Démarré en janvier 2020 après moult tracasseries, la Régie du terminal à conteneurs (RTC) fait son bilan six mois sa mise en activité. Entre résultats obtenus, difficultés rencontrées et doléances, le Directeur général délégué dit tout sur cette entreprise, désormais entre les mains de l’expertise camerounaise.
Quel bilan faites-vous en six mois d’activités de la RTC quand on sait qu’elle avait commencé avec beaucoup de doute ?
Vous faites bien de relever qu’elle avait commencé avec beaucoup de doute. Oui, effectivement la RTC (Régie du terminal à conteneurs) a certes démarré avec beaucoup de doute, mais le doute n’existait que dans l’esprit de ceux qui ne croyaient pas en l’efficacité, en l’expertise camerounaise. Le doute n’était pas dans notre esprit. Nous savions très bien que la mission qui nous était confiée, nous allions la remplir efficacement et en termes de bilan, je crois, et vous le jugez vous-mêmes, nous avons très bien rempli cette mission, et le bilan est positif.
Quelques chiffres ?
En termes statistiques, vous aurez constaté qu’en six mois nous avons opéré sur nos quais 160 navires. L’an dernier, à titre comparatif, l’opérateur qui était là avait opéré168. Nous avons pu décharger et embarquer à bord de ces navires 173 mille TU, c’est-à-dire l’équivalent de vingt pieds en termes de volume. A titre comparatif, je voudrais vous dire que ça s’est fait dans un contexte que vous connaissez très bien que je ne voudrais plus en parler. L’an dernier dans un contexte différent, dans un contexte favorable, l’opérateur avait fait 183 mille TU. Vous constaterez que nous avons très bien accomplis notre mission. Nous pouvons aussi, en terme de bilan vous dire que nous avons livré aux chargeurs camerounais au cours de ces six derniers mois 58 808 conteneurs. L’an dernier, l’opérateur avait livré 57 mille environ. Je crois que ce n’est pas élogieux, mais nous avons rempli notre mission.
Au niveau des recettes, avez-vous respecté tous vos engagement vis-à-vis du port autonome de Douala, et en vers l’Etat notamment les charges fiscales ?
Nous avons entièrement remplis le cahier de charges qui était le notre. Nous avons accomplis l’objet social pour lequel la RTC avait été crée à savoir, reprendre l’exploitation et la maintenance, la gestion du terminal à conteneurs.
Y a-t-il eu une embellie au niveau des recettes ?
Je ne voudrais pas parler d’embellie. Nous avons encaissé les recettes de l’exploitation que nous avons faites, c’est-à-dire les produits de notre travail. Je pense qu’il faut mettre en face de ce que nous avons fait, le volume de travail que nous avons fait, vous mettez en face le coût de ce travail, vous mettez en face le prix qu’a payé le chargeur camerounais, vous avez le chiffre d’affaires que nous avons réalisé. Ce chiffre d’affaires là, nous avons pu réaliser 25 milliards de francs. Sauf que sur les 25 milliards, nous avons ristourné à l’économie nationale 1,6 milliards environ, en termes de baisse de tarif. C’est-à-dire que le port autonome, propriétaire du terminal à conteneurs a demandé à l’opérateur du terminal en régie – la régie du terminal à conteneurs- dès le 1er janvier de mettre en application une instruction du gouvernement qui consistait à demander que le cout du passage au terminal à conteneurs baisse. Le port autonome dans son conseil d’administration a pris une résolution, instruisant une baisse de 10 % sur les opérations de manutention terre sur le terminal à conteneurs. Je dois vous dire que la manutention terre au terminal à conteneurs représente à peu près 70 % de ses revenus. Donc cette baisse a permis au terminal à conteneurs de ristourner aux chargeurs camerounais la bonne productivité du terminal à conteneurs 1 milliards 600 millions de ce qui revenait à l’époque à l’opérateur privé. Donc nous avons de ce point de vue, permis à notre économie de garder à l’intérieur de notre économie 1,6 milliards de FCFA. Et quand vous enlevez sur les 25 milliards les 1,6 milliards de francs, vous constaterez que la Régie du terminal à conteneurs a gardé dans ses comptes 23 milliards 982 millions donc à peu près 24 milliards en termes d’encaissement, chiffre d’affaires réalisés. Cet argent a permis de remplir au plan financier toutes les attentes principalement, de payer au port autonome de Douala les redevances fixes, les redevances variables. Nous avons payé au PAD plus de 6 milliards de francs en six mois en termes de redevances et si vous voulez faire une comparaison, nous avons payé plus d’un milliard de plus que l’ancien opérateur ne payait en un an.
Sur le plan des impôts ?
Nous avons payé en six mois plus de 2 milliards d’impôts à l’Etat.
En six mois vous avez rencontré un nombre important de difficultés. Quelles sont-elles, la mission était-elle facile ?
Non ! Aucune mission n’est facile. D’abord au démarrage c’était extrêmement difficile puisque nous faisions face à une adversité incompréhensible. Nous avons hérité d’énormes difficultés, notamment les équipements. Mais sauf que nous avons mis en place des mesures d’adaptabilité. Nous nous sommes adaptés à toutes les situations auxquelles nous faisons face. Nous avons optimisé notre gestion, nous avons optimisé nos stratégies. Et grâce à tout cela nous avons pu traverser les écueils, il y en a eu, principalement le dénigrement, on en a eu connu un tout petit peu, le doute qu’il y avait dans l’esprit de certains de nos clients au démarrage. Nous avons démarré avec pratiquement zéro navire sur le quai, au début il y avait beaucoup de navire qui attendaient à la bouée de base pour voir si on sera capable, mais ce doute s’est dissipé très rapidement, puisque rapidement nous sommes repartis au mois de janvier avec 25 navires, pour monter rapidement en février avec 32 navires. Vous voyez que nous avons tout fait pour donner confiance à nos clients et aujourd’hui, le bilan que nous vous avons donné est un bilan très positif. Bref, nous avons rempli notre mission convenablement.
Il vous reste 6 mois pour la fin du mandat, comment vous envisagez les six mois à venir ?
Avec beaucoup d’optimisme. Mais teinté un peu de crainte, parce que vous avez le coronavirus qui un impact direct sur les économies, nous ne sommes que des opérateurs interfaces entre le pays et l’étranger. Si l’économie nationale et l’économie internationale sont touchées comme cela a été le cas les mois passés par le coronavirus et que la reprise n’est pas là, nos activités vont empâtir effectivement. Je pense que c’est la plus grosse crainte pour nous. C’est qu’on a l’incertitude sur l’économie mondiale, sur l’économie nationale, comment ça va se passer. Mais jusqu’à présent, nous ne ressentons pas encore ce choc, on essaie de scruter pour voir ce qui reste à venir. L’autre deuxième difficulté pourrait porter sur l’état de nos équipements. Nous ne cessons d’en parler, c’est une de nos grosses craintes, est-ce que nous allons continuer avec les équipements qui sont dans un état vétuste, est-ce qu’on va être capable de les entretenir ? Nous avons pu tenir les 6 premiers mois grâce à l’ingéniosité de nos techniciens, à l’optimisation de leurs approches, à la ténacité de leurs actions, à la rapidité de leurs interventions, ils ont pu maintenir un taux de disponibilité opérationnel de ces équipements suffisamment élevé pour donner satisfaction à l’exploitation et à nos clients. Est-ce que ça pourra se poursuivre. Quand on a des équipements dont l’existence sur un terminal à conteneurs ne devrait plus être là, parce qu’au compteur vous en avez qui ont 55 mille heures de travail. Ce qui est énorme. Le moins que vous avez c’est 35 mille heures de travail, c’est déjà énorme. Mais face à cette difficulté, nous avons des solutions que nous allons mettre en œuvre, c’est pour cela que la difficulté pour laquelle nous n’avons pas de solution, c’est celle qui est incertaine, c’est celle du coronavirus. Toutes les autres, nous avons des solutions que nous allons mettre en œuvre pour pouvoir suivre l’activité, et nous sommes sereins, nous allons aller jusqu’au bout si rien ne vient perturber, si des phénomènes non prévisibles ne viennent perturber le challenge que nous allons relever.
Propos recueillis par Aloys Onana