Le fait est courant dans les grandes villes du Cameroun. Un individu à lui tout seul alimente un nombre important de maisons. Les abonnés lui donnent juste un franc symbolique. Le cirque se porte bien, des conséquences financières sont immenses. Energy of Cameroon (Eneo) les évalue à 60 milliards de francs chaque année.
Ceux qui mènent ce type d’activité ont un nom de baptême dans les murs d’Eneo. Ils sont appelés « barons ». Les derniers mois ne leur ont pas été aisés. « Ces 12 derniers mois par exemple, plus de 200 barons de la fraude ont été mis à la disposition de la justice ; un baron étant un acteur qui entretient, de manière illégale, un réseau électrique pouvant alimenter jusqu’à une centaine de ménages. Dans le même temps, plus de 80 agents ENEO ont été licenciés pour intelligence avec les réseaux indélicats », annonce Éric Mansuy, directeur général d’Eneo. Une entreprise qui sort de loin.
En effet, ses finances n’étaient pas au beau fixe. En cause, de très lourds impayés créant un déséquilibre financier et une perte de confiance dans le secteur en général, et au sujet du trafic de l’électricité, « le niveau de pertes que génèrent les pratiques illégales est extraordinairement élevé et contribue directement à l’asphyxie financière de tout le secteur électrique », et le troisième problème, la rareté des poteaux bois utilisés jusqu’ici pour les dépannages ou les extensions de réseaux. Avec la situation sécuritaire dans la région du Nord-Ouest, d’où l’entreprise tirait toute sa matière première, « la production des poteaux en bois a baissé de plus de 90%. »
L’entreprise indique avoir pris des mesures fortes et innovantes. Ce qui lui a permis le 3 février 2021 de présenter une opération financière récemment conclue. « Les signes positifs présentés par Eneo, avec l’appui de l’Etat, ont donné confiance aux prêteurs locaux. Nous avons ainsi pu lever sur le marché bancaire camerounais 100 milliards de francs CFA pour financer nos investissements pour la période 2021-2022. Cette transaction inédite a été arrangée, avec maestria, par CITIBANK et Société générale Cameroun, avec la participation de six autres banques, dont BGFI, AFRILAND FIRST BANK, ECOBANK, CBC, BICEC, SCB Cameroun. »
Aloys Onana