Depuis le 4 mars 2021, tous les appareils de production de Sano sont à l’arrêt. Le ministère des Mines, de l’industrie et du développement technologique (Minmidt) l’a suspendue pour « non-respect des normes d’exploitation et de conditionnement des bouteilles et de bonbonnes d’eau destinées à la consommation du public, en application des dispositions des articles 95, 213, et suivants de la loi n°2016/017 du 14 décembre 2016 portant Code minier », indique le Minmidt.
La reprise de la production devrait reprendre dans six mois. À condition de remplir certaines conditions. Notamment la présentation d’un rapport de décontamination totale du site, réalisé par une structure agréée par le ministère en charge de la Santé publique, la présentation d’un plan de gestion des déchets approuvé par l’administration en charge de l’environnement, la mise en place d’une ligne de conditionnement automatisée pour toutes les gammes, la présentation des résultats satisfaisants des analyses physico chimiques et microbiologique complètes réalisées par un laboratoire agréé par le ministère en charge des Mines ou de la Santé publique. La liste n’est pas exhaustive.
Au sein de Sano depuis lors, l’heure est au questionnement. La surprise est manifeste. Le top management soutient que l’entreprise est totalement en conformité avec des exigences camerounaises. Pour le justifier, deux résultats d’analyse sortent des tiroirs. Le premier remonte au 7 janvier 2021. Cette analyse a été faite par le Centre des analyses, des essais et de la métrologie industrielle, section des analyses de substances fluides/laboratoire des analyses bactériologiques du Minmidt.
Le rapport de cette analyse ressort une totale absence de germes potentiels pathogènes. Germes sur les indicateurs de contamination zéro. Sur le nombre de coliformes thermo tolérants dans 100 ml, rien à signaler, zéro spores de bactéries anaérobies. Conclusion générale. « Acompte normal, aucun argument bactériologique en faveur d’une eau infectée », soutient le chef de centre.
Le 13 janvier 2021, une autre analyse du même acteur est faite sur les eaux de Sano. Le chef de centre est constant dans ses observations. « Eau de minéralisation faible, douce et claire, caractère organoleptiques normaux. Aucun paramètre physicochimique susceptible de nuire à la santé. »
Sano présente dans la foulée une ligne de conditionnement automatique, désormais à l’arrêt, tout comme les engins roulants de la maison. « Nous avons vu la vidéo. Nous la reconnaissons. Mais cette chaine de production n’est pas celle destinée à la production de l’eau mise sur le marché. C’est un point de nettoyage pour le recyclage », argumente Marie Bernadette Moyo, en charge de la communication, qui était face à la presse le 6 mars 2021. Pour elle, il s’agit d’une « indélicatesse », qui ne devrait pas porter atteinte à cette entreprise qui a nécessité 800 millions de FCFA pour son démarrage.
Fondée en 2009, Sano est une entreprise chinoise dans la production et la distribution des produits alimentaires tels que l’eau minérale, les boissons gazeuses, les boissons thérapeutiques et les nectars de fruit. Initialement installée en Guinée Équatoriale en 2009, cette entreprise est arrivée au Cameroun en 2012. Elle revendique 400 employés. Son premier site d’implantation de 20 mille mètre carrés à Ndokoti étant devenu exiguë, le 28 avril 2020, le Minmidt lui a servi un « arrêté portant autorisation d’implantation et d’exploitation complémentaire d’un établissement de première classe, établie au profit de votre unité de production et de commercialisation de l’eau minérale, des jus de fruits, et des boissons hygiéniques, située à Ndokoti, arrondissement de Douala 3e . »
Aloys Onana