Il est demandé au président sortant du Groupement inter patronal du Cameroun (Gicam) d’interrompre son projet de dissolution du patronat camerounais. Les Sages laissent des zones d’ombre dans leur procès-verbal du 25 mai 2023.
C’est n’est peut-être pas encore le temps d’une accalmie totale au sujet du projet de fusion-création, un projet cher à Célestin Tawamba. Mais pour de nombreux observateurs de la vie patronale au sein du Groupement Inter patronal du Cameroun (Gicam), c’est le début de l’ouverture d’un nouveau processus serein à l’assemblée générale élective de décembre 2023, qui devra aboutir au vote d’un nouvel exécutif.
C’est que, réuni au siège du Gicam à Douala le 25 mai 2023, le Comité des Sages, sous la présidence de Richard Howé, selon nos informations, a demandé au président sortant Gicam [qui ne prenait pas part aux travaux], d’interrompre le processus de dissolution du Gicam au profit d’une nouvelle organisation patronale. Il lui est en outre demandé de mettre à la disposition des membres du Gicam tous les documents relatifs à la fusion avec Entreprises du Cameroun (Ecam).
Le Conseil des Sages [constitué d’anciens présidents du Gicam, anciens vice-présidents] trouve mille défaillances au processus présenté au public le 5 avril 2023 à Douala en présence du gouverneur du Littoral Samuel Dieudonné Ivaha Diboua. Les Sages constatent que le processus de fusion-dissolution n’a pas respecté les statuts du Gicam. Du coup donc, les membres du patronat camerounais évalueront en son temps l’opportunité d’une éventuelle fusion.
En effet, a-t-il été révélé, suivant l’article 17 alinéa 2 des statuts du Gicam, le Conseil des Sages rend des avis conformes sur les projets de modification des statuts du Gicam. Ce qui oblige tous les organes de ce patronat à se conformer à ses avis, sous peine de nullité de leurs décisions.
Au regard de l’évolution de ce dossier, c’est donc les statuts actuels du Gicam qui sont et seront mis en application, aujourd’hui et demain, en attendant une modification qui aurait lieu si besoin se faisait sentir et ce, approuvé de tous. « Cela veut dire que le troisième mandat qui était espéré est à oublier, la mise à plat des statuts du Gicam comme cela était projeté est à oublier », souffle-t-on.
Le regard du gouvernement
Depuis le début de cette affaire de fusion, avec une création qui, de plus en plus commençait à poindre, le gouvernement camerounais ne s’est pas, de manière officielle, prononcé. Pourtant, à Douala le 24 mai, Grégoire Owona, ministre du Travail, n’a pas manqué de lever un large pan de voile sur la position, voilée ? du gouvernement. « Nous lisons dans les journaux ce qui se passe au sein du patronat. La situation est très tendue de ce côté. Je tiens à rappeler que si je suis venu décerner des médailles aux employés de Mit Chimie [l’entreprise d’Emmanuel Wafo, NDLR], je ne suis pas venu apporter mon onction à un camp : ni à celui qui veut la fusion, ni à celui qui s’y oppose. Mit Chimie a introduit sa demande dans nos services en décembre 2022. Tout aurait pu se passer entre temps. Dieu merci, nous sommes là. Ce que je peux dire, c’est que nous voulons un patronat fort, des employés exemplaires. Arrêtez le massacre ! Transmettez ce message à ceux qui ne sont pas présents à cette cérémonie. »
Un discours tenu en présence de nombreux patrons, relevant de la fine crème du made in Cameroun. Des têtes couronnées de la finance, de la communication, et bien d’autres poids lourds de l’industrie camerounaise sous divers segments.
Ces autres reproches faits à la fusion Gicam-Ecam
Le 5 avril 2023, des applaudissements avaient été bien nourris à la signature du traité de fusion entre le Gicam et Ecam. Passé ce moment « historique », les semaines d’après auront été très mouvementées. Mis à l’indexe, le faible poids d’Ecam –un peu plus de 400 membres face au Gicam, plus 1000 membres- aussi à l’index, une panoplie de faits : le Gicam, 66 ans, est à son 15e président. Ecam en est à son premier depuis sa création il y a 14 ans. Chez Ecam, les contributions annuelles s’élèvent à 150 mille FCFA, au Gicam, 500 mille FCFA. Le Gicam brandit 27 associations professionnelles, plus de 200 grandes entreprises, 480 PME, plus de 185 mille emplois, 8 434 milliards de chiffre d’affaires. Des données d’Ecam pour ces volets sont inconnues.
Au Gicam donc, se pose encore une question : « Comment quelqu’un qui aurait pu être greffé au Centre de petites et moyennes entreprises du Gicam (CDPME) peut venir dicter sa loi à un poids lourd ? » se demande-t-on. Aussi, dans les milieux business, revient un autre reproche. Les annexes du traité de fusion avec Ecam n’ont été révélés ni au Conseil d’administration, encore moins aux membres du Gicam. Le traité de fusion a connu des irrégularités : le conseil d’administration du Gicam n’a pas été saisi en amont, avec Ecam, c’est plutôt un projet de fusion-création qui a été négocié à l’insu des membres du Gicam. Un double jeu que le Conseil des Sages du Gicam n’approuve pas et demande d’interrompre le projet de dissolution du patronat camerounais.
A.O