Issa Tchiroma Bakary, [photo] ministre de l’Emploi et de la formation professionnelle (Minefop) souligne avec insistance l’un des éléments clés qui ont donné des ailes au développement de certains pays. « Que la formation professionnelle soit un instrument de notre pays et favorise la création des richesses. L’Inde, la Chine, les Etats Unis sont devenus développés parce qu’ils ont su renverser l’ordre de l’enseignement en accordant plus d’importance à l’enseignement professionnel. »
Ainsi donc, convaincu de la puissance de la formation professionnelle, l’Agence française de développement (AFD) a débloqué des fonds il y a longtemps pour la construction à Douala et Edéa de deux Centres de formation professionnelle sectoriels (CFPS). Problème, l’argent sommeille à la banque.
Sur le terrain, aucun bâtiment n’a vu le jour ni à Edéa encore moins à Douala. « Voilà exactement dix ans, que le Gicam (Groupement inter patronal du Cameroun) s’est engagé aux côtés (du ministère de l’Emploi et de la formation professionnelle) suite à l’intérêt manifesté par les entreprises pour ce projet afin d’y prendre une part active. C’est dans le cadre de ce partenariat noué le 31 octobre 2012, ce qui fait dix ans jour pour jour ! et plus spécialement du protocole d’entente de décembre 2013 qui nous lie, et que nous avons organisé des activités conjointes qui n’ont débouché entre autre sur six modules de formation qui ont permis de former à date, 419 salariés depuis 2018, une quarantaine de formateur de la CNPS », se désole Célestin Tawamba, président du Gicam.
Qui ajoute. « Dix ans après le début de ce projet, les centres ne sont toujours pas construits malgré les dispositions de fonds depuis sept ans. Ça fait très mal au cœur de savoir qu’il y a de l’argent et le travail n’est pas fait. Très souvent, nous avons des projets et nous n’avons pas d’argent. Ce cas crée des frustrations. A l’entame 2020, je relevais l’absence de lisibilité sur le début des travaux de construction, jusque-là, je n’en vois toujours pas. Les lourdeurs administratives plombent, une bonne partie du budget étant déjà consommée par le fonctionnement. La cérémonie de pose de la première pierre reste toujours attendue. Moi, je préfère poser les dernières pierres. »
La construction de ces infrastructures à Douala et Edéa ne doit plus attendre de l’avis du Minefop. D’où la tenue des assemblées constitutives à Douala le 31 octobre 20222 dans le but de signer des conventions constitutives des GIP [Groupement d’Intérêt Public] /CFPS, expliquer aux partenaires du secteurs publics et privés ce qui devra être fait et pour mieux cerner les rôles à jouer dans ces projets qui sont gérés en mode partenariat public privé (PPP).
« L’AFD c’est le financier qui met à la disposition du gouvernement camerounais des moyens pour la formation du capital humain. Mais il n’aimerait pas investir à fonds perdus. Il sait très bien que c’est le secteur privé qui doit bénéficiaire de cet investissement. C’est donc pour cette raison que l’AFD exerce une espèce de pression sur nous. L’AFD nous donne de l’argent pour construire les centres, les équiper pour la production des référentiels, pour la formation des formateurs. L’Etat n’a pas vocation à créer les richesses, aucun pays au monde, peut être dans les Etats communistes, la fonction d’un gouvernement n’est pas de créer la richesse, c’est de gérer la richesse. Les créateurs de richesse c’est vous le secteur privé », explique Issa Tchiroma Bakary.
Ces CFPS sont spécialisés dans les métiers de l’agro industrie pour le centre de Douala et aux métiers de la maintenance industrielle, le transport et logistique pour le centre d’Edéa.
Aloys Onana