Dans le vaste et fructueux marché de la finance mobile au Cameroun où la Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC) recensait en 2020 un total de 19,5 millions de comptes mobile soit 64,8 % de tous les comptes mobiles de la sous-région Afrique centrale, la banque UBA est la deuxième actrice de la galaxie des banques en activité dans la Cemac à se lancer dans ce qui est vu comme le pré carré des entreprises de télécoms. Seulement, pour UBA, le fait que les entreprises de télécoms soient obligées de coopérer avec des banques ne va pas sans risque, le contrat entre les deux partenaires pouvant connaitre des déboires.
C’est là, l’un des points qu’avance la banque du milliardaire Tony Elumelu pour se positionner. « Contrairement à tous les autres opérateurs qui existent au Cameroun aujourd’hui sur le marché, le risque d’échec est grave parce que les opérateurs sont détachés des banques. Les banques ne sont pas les leurs et il faut faire de la collaboration. Et l’avantage que M2U Money a, c’est qu’elle ne fait pas de la collaboration. Nous sommes dans la même maison. UBA est dans une chambre, M2U Money est dans une autre. Et donc le risque d’échec est pratiquement nul sinon, inexistant », se défend banque face à la presse le 27 octobre.
Autre point, les frais de retrait. Très souvent, un envoi de fonds se fait avec un léger surplus, qui sert à celui qui reçoit de décaisser le montant envoyé. « L’on vous demanderait, pour une cause ou une autre, d’envoyer 10200 pour des frais de participation à une réunion par exemple. Avec M2U Money, les 200 FCFA supplémentaires n’existent pas, vous envoyez tout juste 10 000 FCFA. » Ce qui emmène l’entreprise à déclarer que le M2U Money est « ndjo », une expression populaire au Cameroun qui veut dire « gratuit ».
UBA lance M2U Money à un moment où l’univers de la finance mobile se singularise par l’insécurité : de faux envois sont faits, une simple consultation de son compte peut conduire au dépouillement complet de celui-ci. Des erreurs d’envoi de fonds avec impossibilité de récupérer ce qui a été envoyé, la finance mobile pour certains est perçue comme infesté de hackers. Pour UBA, la sécurité de son idée est inégalée. « M2U Money offre une sécurité infaillible grâce au mot de passe et un code pin », explique la banque.
D’autres précisions sont faites pour se positionner et accrocher autant de clients que possible : en terme de coût, envoyer et retirer de l’argent par M2U Money n’entraine que la taxe de 0,2% sur les transferts d’argent imposés par l’État camerounais, toute personne physique ou morale détentrice d’un compte bancaire avec UBA Cameroun ou non, salarié ou pas, jeune ou moins jeunes peut y accéder. 25 transactions sont possibles par jour. « L’activité d’émission de monnaie électronique est régie par un texte, le texte 2018 sur les services de paiement qui a donné exactement les limites réglementaires aussi bien des transactions que des plafonds et c’est exactement ces limites-là que nous avons implémentées. La balance pour un porte monnaie électronique est de deux millions, c’est la même limite que nous avons mise à M2U », souligne la banque.
L’on peut avoir deux compte M2U Money, mais avec des numéros différents, tout comme cette innovation est possible avec un téléphone androïde ou non. Est-il possible d’envoyer un M2U Money à une personne qui n’a pas de mobile money ? « Oui. Le destinataire recevra par message un code de validation de la transaction et il se dirigera par la suite dans l’un de nos points de vente pour retirer son argent. »
UBA, apprend-on, est dans 20 pays en Afrique avec une présence aux USA, une filiale à Dubaï, la banque est à Paris et à Londres. Ainsi, peut-on envoyer de l’argent de l’étranger grâce à M2U Money ? « Oui, toutefois si les réceptions sont possibles à partir de n’importe quel pays étranger, les envois sont limités dans la zone Cemac uniquement par le régulateur. »
Aloys Onana