C’est le résultat d’une enquête faite par le projet Arizona constitué des journalistes camerounais et ouest- africains et publiée ces derniers jours.
8674 milliards de FCFA est le montant colossal détourné pendant 24 ans au pays de Paul Biya, président de la république du Cameroun, soit plus de 31% du Pib (Produit intérieur brut) national. Ce pactole distrait représente plus de 70% de la dette globale du Cameroun qui se chiffre à environ 12.300 milliards de FCFA.
Cet argent dilapidé par des individus représente pratiquement trois fois la dette intérieure du Cameroun, laquelle s’évalue à 3046 milliards de FCFA. D’après le contenu de cette investigation réalisée par Arizona, une liste de 67 transactions suspectes devant faire l’objet d’une enquête par l’administration fiscale camerounaise affiche un équivalent de 656 millions de dollars américains de paiements non déclarés des caisses de l’État à des entités commerciales et à des particuliers douteux. La liste obtenue par l’équipe du projet Arizona au Cameroun couvre la période 1997-2021 et contient les noms des bénéficiaires ayant des liens avec l’étranger, certains réels et d’autres éventuellement faux. Cependant, les enquêtes fiscales initiées par l’ancien directeur général des impôts semblent avoir été étouffées. Aucun résultat n’a été obtenu et Modeste Mopa Fatoing a été, récemment, démis de ses fonctions par le chef de l’État.
Complicité de torture
Parmi les bénéficiaires de ces plus de huit milliards de FCFA, figurent Eugenio Matarazi, un Italien, qui a reçu 162 milliards de FCFA ; une société dénommée Finex qui a aussi reçu 90 milliards de FCFA. La troisième personnalité qui figure sur la liste est Jean-Pierre Amougou Belinga, promoteur du groupe L’anecdote aujourd’hui écroué à la prison principale de Yaoundé après avoir été inculpé le 4 mars 2023 pour « complicité de torture » relativement à l’affaire liée à l’assassinat de Martinez Zogo alors chef de chaîne de Amplitude Fm. Le patron de Vision 4 a reçu la rondelette somme de 70 milliards de FCFA.
Cette actualité a droit de cité au moment où les caisses de l’État sont vides. En effet, selon les institutions internationales, l’État camerounais n’est pas actuellement en mesure de payer ses dettes extérieures depuis fin 2022. Le 27 juillet2023, l’agence de notation Moddy’s a baissé de deux crans la note du Cameroun de B2 à Caa1. Cette régression indique, manifestement, que le gouvernement camerounais est en butte à des tensions de trésorerie, dont la conséquence est liée aux retards de paiement au titre du service de la dette extérieure à la fin de 2022 et en 2023.
Serge Aimé BIKOÏ
Source : Le Messager, N° 8092 DU MERCREDI 02 AOUT 2023
