Le rapport sur l’Indice de l’industrialisation en Afrique (AII) rendu public le 25 novembre 2022 passe au crible (de 2010 à 2021) 37 économies sur les 52 qui sont membres de la Banque africaine de développement (Bad). Le travail consiste à déceler les pays qui, à la période en étude, ont connu, sur la base de 19 critères, des avancées notables sur le plan industriel.
Les experts ont pris en compte les performances manufacturières, le capital, la main-d’œuvre, l’environnement des affaires, les infrastructures et la stabilité macroéconomique. Trois autres axes servent de base : les déterminants directs et indirects. Les déterminants directs comprennent les dotations en capital et en main-d’œuvre et la manière dont elles sont déployées pour stimuler le développement industriel. Les déterminants indirects comprennent les conditions environnementales favorables telles que la stabilité macroéconomique, des institutions et des infrastructures solides.
Au terme, l’étude classe les meilleurs élèves, qualifiés ‘’ Supérieur’’. « L’Afrique du Sud a conservé un classement très élevé tout au long de la période 2010-2021, suivie de près par le Maroc, qui occupait la deuxième place en 2022. L’Égypte, la Tunisie, Maurice et Eswatini complètent le top six sur la période », constate la Banque, qui aligne le Sénégal dans le rang ‘’Supérieur’’. Derrière ceux-ci, se trouvent les économies appelées ‘’Moyen supérieur’’. Ici se trouve l’Algérie, le Gabon, la Côte d’Ivoire, le Benin, la Guinée Equatoriale, l’Ouganda, le Botswana, la République démocratique du Congo, entre autres.
Après, se trouvent des économies qualifiées ‘’Moyen’’. Ici se bousculent le Cameroun, le Togo, la Lybie, l’Ethiopie, le Cap Vert, les Seychelles, la République du Congo, le Mozambique. Dans cette étude, l’on peut aussi mesurer les dégâts de la guerre en Lybie. « L’Algérie et la Libye, qui faisaient partie du quintile supérieur, [l’ont quitté] pour rejoindre le quintile moyen supérieur et moyen respectivement la Mauritanie se situe dans le quintile inférieur. L’Afrique du Sud est le seul pays d’Afrique subsaharienne à obtenir des résultats meilleurs que ceux des pays d’Afrique du Nord. »
Un rapide aperçu est fait en fonction des blocs économiques du continent. La Banque point que, pour le cas de l’Afrique centrale par exemple, le Gabon est premier en matière d’avancée industrielle, suivi de la Guinée Equatoriale, la République démocratique du Congo (quintile moyen supérieur), le Congo et le du Cameroun (quintile moyen). « Ces pays se caractérisent essentiellement par la solide performance de leurs secteurs manufacturiers par rapport à ceux des autres pays. » Mais le Tchad, la RCA sont dans la branche des économies ‘’Inférieur’’, qui engloble les derniers du classement.
De l’avis d’Abdu Mukhtar, directeur du développement de l’industrie et du commerce à la BAD, si l’Afrique a fait des progrès encourageants en matière d’industrialisation au cours de la période 2010-2022, la pandémie de Covid-19 et l’invasion de l’Ukraine par la Russie ont freiné ses efforts et mis en évidence des lacunes dans les systèmes de production. « Le continent a une occasion unique de remédier à cette dépendance en renforçant davantage son intégration et en conquérant ses propres marchés émergents. »
« La Zone de libre-échange continentale africaine constitue une opportunité inédite de créer un marché unique de 1,3 milliard de personnes et de générer des dépenses cumulées des consommateurs et des entreprises pouvant atteindre 4 000 milliards de dollars, ce qui offre la possibilité de renforcer leurs liens commerciaux et de production et de tirer enfin parti de la compétitivité industrielle de l’intégration régionale, comme l’ont fait d’autres régions », a-t-il ajouté.
Aloys Onana