De plus en plus d’indicateurs révèlent que la qualité d’un entraîneur de football n’aurait pas une influence majeure sur les résultats d’une équipe comparée à la qualité intrinsèque des joueurs. En partant de ce constat, comment évaluer le travail d’un entraîneur et son utilité ? Voici nos réponses.
« L’entraîneur sert-il à quelque chose ? », c’est la question posée par Simon Kuper et Stefan Szymanski, auteurs du livre Les attaquants les plus chers ne sont pas ceux qui marquent le plus, publié en 2016. Ces deux derniers indiquent qu’il existe une corrélation de 90% entre le classement d’une équipe en termes de masse salariale et son classement dans son championnat. Ce qui reviendrait à nous poser cette autre question soulevée par Elias Baillif puis argumentée sur sa chaîne Youtube : « ne surestime-t-on pas l’importance des entraîneurs dans le football ? »
En d’autres termes, la valeur marchande des joueurs (et donc indirectement leur valeur intrinsèque) aurait une plus forte incidence sur les résultats d’une équipe que la qualité d’un entraîneur, dont la marge de manœuvre serait faible d’après d’autres chiffres avancées par Simon Kuper et Stefan Szymanski. Les auteurs ont aussi analysé les résultats de 699 entraîneurs de première division anglaise sur 37 saisons et ont révélé que seulement 10% d’entre eux ont eu une influence significative sur les performances de leur équipe. C’est-à-dire que sur une période de 37 ans, seulement 70 entraîneurs ont réussi à avoir des résultats supérieurs à la qualité générale de leur effectif…
Même si ces chiffres peuvent paraître absurdes, partons du postulat que cette théorie soit une vérité absolue et que les entraîneurs soient en réalité hyper dépendants de la qualité des joueurs qu’ils ont à disposition. Comment pourrait-on évaluer leur niveau, leur qualité, et donc leur vraie influence ? Et comment ces entraîneurs pourraient-ils inverser la tendance ?
Formateur vs entraîneur
Si les entraîneurs étaient vraiment dépendants de la qualité de leurs joueurs alors leur priorité devrait être de les faire constamment progresser. Pourtant, dans le football, on sépare souvent les entraîneurs des équipes fanions, dont le job est de gagner des matches, et les formateurs des équipes de jeunes d’un club, dont le but est de développer les joueurs pour les préparer au plus haut niveau. Ce qui reviendrait à nous faire penser que l’on ne pourrait pas former des joueurs de haut niveau ou du moins, qu’il ne s’agirait actuellement pas d’une priorité.
Souvent affublé du surnom de « Professeur » (quand ce n’est pas « Le Fou »), Marcelo Bielsa a justement toujours été un entraîneur qui sortait du lot en raison de son approche différente du métier. Moqué par une partie des observateurs et du public en raison de sa différence et de son palmarès peu garnie par rapport à sa réputation, Bielsa a souvent eu un impact visible sur ses joueurs en les faisant progresser en très peu de temps. Marcelo Bielsa a en réalité toujours eu une approche de formateur, avec une forte dimension sociale et éducative, alors même qu’il évolue au plus haut niveau.
Ce qui le caractérise et ce qui caractérise plus globalement un formateur, c’est le cadre ou l’environnement dans lequel il entraîne ses joueurs. Et cet environnement ne gravite pas spécifiquement autour de la victoire mais autour de valeurs fortes, de la progression, de l’évolution du joueur et, surtout, de l’homme. Ce qui a pour conséquence de réduire considérablement la pression liée aux résultats immédiats, sans pour autant nier la compétition, et qui incite indirectement à la créativité. Ce type d’environnement recentre l’attention des joueurs vers les moyens, qui dépendent entièrement d’eux, plutôt que sur les résultats, dont les variables sont importantes.
« Un jour, Pep Guardiola m’a dit que son plus gros succès, sur la première année (au FC Barcelone, ndlr), ce n’était pas le triplé, mais d’avoir envoyé Pedro et Busquets en sélection. Ça, c’est du succès, parce qu’un entraîneur, avant tout, est là pour éduquer. Tout est là : est-ce que tu as rendu meilleur un joueur ou est-ce que tu t’es servi de lui pour te rendre meilleur ? », témoignait récemment Thierry Henry sur le site de So Foot. Former plutôt que de vouloir gagner à tout prix demeure paradoxalement un cadre propice pour la performance. Et cela même quand il s’agit de joueurs de haut niveau et expérimentés car il n’y a pas de limite d’âge pour continuer à se développer (sauf physiquement). Continuer d’avoir un esprit de formateur apparaît donc comme impératif pour tous les entraîneurs, y compris pour les plus aguerris.
Rendre autonome et développer la capacité des joueurs à résoudre des problèmes
Dans le football actuel, il existe un fossé générationnel entre les entraîneurs et les joueurs. La société, les habitudes, les modes de consommation et les mentalités ont évolué. Ce qui marchait très bien dans les années 1980, 1990 voire 2000 n’a pas la même efficacité en 2020. Un exemple ? La manière d’enseigner, qui a fait l’objet de nombreuses recherches ces dernières années. « Dans le passé, le paradigme dominant pour expliquer l’apprentissage et la performance était le comportementalisme. Les modèles Stimulus-Réponse ou Stimulus-Réponse-Conséquence qui sont utilisés pour « dresser » les animaux. Il y a plus de 100 ans, les gens pensaient que les humains pouvaient apprendre de cette façon. Bien que cette approche ait été dominante, elle a été rejetée parce que les gens ont réalisé qu’en réalité, les humains pensent profondément aux choses et qu’ils font parfois des choses irrationnelles. Ils ne se contentent pas de répondre à chaque fois, de la même manière, à un stimulus », expliquait Keith Davids, chercheur en sciences sur l’excellent site Nosotrosxp.com.
Un entraîneur devrait donc être capable de laisser une grande part d’autonomie à ses joueurs et de constamment s’adapter à eux tout en minimisant ses interventions verbales. Il s’agirait de remettre les joueurs au cœur du jeu, de leur jeu, plutôt que de les formater, qui a pour conséquence de tuer leur créativité, pourtant primordiale dans un sport d’opposition directe comme le football. « Je pense que la nouvelle génération d’entraineurs qui arrive, comprend qu’elle n’a pas à besoin de systématiquement donner des instructions verbales, des correctifs ou d’interférer. Elle sait qu’elle peut soutenir, guider, et avoir une approche intelligente dans la conception de leurs séances», ajoute Keith Davids.
L’entraîneur moderne ne devrait donc pas être réticent à laisser parfois ses joueurs décider de la tactique d’un match dans le but de les responsabiliser. Se taire, ne pas imposer coûte que coûte ses idées et guider subtilement en rappelant la ligne directrice pourrait avoir beaucoup plus de bénéfices qu’il n’y paraît. L’entraîneur a aussi tout intérêt à ne pas donner des solutions types face à une situation donnée mais plutôt de pousser à la réflexion. Keith Davids, toujours sur le site de Nosotros : « les entraîneurs doivent considérer les joueurs comme des organismes de réflexion et de perception, mais qui ont juste besoin d’un peu de soutien et de conseils. Un peu de mentorat. Cela change la façon dont vous entraînez, dont vous travaillez avec les joueurs. »
Ces joueurs ont donc besoin de développer leur capacité à résoudre des problèmes, et cela parfois de manière originale, ce qui est la base de la créativité. L’entraîneur doit donc faire preuve de qualités humaines. Il doit savoir communiquer et motiver, non pas en criant, en ordonnant ou en sanctionnant ses joueurs mais en étant dans une écoute active (se taire, écouter, comprendre sans juger ou interpréter). Les échecs de Hatem Ben Arfa sont aussi ceux de ses entraîneurs qui n’ont pas su le comprendre et le laisser exprimer sa créativité. Quid de la discipline ou plutôt de l’indiscipline ? C’est là que la maîtrise de la communication voire même de la psychologie entrent en compte pour transformer une motivation extrinsèque (exemple : ordonner un joueur à faire une tâche que l’on souhaite) peu efficace en une motivation intrinsèque (qui vient directement du joueur) qui s’avère, elle, très efficace.
Prenons l’exemple du PSG lors du Final 8 de la Ligue des Champions 2020. Sans dénigrer le travail de Thomas Tuchel, il y a clairement eu une prise de conscience de la part des joueurs qui ont pris les choses en main à la reprise post-trêve due à la pandémie de coronavirus. Encore une fois, cela ne veut pas dire que Thomas Tuchel n’a eu aucune influence sur les résultats de l’équipe mais ce sont avant tout les joueurs qui ont changé d’état d’esprit au moment d’aborder les quarts de finale de la compétition. Plus globalement, un joueur qui n’a pas envie de courir ne courra pas, à moins qu’il comprenne de lui-même qu’il faut qu’il court. Le rôle de l’entraîneur n’est donc pas de lui ordonner de courir, mais bien de lui faire comprendre l’utilité et l’intérêt de courir pour son propre bien.
Proposer une vision du jeu en adéquation avec ses valeurs, sa personnalité, ses convictions mais aussi celles du club où l’on entraîne
Si un entraîneur ne vaudrait pas mieux qu’un autre, comment pourrait-il se différencier et tout de même avoir un impact sur le club qu’il entraîne et ses supporters ? Tout simplement en proposant une vision du football qui lui est propre. Une vision en adéquation avec ses valeurs, ses convictions, sa personnalité mais aussi, idéalement, en adéquation avec la culture du club et de la ville dans laquelle il se trouve. La personnalité et les convictions de Diego Simeone collent parfaitement avec l’environnement et l’Histoire de l’Atlético de Madrid. C’est pourquoi l’harmonie semble parfaite depuis quasiment une décennie. Malheureusement, une telle longévité est rare dans le football de haut niveau, et même dans les divisions inférieures.
De nos jours, l’entraîneur doit se battre constamment avec le temps. Avec l’impératif de gagner, d’avoir des résultats rapidement, certains entraîneurs renient leurs principes et vont à l’essentiel. Gagner des matches leur fait gagner du temps mais en réalité, un entraîneur devrait toujours pouvoir prendre le temps de développer ses propres méthodes et d’affiner ses convictions quitte à se faire limoger après quelques mois. Pourquoi ? Car il aura pu peaufiner sa vision du football, tester ses méthodes sur le terrain, analyser ce qui fonctionne et ne fonctionne pas, pour continuer de se développer en tant qu’entraîneur et de progresser.
Prenons le problème à l’envers. Qu’apprend vraiment un entraîneur qui fait jouer son équipe dans l’urgence, en reniant ses convictions et en ayant pour seul objectif de ne pas perdre un match, pour au final se faire limoger après une série de défaites ? Pas grand chose, ou du moins pas plus que s’il avait mis en place ses idées durant la même période. C’est exactement pour cette raison que certains entraîneurs n’évoluent pas et ne progressent plus. Car ils naviguent de contrats courts en contrats courts, dans des équipes au talent et budget limité, et qu’ils ne mettent pas en place leurs idées de peur de perdre des matches et de se faire renvoyer. Conséquence : ils ne se développent pas et restent hyper dépendants des résultats et des joueurs qu’ils ont à disposition.
« Un entraîneur qui joue le maintien peut proposer du jeu, il faut le respecter et ça ne fait pas de lui un fou. Tu peux gagner un championnat en jouant le contre, en contre-pressant, en étant 80% dans le camp adverse. Pareil pour un maintien. (…) Pourquoi dit-on à un entraîneur qui construit de détruire et qu’on ne dit pas à un entraîneur qui détruit de construire ? », assénait d’ailleurs Thierry Henry sur le site internet de So Foot. On comprend donc à quel point des directeurs sportifs et des présidents compréhensifs et ayant une vision à long terme sont importants pour la pérennité d’un club. C’est même plus important que l’entraîneur lui-même. Toujours est-il qu’un entraîneur a besoin d’un minimum de sécurité et de confiance pour pouvoir entraîner correctement.
Christophe Galtier est un entraîneur qui a drastiquement changé sa vision du football après quelques années passées loin des terrains. Dans le n° 182 du magazine So Foot, il confessait: « avec l’âge, avec un peu plus de confiance en soi, de travail, je pense que tu te dis: “Ok, la victoire, c’est important parce que tu es dans un sport professionnel.” Mais quels sont les moyens qui t‘amènent à la victoire ? Je ne suis pas dans le gagner coûte que coûte. Il faut travailler sur les moyens, sur le chemin… Si tu joues bien sur le long terme, tu es gagnant: tu as plus de chance de prendre les points, tu donnes du plaisir à tes joueurs, ils vont être de plus en plus performants. Et si tu joues bien, l’équipe en face, elle est quand même vachement emmerdée. »
Inspirer
« Pep Guardiola est-il le meilleur entraîneur du monde ? Est-il quand le plus grand tacticien de l’Histoire ? » Ces questions qui reviennent souvent sont en réalité dénuées de sens car leurs réponses dépendent de la vision du football, voire du monde, de chacun. Mais à défaut d’être le meilleur et de toujours gagner, un entraîneur comme Pep Guardiola inspire. Il a inspiré et inspire encore toute une génération d’entraîneurs, notamment en France. Ses réflexions sur le jeu, sa vision du football et la manière dont il a fait jouer ses équipes ont permis d’élargir la réflexion globale autour du jeu et de l’entraînement. C’est bien là le plus beau trophée de Guardiola. Le plus beau cadeau qu’il ait fait au football et c’est aussi justement ce qui fait de lui un Entraîneur, dont l’influence impactera plus que son palmarès pourtant déjà bien fourni.
Si Guardiola a réussi ce pari d’inspirer et d’être un mentor à échelle mondiale, c’est parce qu’il a été audacieux et a su rester en phase avec ses idées. Combien de jeunes entraîneurs à la tête d’un club immense comme le Barça, auraient comme lui, autant insisté pour proposer des nouveaux principes et une identité si marquée ? Combien d’entre eux auraient poussé pour le départ de certains cadres, dont des superstars comme Ronaldinho ou Déco, pour promouvoir des jeunes joueurs comme Pedro ou Busquets et pouvoir mettre en place ses idées ? Si Guardiola avait eu un succès proportionnel dans un club moins huppé, son travail n’aurait pas eu la même résonance, c’est certain. Mais il a justement osé se développer en tant qu’entraîneur alors qu’il était à la tête de l’un des plus grands clubs du monde. Il n’a pas fait de concessions sur ses convictions et c’est justement ça qui fait de Guardiola une inspiration et même un guide pour les jeunes entraîneurs.
Pep Guardiola ne renonce pas à ses principes (ce qui ne veut pas dire qu’il ne sait pas s’adapter), même quand il perd son premier match officiel avec le Barça ou quand il rate sa première saison avec Manchester City. Thierry Henry sur So Foot: « quand Pep Guardiola est arrivé à Manchester City, j’ai été le seul à le défendre sur Sky. Au bout de trois matchs, certains ont commencé à dire : « Ça ne marche pas, il doit changer… » Mais pourquoi changer ? Il doit améliorer quelques trucs, oui, mais pourquoi tout changer ? Pourquoi se renier ? Guardiola a été chercher Ederson, puis quelques éléments pour régler son horloge et d’un coup, rien qu’avec Ederson, si tu venais les presser, City pouvait te mettre une balle 80 mètres dans ton dos. D’un seul coup, tout change : sur un six-mètres, tu dois déjà être étiré parce qu’Ederson peut te la mettre dans le dos. Résultat, tu t’étires, et City vient combiner à l’intérieur entre les lignes. C’est un exemple, et derrière, City gagne le championnat avec 100 points, et tout le monde dit bravo. Heureusement qu’il n’a pas tout changé du coup, parce qu’on n’aurait jamais vu l’une des meilleures équipes de l’histoire, on n’aurait pas vu les 100 points. On en revient à mon point de départ : ne demande jamais à un entraîneur de changer. Laisse-le s’exprimer, qu’il joue comme il veut. »
En réalité des entraîneurs comme Pep Guardiola ou Didier Deschamps, à qui on reproche parfois leur style de jeu et leur entêtement, ne sont pas arrogants ou bornés. Ils sont juste en phase avec eux-mêmes. Ils sont cohérents avec leur vision du football, qui est pourtant complètement différente, et ils s’y tiennent. Après l’Euro 2016, et la défaite en finale, de nombreux observateurs voulaient que Didier Deschamps change de style. Il ne l’a pas fait et a fini par gagner la Coupe du monde. Et sa plus belle victoire n’est pas d’avoir remporté le Mondial mais bien d’avoir été en cohérence avec ses idées et d’avoir su fédérer son groupe autour d’elles. C’est ce qui lie Pep Guardiola et Didier Deschamps et qui font d’eux des Entraîneurs.
Fédérer et coordonner
Que l’on aime ou que l’on n’aime pas la proposition du football de Didier Deschamps, on ne peut pas lui retirer sa qualité de meneur d’homme. Pour qu’un groupe vive bien et soit solidaire, chaque individu doit trouver sa place. Qu’il s’agisse du capitaine ou du troisième gardien, en passant par le cuisinier de l’équipe. Chaque individu du groupe doit se sentir important dans la quête collective. Interrogez le staff et les joueurs des Bleus sur l’importance d’Adil Rami, qui n’a disputé aucune minute lors du Mondial 2018, et ils vous diront à quel point il a été primordial pour le groupe.
Même s’il ne s’est pas mis l’ensemble de l’opinion public dans la poche, Didier Deschamps détient l’adhésion totale de ses joueurs et c’est bien là le plus important. Bien évidemment, sa position aurait été fragilisée si les résultats n’avaient pas suivi mais sa force, c’est qu’il accorde une très grande confiance à ses joueurs, qui derrière le lui rendent. Regardez les rendements de Pogba, Griezmann, Giroud en équipe de France, voire même de Moussa Sissoko ou Blaise Matuidi ces dernières années. Ils ont évolué à leur meilleur niveau en étant dans un environnement favorable mis en place par leur sélectionneur.
Un générateur d’émotions, et bien plus
Enfin, si on part toujours du constat qu’un entraîneur, aussi bon soit-il, ne gagnera pas beaucoup plus de matches s’il n’a pas les meilleurs joueurs, alors la manière de les faire jouer, d’émouvoir le public et de créer de l’affect sont cruciales. L’idée reçue: « on ne se souvient que des vainqueurs », qui règne dans l’esprit d’une partie des acteurs du football ne peut plus perdurer. Effectivement, les livres d’histoire ne se souviennent que des vainqueurs mais pas les Hommes. Une forte émotion, belle comme mauvaise, ne peut pas s’oublier. Elle reste à vie.
Marcelo Bielsa a justement souvent donné de la vie à ses équipes, aux supporters et même plus globalement aux habitants des villes où il a entraîné. Alors qu’il a rarement eu la meilleure équipe au départ d’une compétition, il a presque toujours rendu ses équipes marquantes, agréables à voir jouer de par leur intensité et leur identité. Marcelo Bielsa est un entraîneur qui donne de la personnalité à ses équipes et à ses joueurs. Personne ne l’a oublié à Bilbao, à Marseille, et tout le monde l’adule aujourd’hui à Leeds. « La manière de jouer au football est aussi très dépendante de la culture d’un pays. Au Brésil, par exemple, on parle de Ginga, ce qui fait référence à leur manière si particulière de se mouvoir lorsqu’ils jouent au football. La manière de se mouvoir est un aspect qui est très important pour eux. Dans d’autres pays, la culture étant différente, le football sera donc pratiqué et valorisé de manière différente. Les contraintes historiques, sociales et environnementales peuvent donc influencer les comportements, y compris la façon dont on joue au football », synthétisait Keith Davids sur Nosotros. De nombreux joueurs passés sous la houlette de Marcelo Bielsa, comme Mauricio Pochettino, Marcelo Gallardo, Gabriel Heinze, Diego Simeone ou Pablo Aimar, sont devenus des entraîneurs avec une identité de jeu bien marquée. Il a donc laissé une patte sur ses joueurs, qui eux même laisseront une patte sur les leurs. Un entraîneur qui ne gagne pas de titre n’est donc pas un entraîneur qui ne sert à rien. À vrai dire, la majorité des entraîneurs de football ne gagnent pas de titres parce qu’il n’y a qu’un seul vainqueur par compétition. C’est ce que l’on a trop tendance à oublier. La valeur et l’utilité d’un entraîneur ne peuvent donc pas se juger à travers le prisme des victoires, des trophées et des classements finaux en championnat. Il faut prendre en compte sa dimension globale pour l’évaluer correctement. L’entraîneur sert donc bien à quelque chose. Il pousse constamment à réfléchir, à se remettre en question, à réévaluer sa façon de voir le football et à développer son esprit critique. Il construit et déconstruit constamment nos croyances ou idées reçues. L’entraîneur est donc philosophe, et ça par les temps qui courent, c’est vital.
Source : footmercato.net