Bien que le chiffre d’affaires de ses investissements provienne à 80 % de ses entreprises de communication, à ces différents niveaux-là, rien n’est indiqué avec précision. Aucune confirmation officielle, encore moins un démenti formel, juste un laconique communiqué indiquant que le Groupe Bolloré ne « commente pas les rumeurs de presse concernant ses activités de transport et de logistique », même si, CMA CGM et Maersk contactés par l’AFP par www.lepoint.fr indiquent de leur côté qu’il est « vraisemblable qu’il [le groupe Bolloré] évalue la valeur » de son activité logistique, sans que cela aboutisse forcément sur une cession, a commenté auprès de l’AFP une source au fait du dossier.
C’est que, le vendredi 15 octobre, le très crédible Le Monde dans son édition en ligne a dévoilé que Vincent Bolloré aurait chargé la banque d’affaires Morgan Stanley de sonder d’éventuels acquéreurs pour son pôle africain. Selon le quotidien, « la banque d’affaires Morgan Stanley a été chargée de sonder discrètement l’intérêt des acquéreurs potentiels, notamment les grands noms du transport maritime », dont l’armateur français CMA CGM et le danois Maersk qui étudieraient le dossier.
Cette concession sur le segment transport et logistique, certes encore chuchotée et non confirmée, arrive à moment particulier de l’histoire économique du Groupe Bolloré en Afrique. D’abord le port de Douala. Ici, pendant quinze ans, la 14e fortune de France a piloté le terminal conteneurs. Un pan entier qui a lui a été retiré. Malgré les appuis de l’Elysée via Jean Yves Ledrian. Paul Biya a noyé le magnat breton dans les eaux du Wouri. La suite, révèle l’Information financière du premier trimestre 2020 du Groupe, notamment la branche transport et logistique, a baissé, passant de 1 483 milliards d’euros en 2019 (plus de 972,784 milliards de FCFA) pour situer à 1 394 milliards d’euros (un peu plus de 914,404 milliards de FCFA), une baisse donc de 89 millions d’euros (58,38 milliards de FCFA).
En dehors de cette performance à la baisse –que le Groupe a toujours relativisée- d’autres affaires se sont greffées à Bolloré. La corruption. Elle a teinté son visage. Notamment au Togo, en Guinée Conakry et au Bénin. L’opinion pense désormais que Bolloré et la corruption sont comme la tortue et sa carapace, jamais dissociées.
En rappel, accusé par la justice française d’avoir apporté son aide à des campagnes électorales en échange de l’attribution de concessions portuaires au Togo et en Guinée, le Groupe avait accepté, début 2021, une convention comprenant une amende de 12 millions d’euros et une surveillance par l’Agence française anticorruption. Pour certains media français (www.ouest-france.fr, www.rfi.fr ) cette opération de cession est donc sérieuse et a volontairement fuité afin de doper la concurrence de potentiels repreneurs.
Sorti du tabac, où il était leader en 2001, Vincent Bolloré, 69 ans, a continué à investir massivement en Afrique dans le transport et la logistique, achetant à tour de bras (Scac, Saga, Delmas-Vieljeux, les actifs de Necotrans…). Il a réussi à constituer, dans 47 pays, l’unique réseau complet du continent. Et n’a connu que deux échecs : à Dakar, il a été remplacé par DP World (groupe public de l’émirat de Dubaï) dans les années 2000 ; à Douala, il a été évincé début 2020.
Aujourd’hui, Bolloré est présent dans 42 ports africains en qualité d’opérateur de terminaux, d’agent de lignes maritimes ou de manutentionnaire. Il gère seize terminaux à conteneurs, principalement en Afrique centrale et en Afrique de l’Ouest, mais aussi trois concessions ferroviaires, des entrepôts et des ports secs, etc. Si l’opération de cession avait lieu, indique www.lepoint.fr , le conglomérat conserverait également une activité de distribution pétrolière, des systèmes de stockage d’électricité, et des participations financières, dont le contrôle du groupe de communication Vivendi, également présent en Afrique via ses filiales Havas et Canal+. Plus rentable que la logistique internationale de Bolloré, la branche de logistique africaine reste plus petite en chiffre d’affaires, avec 2,1 milliards d’euros réalisés en 2020. Elle emploie plus de 20 000 personnes, selon le groupe.
Economie du Cameroun