Home » Le patronat envisage une foire annuelle de l’emploi, afin de   limiter la saignée migratoire pour le Canada, un phénomène dont les pertes financières à l’État avoisineraient 500 milliards FCFA

Le patronat envisage une foire annuelle de l’emploi, afin de   limiter la saignée migratoire pour le Canada, un phénomène dont les pertes financières à l’État avoisineraient 500 milliards FCFA

by EDC
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Le but n’est pas d’éradiquer le phénomène, mais de le réduire au maximum.

Le ton de Célestin Tawamba, le président du Groupement des entreprises du Cameroun (Gecam) est grave en ce 18 septembre, jour dédié à la rentrée économique du patronat camerounais. « Nous pouvons envoyer plein de chômeurs au Canada. Nous ne pouvons pas accepter que des gens laissent des ardoises en entreprises et s’en vont se réfugier au Canada. Ce pays devrait prendre du temps pour savoir ce que faisait chaque candidat qui compte aller sur son territoire, leur demander où ils travaillaient avant. »

C’est que, pour aller au Canada, des prêts bancaires sont très souvent sollicités. Une fois obtenus, aucune nouvelle n’est plus donnée, la ressource humaine s’évapore pour d’autres pays. Les pertes sont vertigineuses, souligne Antoine Ndzengue, membre du conseil d’administration du Gecam. « Pendant longtemps, les jeunes africains étudiants ou sans emploi, s’orientaient vers l’occident : l’Europe et les Etats-Unis. Cependant, un phénomène paradoxal s’est récemment intensifié : de jeunes diplômés déjà en emploi dans leur pays choisissent de s’installer au Canada. Au Cameroun depuis ces dernières années, cette tendance s’accélère, devenant à la fois incompréhensible et préoccupante tant pour les politiques que pour les dirigeants d’entreprises. 6000 jeunes salariés dans des secteurs d’activités différents ont quitté le pays pour le Canada depuis le début de l’année en cours », indique le patron de Neptune Oil.

Qui va plus loin. « En 2023, on enregistrait près de 11700, et seulement un peu plus de 6000 en 2022.  Cette fuite galopante des talents en quête d’une vie meilleure pose néanmoins des défis majeurs d’abord aux entreprises locales qui éprouvent désormais de sérieuses difficultés à retenir et à remplacer ces jeunes professionnels qualifiés, menaçant ainsi leur croissance, et leur compétitivité. Ensuite, au niveau de l’Etat, plus dévastatrice que la traite négrière, elle contribue à le priver d’un capital intellectuel qu’il s’est chèrement constitué, pouvant provoquer des retards intellectuels, scientifiques, économique et sociaux comparativement à un monde occidental de plus en plus compétitif et agressif. »

Antoine Ndzengue enfonce le clou. De son analyse, il ressort que l’État du Cameroun investit des sommes considérables en consacrant l’essentiel de ses dépenses budgétaires pour la formation et l’éducation de la jeunesse. « Pour achever la formation d’un ingénieur ou d’un jeune qualifié, il assure une dépense annuelle moyenne d’au moins un million de FCFA pendant 25 ans (depuis sa naissance jusqu’à la date de fin de formation). En considérant des départs de près de 20 000 jeunes salariés sur l’année 2024, les pertes de l’Etat du Cameroun de ce fait s’élèveraient à une valeur minimale de 500 milliards de FCFA, soit près du dixième de son budget global annuel. »

De sa lecture, lorsque ces jeunes, diplômés ou non, émigrent au Canada sans avoir contribué à minima à la régénération des richesses consommées ou tout simplement pour valoriser l’investissement consenti sur eux, en vue d’assurer la soutenabilité du modèle économique national, ces investissements constituent des pertes sèches pour l’État.

Pour limiter ces pertes de ressources humaines et financières, le Gecam lors de sa rentrée économique le 18 septembre a annoncé la création d’une foire nationale de l’emploi. Ce grand moment d’information, communication, découverte d’entreprises, se convainc le Gecam, permettra de réduire l’immigration. Mais précise Célestin Tawamba, il est n’est question d’éradiquer le phénomène car depuis toujours, l’immigration a caractérisé l’humanité. Mais parce que « le Canada récolte là où il n’a pas semé » comme le déplore Antoine Ndzengue, la foire de l’emploi permettra de changer de paradigme. Retenir autant que possibles tous ces fonds investis pour les visas, hôtels, billets d’avion etc.

Aloys Onana  

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