Corée. »
Un penchant qui ne signifie pas que le chef de l’Etat perd de vue les dissensions qui caractérisent l’Asie, ainsi que l’Europe car, reconnait-il, l’Union européenne n’échappe pas aux pulsions nationalistes, le Brexit a ses conséquences, tout comme la zone Asie est traversée par des courants contraires.
Aloys ONANA
Pour comprendre
- Selon l’Institut national de la statistique, les importations camerounaises en 2016 sont les suivantes :
- Chine, 19,4 %
- Nigeria, 12,1 %
- France, 10, 3 %
- Les exportations la même année indiquent : Pays-Bas, 16,3 %
- Inde, 15,6 %
- Chine, 12, 5 %