Mekulu Mvondo Akame, le directeur général de la Caisse nationale de prévoyance sociale (CNPS) a la réputation d’être un athlète ; et affectionne le numérique. Pour ce dernier cas, point question pour lui que le Cameroun manque le coche de l’histoire de la finance numérique, notamment le bitcoin. « Moi, CNPS, dans la cryptomonnaie ? Jusqu’ici je n’ai pas de satisfaction, pas de tentation car si je perds, vous vous imaginez bien que l’on me tombera dessus », débute-t-il.
Mais derrière cette prudence, se cache un viscéral amour du bitcoin et de ses acolytes. « Il faut techniquement se mettre à niveau. Imager un projet de loi, une circulaire, étudier le phénomène ». Pour Noël Alain Olivier Mekulu Mvondo Akame, le bitcoin regorge des bénéfices inimaginables, si bien que l’Etat, suggère-t-il, devrait, chaque année, dégager un milliard de franc CFA pour cette monnaie. Les retombées, se convainc-t-il, seraient incalculables. « En 2008, un bitcoin valait un dollar, c’est 50 à 60 mille dollars aujourd’ui. En pourcentage, ce serait effrayant, 20 000 % ! On ne perd pas à envisager d’y aller. La Chine, c’est 60 % de bitcoin », observe-t-il, non sans insister sur « la prévisibilité », « la sécurité » qui doivent être de mises sur ce marché au Cameroun.
Venu à Douala à la quatrième édition de la ‘’Semaine internationale de l’investisseur CEMAC’’ qui va du 12 au 14 octobre 2021, Mekulu Mvondo Akame pense que les investisseurs devraient commencer à analyser le marché du bitcoin, sans prendre en compte les sirènes de découragement. « Je vous invite à la réflexion. Nous avons une exigence de réponse. Celui qui est toujours en dessous subit. Tous ceux qui, chaque jour, découragent le bitcoin et parlent du financement du terrorisme, du blanchiment des fonds, sont dans ce domaine. Nous, on se bloque, maintenus dans le conformisme infantilisant. Je m’adresse à la bourse, pourquoi pas un guichet cryptomonnaie, pourquoi ne pas placer un sceau pour recueillir l’eau qui tombe », souligne-t-il, en s’appuyant sur l’exemple de l’Allemagne qui a adopté le bitcoin comme monnaie de change.
Pour Dieudonné Evou Mekou, vice-gouverneur de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac), le bitcoin n’est pas légal au Cameroun. Certes « on y réfléchit. On n’est pas à côté de la plaque comme on dit vulgairement. » Du côté de la Commission de surveillance du marché financier de l’Afrique centrale (Cosumaf), l’heure est encore à la retenue. « Il est de l’essence de la finance de comprendre ce pourquoi on investit. Nous à la Cosumaf, on dit d’attendre un peu. On encourage l’entrepreneuriat, mais il faut savoir raison garder. » Le thème des travaux de Douala porte sur ‘’L’éducation boursière et la protection de l’investisseur à l’ère de la digitalisation des instruments financiers et de la gestion collective’’.
Aloys Onana