Par Aloys Onana
Depuis le 6 novembre 2024 dans la matinée, les États Unis ont leur 47e président. Donald Trump. Un habitué de la Maison Blanche, qu’il a occupée de 2016 à 2020. Le monde a une fois de plus retenu son souffle. Des camps se sont formés en occident, Asie, Amérique latine, voire en Afrique. C’est que, la politique étasunienne a des retentissements jusqu’aux confins de la terre. Presque personne n’est à l’abri de certaines grandes décisions prises à Washington. La démocratie américaine est admirée, honnie aussi, mais toujours scrutée, secrètement appréciée.
S’il y a deux éléments qui symbolisent cette démocratie, c’est l’alternance très souvent paisible, souvent aussi mouvementée, mais à la fin, le calme revient, comme ne s’était rien passé. Personne n’enchaine 10, 20, 30, 42 ans à la tête des USA, comme cela est la règle dans des pays subsahariens.
Pour comprendre cette force morale, ce respect scrupuleux de la constitution qui a souvent été amendée sans faire sauter le verrou de la limitation des mandants, il faut remonter à George Washington, Premier président des USA. En fonction de 1789 à 1797. Soit deux mandats pour un total de 7 ans, 10 mois, et 2 jours. Militaire, planteur, fils d’un planteur, cet homme qui arrive au pouvoir à 57 ans fera deux mandats. Juste deux mandats.
Au cours de son premier mandat (1789-1793), soit 4 ans, le président œuvre pour rendre le pouvoir exécutifet l’administration fédérale plus solides. Pour cela, il rassemble autour de lui une équipe d’hommes qui se sont illustrés pendant la révolution : Alexander Hamilton s’occupe du département du Trésor, Thomas Jefferson est son secrétaire d’Etat Henry Knox, son secrétaire à la guerre, Edmund Randolph à la Justice et John Adams son vice-président, James Madison est l’un de ses principaux conseillers.
En septembre 1796, avec l’aide d’Alexander Hamilton, Washington écrit, à 64 ans, son discours de fin de mandat qu’il adresse à la nation américaine et dans lequel il avertit des dangers des divisions partisanes. Le document préconise la neutralité et l’union du pays et annonce la doctrine Monroe, qui interdit l’intervention de l’Europe dans les affaires des Amériques, des USA.
Sur le plan institutionnel, il appelle au strict respect de la Constitution. Washington quitte la présidence en mars 1797 et est remplacé par John Adams, son vice-président. Il établit ainsi la coutume d’un maximum de deux mandats qui devient une règle constitutionnelle fixée par le 22e amendement voté en 1947. C’est sous la présidence de Washington que naissent le parti républicain –démocrate.
Ce bref rappel historique de la politique étasunienne pour dire que, depuis le départ du pouvoir de Georges Washington, aucun président n’a jamais voulu piétiner la mémoire du Père fondateur de la démocratie américaine. L’honneur revient ainsi à celui-là qui aurait pu, à 64 ans, rester encore à la tête du pays, alors que les appels émanaient de toutes parts pour qu’il reste encore à la tête du pays.
C’est grâce au peuple américain, à son courage, à sa probité, à son attachement à l’éthique que cette tradition de deux mandats, rien de plus se perpétue. Au plaisir de tous ceux-là qui, dans les temps modernes, sont véritablement épris de démocratie. Pas ceux-là qui font voler en éclats la loi fondamentale pour s’accrocher au pouvoir, même lorsqu’ils font recours à la canne, au déambulateur, à la chaise roulante etc. parce que leurs forces les ont abandonnés, pendant que le pays qu’ils « gouvernent » marche à reculons.