Le problème d’attribution des espaces fonciers dans le département de la Vallée du Ntem (Sud du Cameroun) connaît, depuis le 5 mai 2021 une nouvelle étape. « Sont et demeurent rapportées les dispositions du décret N°2016/3294/PM du 11 août 2016 portant incorporation au domaine privé de l’Etat des terrains nécessaires aux travaux de constitution des réserves foncières aux lieux-dits Messa, Moyo-Centre, Nkoroveng, Abang-Minko, Nlono, Mengama-Nkol-Eton, et Zamikan-Nkomayat, arrondissement de Ma’an, d’Ambam, d’Olamze et de Kyé-Ossi, département de la Vallée du Ntem, région du Sud, et indemnisation des personnes victimes de destruction des cultures », indique Joseph Dion Ngute, premier ministre, chef du gouvernement.
Pour cerner ce problème dont l’issue du 5 mai 2021 ne manquera pas de satisfaire les populations de la vallée du Ntem, il faut remonter au 8 août 2020. Ce jour-là, toute l’élite politique, économique, traditionnelle etc. de la Vallée du Ntem se concerte. Sa colère est très grande. 66 340 hectares de ses terres sont presque sous l’escarcelle d’un homme d’affaires. Il s’agit d’Emmanuel Neossi, patron de Neo Industry, une société anonyme créée en 2015 basée à Kékem, à l’Ouest Cameroun, où sont transformées- du moins selon des prévisions-32 000 tonnes de fèves de cacao. L’usine aura donc besoin au fil du temps de la matière première en abondance. Celle-ci se cultive en zone forestière, la Vallée du Ntem est donc une bonne destination.
Problème ? Emmanuel Neossi est accusé d’avoir brûlé de nombreuses étapes, d’avoir plus brillé par l’opacité et des règles non éthiques. Ainsi, de Emmanuel Edou (ancien délégué général à la sûreté nationale et porte-parole des élites de la Vallée du Ntem en passant par Emmanuel Mbiam (député à l’époque des faits), Sa majesté Messa Petit (autorité traditionnelle très écoutée de ce côté) entre autres figures de proue, personne n’a été au courant de la transaction entre Emmanuel Néossi et quelques « autochtones », qui évitent à se dévoiler.
C’est en 2012 au travers de l’arrêté 2058/Mincaf déclarant d’utilité publique les travaux de construction des logements et la création d’une agro-industrie que cette affaire débute. Cet arrêté est notifié à trois préfets dont celui de la Mvila, celui de l’Océan et celui de la Vallée du Ntem. « On a soumis ce dossier à l’appréciation du premier ministre qui a signé le décret le 30 août 2016. De 2012 à 2016, ça fait 4 ans. Caducité ! Parce que la loi donne un délai de deux ans et on peut encore le renouveler sur une seule année. Donc le décret du premier ministre (Philémon Yang) était fondé sur un arrêté manifestement caduc. C’est-à-dire, l’arrêté était déjà mort », explique Me Christian Engo, porte-parole du collectif d’avocats mis en place pour défendre les intérêts de la vallée du Ntem.
Aloys ONANA