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by EDC
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Le gouvernement camerounais confesse son incapacité

Du riz à l’huile de palme en passant par du maïs, le pays de Paul Biya vit aux crochets de ce qui est produit à des milliers de kilomètres de ses frontières.

Avec ses 7 millions d’hectares de terres cultivables, le Cameroun exploite tout juste 1,5 millions de cette manne qui ferait pâlir de jalousie un pays comme la Suisse, un petit pays que Paul Biya chérit et qui est fait en grande partie de montagnes (le quart du sol est improductif) mais la Confédération helvétique  ne dépend pas de l’extérieur pour se nourrir.

 Contrairement à ceux qui n’ont pas de terre, le Cameroun, lui, reste mains mortes face à cette chance. A en juger par les renversantes confessions des ministres de Paul Biya, et pas les moindres. «Sans prétendre à l’autarcie, notre pays doit pouvoir contenir le volume de ses importations en les circonscrivant à l’essentiel, c’est-à-dire aux produits nécessaires à la croissance de son économie et indispensables à sa compétitivité». Observe Luc Magloire Mbarga Atangana, le patron du ministère du Commerce (Mincommerce).

Du riz déchargé

En réalité, ses propos rejoignent ceux du chef de l’Etat qui, lui-même, a également fait cet amer constat lors de son discours d’investiture. En effet, le 6 novembre 2018, Paul Biya avait recommandé de développer des secteurs de l’économie susceptibles de réduire l’entrée des biens sur le territoire camerounais. « Il me semble opportun  de nous attacher à développer des secteurs de notre économie qui pourront réduire sensiblement nos importations de biens et services », glissait-il, la gorge serrée. Pour lui, « cette politique présentera l’avantage de nous permettre de rééquilibrer notre balance commerciale chroniquement déficitaire. » Aveu d’échec de sa propre politique agricole, en 37 ans de règne.

Le terrible constat ne sort pas seulement de la bouche la plus autorisée du Cameroun. D’autres barrons de l’économie locale se mettent à la suite de leur leader. « L’analyse des principaux soldes de la balance de paiements du Cameroun révèle une détérioration progressive du déficit de la balance commerciale des biens et services (…). Le compte courant de la balance des paiements est structurellement déficitaire depuis plusieurs années et l’examen des données sur la période  1996-2018 met en évidence une corrélation entre l’aggravation progressive du déficit courant et l’accélération des dépenses d’importation de biens (…). Ces dépenses restent dominées par les produits alimentaires, les boissons, les tabacs, les produits minéraux, les biens d’équipement et autres consommations des ménages », se désole Louis Paul Motaze, ministre des Finances.

Du maïs venu de l’extérieur

Le grand argentier national du Cameroun parle d’un manque à gagner de 800 milliards de FCFA pour l’économie nationale. Et son collègue du Commerce de déplorer cet état de chose : «Notre pays importe des produits alimentaires ainsi que des produits manufacturés pouvant pourtant être fabriqués localement pour la satisfaction, non seulement du marché intérieur, mais également du marché régional. Ces importations, ont un coût élevé pour notre économie.»

Pour remédier à cette situation, le Minfi préconise « l’amélioration des stratégies de développement des productions dans le secteur agro-pastoral, dans les filières du bois et du textile, ainsi que la restructuration des services de transport et le renforcement des capacités d’intervention des entreprises locales. »

Thierry Christophe YAMB

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