Le fondateur, directeur général de l’Institut Universitaire et Stratégique de l’Estuaire (IUEs / INSAM) invite les nouveaux bacheliers en l’occurrence à mieux se projeter pour ne pas chômer demain.
Vous avez récemment organisé des journées d’orientation au sein de votre campus. Quel message vouliez-vous passer a lorsque depuis le secondaire, certains savent peut-être la voie à emprunter une fois à l’université ?
C’est une évidence. Les gens qui viennent d’avoir le baccalauréat vont amorcer une traversée du désert. Quand vous la commencez, vous ne savez pas ce qui vous attend devant. Et eux qui viennent de passer le baccalauréat, ils vont entamer l’après baccalauréat qui va durer, 50, 60, 70 ans. Ils vont organiser leur vie dans le futur. Ils vont s’inscrire à l’université. Choisir de s’inscrire dans une filière ou dans une autre, c’est déjà une orientation. Et quand il choisit de s’inscrire dans cette filière, il démissionne de toutes les autres filières d’office. Je prends l’exemple, si son père a une plantation de café, il opte de ne pas étudier les champs de son père (l’agriculture) mais d’aller faire littérature moderne, vous comprenez que ce monsieur a décidé de ne pas être ingénieur agronome pour s’occuper des plantations de son papa. Celui-ci ne le doit pas le regarde d’un bon œil, parce qu’il sait que son fils refuse de s’occuper de ses plantations. S’il y a un petit frère qui s’intéresse à l’agriculture, c’est celui-là qui aura l’estime de papa. Donc, faire des études sans projet professionnel est un danger.
Est-il encore nécessaire selon vous d’avoir une licence en philosophie, anthropologie, sociologie au moment où l’esprit entrepreneurial domine de plus en plus les jeunes ?
Bien sûr. Notre société a besoin de tous ces génies dont vous parlez. Je prends un exemple. Le Cameroun traverse actuellement une période très difficile. Ce ne sont pas des ingénieurs qui vont nous orienter sur les chemins à prendre. Ce sont les sociologues, les philosophes, les politologues qui vont nous dire, attention, organisez le dialogue inclusif pour que notre pays ne soit pas transformé en un champ de batailles. Nous avons besoin de ces sociologues, anthropologues, de ces philosophes. De la même manière, nous avons besoin d’ingénieurs spécialistes en pétrole pour aller nous sauver la SONARA, nous avons besoin d’ingénieurs agronomes avertis pour sauver nos plantations de cacao et de café entre autres au Sud-Ouest et au Nord-ouest, nous avons besoin de tout ce monde. Les uns ne peuvent pas remplacer les autres, à chacun sa destination et ses prérogatives.
Jetons un coup d’œil sur les programmes scolaires du Cameroun. Sont-ils en adéquation avec l’évolution du monde moderne où la technologie évolue à une vitesse vertigineuse ?
Oui, pour une simple raison, nous avons besoin de toutes les compétences anciennes et nouvelles pour bâtir le Cameroun. Si vous bâtissez le Cameroun en fonction de ce que nous avons actuellement comme besoin, on n’oublie ce qui nous attend. C’est un peu comme à l’époque du président Ahidjo, on se comportait comme s’il n’y aurait pas cette époque ci. On ne va pas cesser d’exister parce que le besoin immédiat n’est pas là.
Est-il encore capital de faire l’école au moment où les sportifs, les footballeurs par exemple gagnent plus d’argent que ceux qui ont été à l’école ?
Depuis quand les footballeurs gagnent plus d’argent que ceux qui ont été à l’école ? Après combien de temps ? Ils vont en retraite à 30 ans. Qu’ils s’appellent Benzema, Eto’o, Drogba etc. ils vont en retraite à 30 ans. J’ai quel âge ? Le double de ces 30 ans, me voici en activité. Dieu ne crée pas l’homme pour les quelques jours où il peut gagner de l’argent. Non ! Le Cameroun a besoin de ses jeunes dans d’autres domaines. Eto’o est allé en ‘’retraite’’, pour autant est-il allé dormir au village ? Il continue à se battre sur d’autres terrains. Donc ce n’est pas parce que l’école est finie, le besoin de l’argent est fini, qu’on ne devrait pas continuer à se battre.
Quelles raisons avancer à étudiant pour qu’il vienne s’inscrire à l’institut de l’Estuaire ?
Il faut qu’il vienne car, en dehors du diplôme classique, licence, master, doctorat où nous apprenons comment conjuguer les verbes, gérer les cosinus et les sinus, nous leur apprenons aussi à gagner leur vie. La gagner comment ? Nous disons, à côté du diplôme classique qui est entrain d’être dévalué, la licence, master doctorat ne donnent plus l’emploi aux jeunes. Les complétements des diplômes, oui. Or, les compléments des diplômes dont je parle c’est quoi ? Ce sont des certifications délivrées par les Américains et les Indiens. Ce n’est pas tout. Il y a tellement de nouvelles filières, de nouvelles façons de faire, de gagner sa vie. L’avantage que l’enfant a à venir s’inscrire à INSAM, permettez-moi de le dire, ici, on ne s’arrête pas à la licence, master, doctorat, on l’aide à ménager sa monture pour qu’il aille plus loin. C’est-à-dire faire des certifications, faire un projet professionnel, ce qui va emmener à répondre à une autre question, qui suis-je ? Quels sont mes atouts ? Quels sont mes points faibles ? Dans quel domaine je peux exploser ? Dans quel autre il ne faut pas que je m’amuse ? Comment je peux gagner ma vie ? Nous répondons à ces questions ici. Les Indiens sont là pour nous aider à répondre à ces questions. Les Américains sont là pour nous aider. J’ai été à Yaoundé, j’ai obtenu que le ministre de l’Emploi et de la formation professionnelle nous aide à contresigner ces certifications délivrées par Microsoft, Sis quo et Campus tech ( qui fait dans la télé médecine) de l’Inde pour que le jeune Camerounais découvre que ce n’est pas du bluff, mais du sérieux. Si un enfant à ces certifications sus-indiqué, il ne pourra pas rester à la maison chômer.
Propos recueillis par
Aloys onana