Dans une tribune rendue publique via les réseaux sociaux, cette voix très écoutée en RDC donne quelques pistes que les décideurs camerounais pourraient examiner.
Chairman de Contacturer INC, Joël Daniel Monefong est un important conseiller du Président Félix Antoine Tshisekedi. Le Camerounais est un fin et habile négociateur qui a convaincu l’Emirati DP World à injecter 1,2 milliard de dollars pour la construction du premier port en eaux profondes de Banana, dont les travaux ont été lancés le 31 janvier 2022.
Le factuel:
A. L’Etat du Cameroun a signé ( le 06 mai 2022) une Convention d’Exploitation conformément au code minier en vigueur.
B. La mise en vigueur de cette Convention reste sujette entre autres à la signature d’un décret présidentiel octroyant le permis d’exploitation à la société de projet de droit camerounais créée pour la circonstance.
C. Le répartition des rôles sur le marché mondial du fer aujourd’hui fait de la Chine le plus grand (pour ne pas dire l’un des rares) consommateur (acheteur) du fer brut ou enrichi.
D. La localisation du gisement de Kribi lui donne un avantage comparatif sur les besoins d’investissement par rapport aux autres gisements (Mbalam-Nabeba et Simandou en Guinée notamment). Donc forcément une rentabilité plus élevée et un délai de remboursement du financement (payback period) plus court.
Ce qu’il ne faut surtout pas faire:
- Dénoncer la Convention dans l’objectif de rompre avec SINOSTEEL, avec l’ambition de trouver meilleur partenaire. Pour la simple raison que cette compagnie est l’une des plus grandes acheteuses de minerais au monde. Elle est la seule qui qui a accepté le rôle primordial de offtaker(client-acheteur) malgré les investissements chinois à Simandou en Guinée. Il faut savoir qu’aucun minerai de fer ne sort du sol tant que l’exploitant n’a pas un offtaker.
- Laisser pourrir la situation sans décider de la suite à donner. Pour la simple raison que la fenêtre actuelle est à mon avis la seule opportunité pour intéresser et mobiliser tous les acteurs. Car le prix actuel du fer sur le marché international, qui est la combinaison de plusieurs facteurs dont le principal est la quantité de l’offre reste attractif. Dès que le fer de Simandou sortira du sol et prendra le chemin de fer prévu pour être chargé et acheminé en Chine, celui de Kribi restera sous-sol, dans l’intérêt des acteurs de maintenir un niveau de prix rentable en limitant les sources d’approvisionnement. Or avec le prix actuel, l’investissement est bancable, et même s’il baisse de 1/3 après le début des livraisons, la rentabilité resterait assurée, vu les besoins de préfinancement et le potentiel en volume.
Ce qu’il faut faire
- Rassurer SINOSTEEL sur nos intentions de ne pas rompre la Convention, car ce serait catastrophique pour l’image du Cameroun, pour la gradation de la SIGNATURE CAMEROUN auprès des investisseurs potentiels.
- Forcer SINOSTEEL à se ré asseoir pour rééquilibrer certaines clauses de la Convention (C’est ce que fait la RDC)
- Revisiter le PACTE D’ACTIONNAIRES dans l’objectif de renforcer les positions de l’actionnaire minoritaire qu’est l’Etat du Cameroun, notamment dans la gouvernance, les droits de blocage, les Put-option(droit d’acheter les actifs) et Calloption(droit de vendre les actifs).
NB : Il n’est pas démontré qu’avoir un pourcentage très élevé des actions est toujours rentable quand on ne dispose pas des fonds propres pour financer ses obligations d’investissement. Un savant dosage entre les royalties(redevances liées à l’exploitation) et les dividendes liées au bénéfices rémunérateurs du capital investi est recommandé.
Eléments rassemblés par Aloys Onana