Le 22 mars 2022, le ministre des Finances (Minfi) Louis Paul Motaze a publié les nouvelles valeurs minimales imposables à l’importation de certaines marchandises sur l’étendue du territoire camerounais. Renouvelables semestriellement, le but, non reconnu de manière dévoilée de cette décision (N°000248/Minfi/DGD) est de doper les recettes de la direction générales des douanes (DGD).
Des téléphones aux couches jetables en passant par les pâtes alimentaires, allumettes, carreaux etc. les importateurs devront désormais largement délier les cordons de leur bourse pour dédouaner leurs conteneurs.
A titre illustratif, les importateurs de téléphones portables devront désormais s’attendre à plusieurs scénarios. Les téléphones portables « simples » dont les caractéristiques portent sur l’émission et réception d’appels, SMS, jeux, payeront 3000 francs par pièce bas de gamme, 10 mille francs pour les moyens de gamme. Les téléphones multi média (appareil photo, vidéo, musique, connexion internet, connexion ordinateur, écran tactile) nécessiteront désormais 15 mille francs par pièce bas de gamme, 25 mille francs par pièce moyen de gamme. Les smartphones quant à eux, vus par le Minfi comme de véritables ordinateurs de poche (multifonctionnalités, téléchargement d’application, clavier étendu) nécessiteront 25 mille francs par pièce bas de gamme, 75 mille francs par pièce moyen de gamme, 100 mille francs par unité haut de gamme et 200 mille francs par pièce super de gamme.
Dans la décision du Minfi, les importateurs de couches jetables débourseront 15 millions de FCFA par conteneur de 40 pieds, 2000 francs par kilogramme. Le carton d’allumettes de 100 boites va se dédouaner à 15 mille francs, 21600 francs pour un carton de 144 boites. Le papier hygiénique, 8 millions de FCFA par conteneurs de 20 pieds.
Les importateurs de carreaux (faïence pour mur) verseront à la douane 5 millions de FCFA pour un conteneur de 20 pieds, 6 millions (carreaux pour sol) pour un conteneur de 20 pieds, 7 millions pour un conteneur de 20 pieds (granite, marbre).
Le conteneur (20 pieds) se dédouanera à 30 millions, (1250 francs par kilogramme), les conserves de sardines à l’huile végétale, la douane demandera 25 millions de FCFA par conteneur de 20 pieds (1045 francs par kilogramme). Le Cameroun importe également de la bière, bien que le pays dispose de trois entreprises brassicoles. Ainsi, les importateurs débourseront 7000 francs pour un carton de 24 pièces (50 cl), et 5000 francs pour un carton de 24 pièces (33 cl).
Les produits cosmétiques (laits, crèmes, pommades, défrisant, gels), le conteneur de 40 pieds se dédouane à 40 millions et celui de 20 pieds, à 20 millions.
Pêlemêle, le kilogramme de pâtes alimentaire se dédouanera à 650 francs, les poivres, 12 mille francs par kg, l’huile de palme brute, 1500 francs par kilogramme, tourteaux et autres résidus solides, 800 francs par kilogramme. La note du Minfi n’épargne pas la brocante, le sucre raffiné, des jus, détergents, sacs en papier kraft, profilés et autres accessoires en aluminium. A ce sujet, les importateurs débourseront 20 millions de FCFA pour un conteneur de 20 pieds et 35 millions de francs pour un conteneur de 40 pieds. « Le directeur général des douanes est chargé de l’application de la présente décision qui abroge celle n°253/Minfi/DGD/ du 17 mars 2020 fixant les valeurs minimales imposables applicables à l’importation de certaines marchandises », souligne le Minfi.
Contactées, certaines voix autorisées de la DGD n’ont pas souhaité commenter ces impositions. Mais indique-t-on, le prix de vente de nombreux produits sur le marché connaitra bien une flambée.
En rappel, le volume des recettes douanières a doublé entre 2007 et 2018, passant de 401 milliards de FCFA à 803, 2 milliards de FCFA. Entre 2020 et 2021, les recettes douanières collectées par la DGD ont progressé de 20 % en valeur relative et de 143,2 milliards de FCFA en valeur absolue. En clair, selon les données de la douane, ces recettes sont passées de 707,8 milliards de FCFA en 2020 à 851 milliards de FCFA en 2021. Le Minfi veut voir une progression des recettes douanières de +2 % entre 2019 et 2022. Depuis mi 2021, le Cameroun connaît une inflation qui pourrait avoir plus de tonus en 2022.
Aloys Onana