Une opération de séduction et d’explication a eu lieu le 10 décembre à Douala.
« J’ai l’honneur de vous annoncer que dès juin 2020, Afreximbank ouvrira ses bureaux au Cameroun », annonce René Awambeng, Global head Clients relations chez cette banque qui a une particularité, celle de financer l’économie africaine, et de manière particulière, le commerce intra et extra Afrique, ainsi que l’industrie du continent.
Pour célestin Twamba, président du Groupement inter patronal du Cameroun (Gicam), l’initiative de cette banque à enfin prendre pied en Afrique centrale est à saluer. Les patrons privés pourront sans doute trouver dans ses coffres forts des fonds dédiés à leurs projets. « L’accès aux financements se pose avec une acuité particulière car les niveaux d’intermédiation sont bas, le marché des capitaux est inexistant », constate le Président du Gicam. Et donc, cette banque viendra apporter un soutien très important aux acteurs économiques du Cameroun et de la sous-région Afrique centrale.
L’opération de séduction à Douala le 10 décembre a permis aux patrons d’entreprises ainsi qu’aux acteurs privés d’avoir une idée sur les modes de fonctionnement de cette banque qui revendique pour 2018 un total bilan de 13,5 milliards de dollar, des prêts globaux de 11 milliards de dollar. Au demeurant, il ressort que cette banque octroie des crédits, finance le commerce et des projets, elle prend en charge des risques, dispose de services d’information et de conseil sur le commerce. Car, se désolent les responsables d’Afreximbank, le commerce intra africain atteint à peine 20 %. Ce qui est très bas si on venait à faire une comparaison avec d’autres blocs commerciaux à travers le monde.
Au regard de cette faible tendance à commercer entre les pays africains, la stratégie à moyen terme est de voir le contient trader entre elle, voir l’industrialisation du continent ainsi que les importations gagner plus de chiffres. « Nous avons un boulevard de l’industrialisation devant nous. Pour cela il nous faut revoir nos méthodes de production, il faut industrialiser nos ressources. Nous pensons que le Cameroun doit être en mesure de transformer ses ressources, réduire la pauvreté, créer des emplois », souligne René Awambeng, qui ne manque pas de rappeler la présence d’Afreximbank dans certains grands projets du continent qui ont magnifiquement réussi. Parmi eux, le port d’Abidjan, un projet d’électricité en Egypte, le renouvellement de la flotte de Kenya Aiways. Le Ghana, la Zambie, le Rwanda, le Nigeria, le Togo, le Burkina fasso, le Cap Vert, le Mali et le Gabon sont quelques pays où des actions « salutaires » ont été réalisées.
« Le diable se cache dans les détails. Je crains que dans vos livrets, la PME ne se retrouve pas. Quels sont les montants, les tickets d’entrée ? On aime fiancer ceux qui en ont déjà. Comment faire pour financer ceux qui sont vraiment dans le besoin, pour que le médecin n’arrive pas lors que le malade est déjà mort », questionne le président du Gicam.
La réponse de René Awambeng fait des remous. « C’est vrai qu’on agit peu au Cameroun. On a financé la banane au Cameroun, ça n’a pas été une bonne expérience. Pour les PME, le minimum des financements, c’est 2,5 milliards de FCFA. Mas nous allons mettre en place des lignes. Il y a des PME qui y sont déjà. Au sujet des délais, pour le commerce, si tous les documents sont prêts, c’est 6 semaines. Je passe 50 % de mon temps à suivre si tous les délais sont respectés. Au-delà de 6 mois, les équipes sont interpellées. Certes les montants sont importants, parce que l’Afrique a besoin de s’industrialiser. On va travailler avec le Gicam, nous pourrons trouver des solutions. Ce n’est pas le montant qui est important », réagit René Awambeng.
Pour avoir accès aux livrets d’Afreximbank, il y a des conditions à remplir. Il faut apporter le business plan, avoir un projet ou un commerce qui n’a rien à voir avec tout ce qui interdit. L’historique de l’entreprise sollicitant des fonds, apporter la raison sociale, les principaux dirigeants. La durée des financements est de 7 ans, mais il est possible que la banque aille jusqu’à 12 ans pour des projets électriques.
Pour Protais Ayangma, président d’Entreprises du Cameroun (Ecam), qui regroupe de nombreuses PME. Il est urgent pour Afreximbank de revoir sa stratégie de 2,5 milliards. « L’État n’a pas besoin de vous, les grandes entreprises n’ont pas besoin de vous. C’est nous qui avons besoin de vous, c’est un cri de cœur que nous lançons, de revoir vos programmes », suggère-t-il. « Absolument nous allons revoir notre stratégie en Afrique centrale. J’apprécie les commentaires », chute René Awambeng.
Afreximbank a son siège en Egypte, une succursale à Abuja, Abidjan, Harare. Son siège en préparation sera à Yaoundé, au service de toute l’Afrique centrale. L’objectif est d’accroitre de 10 % chaque année les flux financiers internationaux vers le continent, financer 1 % des exportations, créer 3 000 hectares de parcs industriels et des zones économiques spéciales dans toutes les sous-régions du continent.
Aloys Onana
