C’est la Région la plus peuplée du Cameroun. Avec ses 5 millions d’habitants dont 60 % ont moins de 35 ans, cette partie du Cameroun se distingue en outre par ses potentialités économiques. De l’avis de Rosalie Sadou, membre du conseil régional, la Région de l’Extrême-Nord compte 34 262 Km2 de superficie dont 18 350 Km2 de terres arables, mais seulement 970 925 ha exploités. « Il y a donc possibilité de produire plus en incorporant les terres encore non exploitées, mais aussi de faire plusieurs rotations sur les surfaces déjà utilisées, tout en respectant le droit à l’élevage et à la pisciculture modernisés. Quelques chiffres indiquent l’importance de ces secteurs », indique-t-elle.
Au sujet des chiffres, en 2021, l’on comptait 2 753 320 têtes de bœuf, le secteur caprin, 3 719 441 individus, le domaine porcin, 130 360 individus, la volaille, 35 410 388 sujets, tandis que le segment poisson a produit 474,5 tonnes. Côté agriculture, la Région est aussi très dynamique. En 2021, c’est 68,7% de mil qui ont été produit, 61,36 % de riz (que le Nigéria voisin absorbe beaucoup), 79,79 % d’oignon, 40,75% de gombo, 32,55% d’arachide. L’on ne perd pas de vue du soja, niébé –plus apprécié que le cacao- sésame ainsi que beaucoup de fruits qui nécessitent une transformation pour meilleure conservation.
Far North Business Week
Pour donc redonner vie et puissance à l’économie de cette partie du Cameroun, le conseil régional était à Douala le 22 septembre rencontrer la presse et des investisseurs afin d’annoncer et présenter le Far North Business Week. Dans le détail, il s’agit d’une semaine allant du 9 au 19 novembre 2022 à Maroua au cours de laquelle, des débats, séances de rencontre, de lobbying, réseautage, be to be, des moments de mise en exergue de la culture locale et surtout, les bienfaits qu’il y a un investir à l’Extrême Nord. « Jusqu’à présent nous avons fait un travail de fond pour maitriser l’économie de la Région. Nous avons parcouru l’extrême Nord pour demander à la population quels sont leurs besoins réels et cela nous a permis de bâtir un plan régional de développement. Maintenant nous devons passer à la phase opérationnelle. Il faut faire connaitre le plan de développement, de reconstruction du Chef de l’Etat et présenter à la population, aux investisseurs, les potentialités de la Région de l’Extrême Nord », précise Daniel Kalbassou, président du conseil régional de l’Extrême Nord.
Evoquer cette partie du Cameroun ne saurait se faire sans évoquer les tristes évènements de la secte islamique Boko Haram qui y a sévi pendant un temps. Mais ça, c’était avant. « Boko Haram est derrière nous. Le gouvernement a pris des mesures et maintenant il n’y a plus d’activités de Boko Haram dans l’Extrême Nord. Il y a une mobilisation de la population et de l’Etat pour chasser Boko Haram et là, il n’est plus au Cameroun. Ne confondez pas avec des bandits qui cherchent à manger à la frontière. Boko Haram est derrière nous ! La place est actuellement à la relance de l’économie », rassure Daniel Kalbassou.
Qui ajoute. « L’Extrême Nord a beaucoup de potentialités. Elles sont énormes en termes de populations (cinq millions d’habitants). Nous voulons mettre en valeur les potentialités de la Région afin de la développer et là, nous avons besoin de partenaires. D’abord la communication. Si nous ne communiquons pas, notre projet ne peut pas réussir. Si le Cameroun doit atteindre l’émergence en 2035, c’est le tout le pays qui devra être développé, et l’Extrême Nord ne saurait rester à l’écart. »
En dehors de l’agriculture, d’autres segments économiques sont à explorer dans cette partie du Cameroun.
Pour les organisateurs de la semaine économique en préparation, il est par exemple rappelé que le Cameroun en général et l’Extrême-Nord en particulier éprouvent d’énormes difficultés d’approvisionnement en énergie électrique ces dernières années. Or la Région de l’Extrême-Nord est classée dans la zone 5, c’est – à – dire celle recevant le maximum d’irradiance solaire par an dans le monde. « L’Extrême-Nord en reçoit environ 6 KWh/m2/jour. En plus elle est éclairée 365 jours par an et 10 heures par jour. Du coup, cette chaleur rendant la vie quotidienne difficile, peut être transformée en énergie électrique pratiquement gratuite après 10 à 15 ans d’amortissement de l’investissement initial », souligne Rosalie Sadou.
Aussi, ajoute-t-on, La Région est une merveille dans le domaine touristique car qualifiée la plus belle des Régions du Cameroun et même « d’Afrique en Miniature ». D’après le classement de Bloom Consulting Ranking, elle était au 25e rang des destinations touristiques d’Afrique en 2014. C’est une position à reconquérir et à améliorer. « Les conditions attractives sont toujours présentes : parcs nationaux de Waza, Kalamaloué, Mozogo Gokoro; paysages lunaires des Kapsiki, Monts Rhumsiki, Pic de Mindif, Pic de Moutourwa, diversités culturelles, artistiques, artisanales et d’hébergement », entre autres.
Daniel Kalbassou renforce les raisons de la Far North Business Week. « Jusqu’à présent nous avons fait un travail de fond pour maitriser l’économie de la Région. Nous avons parcouru l’extrême Nord pour demander à la population quels sont leurs besoins réels et cela nous a permis de bâtir un plan régional de développement. Maintenant nous devons passer à la phase opérationnelle. Il faut faire connaitre le plan de développement, de reconstruction du chef de l’Etat et présenter à la population, aux investisseurs, les potentialités de la Région de l’Extrême Nord. »
Aloys Onana