Le transporteur aérien Air France KLM est pointé du doigt par plusieurs pays africains où cette compagnie dessert au quotidien ou par semaine. Face aux patrons d’entreprises à Douala le 6 mars, Manaouda Malachie, le ministre de la Santé publique (Minsanté) du Cameroun glissait, avec insistance, le nom de cette compagnie. Il expliquait que le patient français de 58 ans par qui le corona virus est arrivé au Cameroun avait voyagé à bord du vol de l’entreprise sus-indiquée et venu infecter sa « compagne » au quartier Bastos à Yaoundé. L’assistance avait voulu savoir ce qui avait été fait pour le reste des passagers qui étaient à bord de cet appareil. Les enquêtes, affirmait le Minsanté, se poursuivaient.
Si le membre du gouvernement en charge de la Santé n’a pas voulu s’étendre sur le cas d’Air France, des sources dignes de foi confirment qu’à Yaoundé, cette entreprise française préoccupe. C’est par elle que « le loup est entré dans la bergerie », indique, un brin d’humour, un expert proche du dossier. « Peut être on ne peut pas interdire purement et simplement les vols d’Air France au Cameroun, il faudra lui faire des remontrances sur ses contrôles passagers pour éviter une brouille entre le Cameroun et la France », observe cet expert.
Air France KLM est aussi perçue par d’autres pays comme le transporteur par excellence du corona virus en Afrique noire. Redoutant cette appréciation, l’entreprise a crée une cellule de veille dont le rôle est d’examiner l’impact du corona virus sur les pays où elle dessert en Afrique subsaharienne. Le premier pays à saisir Henri Hourcade, le directeur général Afrique de cette compagnie aérienne et son collaborateur Pierre-Noël Gauthier, en charge de la sécurité et des services au sol, a été le Congo.
Le 4 mars, Cyprien Mamina, Secrétaire général du ministère des Affaires étrangères a indiqué que tous les passagers en provenance seraient immédiatement placés en quarantaine dès leur arrivée à Brazzaville. La France est perçue de ce côté comme « pays à risque », et donc, pour les autorités congolaises, la prudence est de mise. Certains médias congolais et français qui relatent ce fait précisent que le vol Air France de ce jour-là était déjà dans les airs. Les négociations diplomatiques ont fait que l’avion ne soit pas dérouté vers une autre destination, Air France ayant menacé de supprimer purement et simplement les dessertes au pays de Sassou Nguesso si ses passgers étaient mis en quarantaine à leur descente d’avion. Mais à compter du 9 mars, le Congo promet la mise en application de cette mesure vis-à-vis des passagers d’Air France qui arriveront sur son territoire.
Le Gabon, qui n’a pas hésité à fermer sa frontière avec le Cameroun, envisage un même traitement que le Congo aux passagers des vols d’Air France. A Youndé, « l’on cherche encore le juste milieu. Mais cette compagnie française suscite beaucoup d’interrogations», souffle-t-on. « Pour sécuriser nos populations, nous sommes capables de faire retourner tout un avion et ses occupants si nous nous rendons compte qu’il y a danger », a confié le Minsanté face aux capitaines d’industrie le 6 mars à Douala.
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