Borel Taguia Kana est à la tête d’une entreprise, Tagus Drone, qui a débuté en 2017. Né en 1994 à Mbouda –Ouest Cameroun- le jeune ingénieur lève un pan de voile sur cette innovation qui fait son bout de chemin sans tambours ni trompettes. « Le projet a commencé en 2017 lorsque j’ai obtenu mon diplôme à l’Ecole Polytechnique de Maroua. J’avais rédigé mon mémoire sur les drones dans le domaine sécuritaire et créé mon premier prototype à cette occasion, ce qui m’a permis de sortir major de ma promotion et de l’Ecole. J’ai été salarié à la fin de mes études pendant deux ans, puis j’ai pris conscience qu’il existait un marché pour les drones au Cameroun et j’ai décidé de créer mon entreprise en 2019. »
Ayant étudié à Maroua, les incursions de la secte terroriste Boko Haram vont servir de compost à l’imagination du jeune ingénieur. Qui mesure la portée de la sécurité/ contrôle des frontières. Des heures de travail ne se comptent donc plus afin d’aider l’armée. Mais actuellement, de nombreuses idées sont nées. D’autres prototypes de drones aussi. « Si le premier prototype que j’ai créé répondait à des besoins sécuritaires, les prototypes actuels proposent des solutions dans des domaines variés tels que la santé, la cartographie et l’agriculture. Par exemple, dans le cadre de la crise de la Covid-19, nous avons créé un modèle de drone pour la sensibilisation des populations et un autre pour désinfecter les zones affectées par le virus. Nous avons également un modèle de prise d’images aériennes qui capture des images en 4K qu’on peut valoriser dans le bâtiment pour le suivi des travaux ou pour la cartographie. Enfin, certains modèles ont été pensés pour l’agriculture et permettent la pulvérisation des plantes pour permettre leur bonne croissance. »
Ce n’est pas la première fois qu’un jeune camerounais revendique sa capacité à fabriquer des drones. Le premier a fait face à des critiques qui l’accusaient de tout importer et de revendiquer ce qui n’était pas le fruit de son génie. Tagus Drone explique son mode de fabrication. « Pour le prototype fabriqué en 2017, 80% des composants avaient été conçus au Cameroun, car seul la coque avait été imprimée à l’étranger. Maintenant avec le projet TAGUS DRONE, l’idée c’est de mettre tout une chaine de production au Cameroun, où tous les composants y seront fabriqués (coque, circuit électronique de commande, contrôleur de vol, moteur, ESC, etc. et ce par des Camerounais. »
L’ambition de produire le maximum de drones à partir du sol camerounais pour inonder l’Afrique et le monde est grande. Il faut de l’argent. Le vrai. D’où le lancement d’un financement participatif qui vise à lever plus de 500 millions de FCFA. C’est grâce à ces fonds que la jeune équipe constituée d’une dizaine de jeunes compte produire et vendre leurs modèles que sont le SR21, Infinity, AKEVAcare, TAGUSsnap.
Dans le détail, le drone SR21 est un appareil à ailes volantes rechargeable par énergie solaire, il est destiné aux applications militaires telles que la surveillance et la reconnaissance. Il sert à la surveillance des frontières, la reconnaissance faciale, contrôle à distance des drones non autorisés sur un territoire surveillé. Le drone AKEVAcare. Il est destiné aux applications médicales. Il permet de reconnaitre des zones sinistrées, de faire la livraison de trousse de secours et médicaments urgents dans des zones non accessibles ou difficilement accessibles par voie routière. Le drone TAGUSsnapp permet la prise de vue aérienne de haute résolution. Enfin, Le drone INFINITY. Il est doté d’ailes volantes rechargeables par énergie solaire. Comparé à un mini satellite terrestre, il est destiné aux applications de télécommunication et assure la surveillance des antennes de relais, le partage du réseau mobile, le partage de connexion internet. Tous ces appareils peuvent voler jusqu’à 1500 mètres de haut et ont durée d’autonomie de plus de trois heures de temps, car rechargeables automatiquement aux rayons solaires.
L’idée est originale et gourmande en fonds. C’est pourquoi, « Depuis le 21 Mai 2019, nous avons lancé au travers de la plateforme https://tagusdrone.com un financement participatif où il est possible à tout investisseur de par le monde de pouvoir investir dans l’entreprise, et ce sur une période de 2 ans. » L’entreprise compte rassembler 500 millions de FCFA d’ici avril 2021.
La hargne d’aller le plus loin possible est sans égale car selon le rapport de la firme américaine Grand View Research Inc, le marché de drones devrait atteindre plus de 84 milliards $US, soit plus de 4876 milliards 87 millions 20 mille FCFA d’ici 2025. « C’est dire ici que le marché de drones est extrêmement grand dans un continent en pleine croissance tel que l’Afrique », se convainc le patron de Tagus Drone.
Aloys Onana
