En réunion le 3 juin à Douala, les membres de cette commission entendent marquer l’histoire industrielle du Cameroun.
La Commission industrie (C-Industrie) du Groupement des entreprises du Cameroun (Gecam) mesure l’étendue des potentialités économiques du Cameroun et se veut cet aiguillon qui viendra réveiller le secteur privé et le secteur public pour une union de forces, dans le but de créer des emplois et doper la croissance. « C’est une commission qui se veut inclusive, ouverte pas seulement aux membres du Gecam, mais à d’autres. Nous devons tout faire pour structurer véritablement notre industrie. Et puis, l’Etat a besoin de comprendre comment sont structurées les filières pour mieux adresser la fiscalité. Parce qu’aujourd’hui ils taxent parce qu’ils ne comprennent pas. Mieux on aura des filières qui seront structurées, mieux on pourra adresser justement la fiscalité adaptée à ces filières », confie Célestin Tawamba, président du Gecam.
Les enjeux sont donc multiples avec en prime, le souci profond de corriger les manquements qui ont jusque-là poussé le Cameroun à marcher très loin de la politique industrielle qui a fait ses preuves ailleurs. Pour la C-Industrie, il est urgent d’agir sur des points clés. L’un deux, la digitalisation. Des entreprises industrielles qui ne vont pas se digitaliser pourraient disparaitre, se convainc Patrice Yantho Yondeu, figure de proue de la C-Industrie.
« Il était important d’organiser une prise de contact avec les différentes industries afin de partager avec elles la vision qui est celle du Gecam relativement aux problématiques de viabilité et de compétitivité. L’objectif étant de permettre l’industrie camerounaise d’être plus efficace, compétitive et de pouvoir profiter des opportunités que vont offrir la Zone de libre-échange continentale. Pour cela il faut nécessairement passer par la viabilité de ces entreprises, s’assurer que les conditions optimales peuvent être réunies pour continuer leur exploitation et de pouvoir organiser leur croissance pour une maturité certaine et conquérir de nouveaux marchés, non seulement sur le plan local mais également sur le plan sous-régional », confie Patrice Yantho Yondeu.
Des idées industrieuses émergent de part et d’autre et invitent déjà le secteur privé et celui public à cheminer pour des résultats probants. Et pour certains, le grand Nord dans son ensemble devrait être une priorité. « Il y a une très faible industrialisation dans tout le grand Nord. En dehors de la Sodecoton il n’y a plus une grosse industrie qui puisse créer de la valeur ajoutée. C’est l’industrie qui crée la valeur ajoutée, qui créé le développement, réduit la pauvreté ; créé des emplois. Ce moteur de développement manque au Nord. On le dit d’autant plus qu’il y a beaucoup de potentialités. Je note par exemple le secteur agricole, je vais parler de l’arachide. On peut bien industrialiser cette filière pour pouvoir non seulement résorber le déficit en matière oléagineuse – il est communément dit qu’il y a 100 mille tonnes d’huile palme qu’il faut importer au Cameroun. Il n’y a pas que l’huile de palme, il y a d’autres produits qui permettent d’avoir de l’huile parmi lesquels l’arachide, le sésame, le tournesol », observe Hamidou Adamou, investisseur dans l’industrie laitière.
De l’avis de certains industriels, le secteur oignon est un puissant vecteur de croissance qui permet par exemple au Groupe Olam d’être un as dans l’industrie agro industriel. Il est confié que 70 % de l’oignon contenu dans les produits Mac Donald sont livrés par ce Groupe singapourien et donc, le Cameroun peut mieux structurer cette filière. « Il y a l’oignon qui est produit. Il est saisonnier, et comme il n’y a pas d’industrialisation, à chaque fois on perd une bonne partie de la production agricole et une bonne partie de l’année, il y a l’inflation du prix de l’oignon, qui passe du simple au triple, tout simplement parce qu’il n’y a pas une industrialisation de cette filière. En clair, des exemples où l’industrialisation peut exceller, il y en a beaucoup : l’élevage, abattage des bovins, de la maroquinerie, il y a bien de filières à industrialiser. Il faut donc, par-dessus tout, la volonté politique, les moyens financiers, des investissements privés pour tirer toutes ces filières vers le haut », indique Hamidou Adamou. De la production énergétique à la production de l’eau potable, la C-Industrie compte ne laisser sur le bas-côté aucune filière capable de booster l’industrie locale.
A.O