Le Groupement inter patronal du Cameroun (Gicam) voudrait voir la loi des finances (LF) de 2021 être toute particulière, car 2020 est perçue, preuves à l’appui, comme une année suicidaire pour les entreprises camerounaises, négativement touchées par la pandémie du coronavirus à 97 %.
Le premier patronat du Cameroun face au premier ministre chef du gouvernement à l’occasion de la 11e édition du Cameroon business forum (CBF) le 22 octobre à Yaoundé, souhaite voir plus de souplesse. D’où les propositions faites au gouvernement. Le Gicam classe ces propositions en diverses strates. D’abord celles jugées « urgentes d’apaisement, indolores au budget de l’Etat et pouvant être prises en compte dans la prochaine LF 2021. »
Ici, Célestin Tawamba, le président de ce patronat, suggère le paiement de la dette intérieure à travers sa titrisation. Une dette, constate le Gicam qui a déjà atteint des sommets et se chiffre à 2000 milliards de FCFA. D’autres idées sont égrenées.
Les patrons conseillent de revoir le fonctionnement de l’attestation de non-redevance(ANR). « C’est une véritable embuscade fiscale. Il n’est pas juste que la contestation d’une dette dans le cadre d’un contentieux fiscal empêche la poursuite normale des activités d’une entreprise », pointent les capitaines d’industrie. Qui ajoutent la baisse du coût d’accès au contentieux fiscal.
Aussi, « les contrôles ayant repris, nous redemandons la suspension des vérifications générales (fiscaux douaniers, CNPS) sur place jusqu’en fin d’année 2021, ainsi que de tous les autres contrôles diligentés par les autres administrations. Les contrôles fiscaux ne représentant que 3% des recettes fiscales, y surseoir serait une bonne mesure d’apaisement. »
Pour 2021 les patrons camerounais regroupés au sein du Gicam font d’autres propositions. Celles-là ont un caractère financier, bancaire et fiscal. Elles proposent au premier ministre Joseph Dion Ngute d’attendre l’aménagement des règles de provisions de la COBAC afin de permettre aux banques d’accorder des reports d’échéances de paiement (exemple de l’UMEOA), la mise en place de fonds de soutiens aux grandes et petites entreprises avec des emprunts garantis par l’Etat pour obtenir des taux bonifiés, l’octroi de subventions à certaines filières et secteurs très touchés par la pandémie.
Une insistance est faite sur le fisc, afin qu’il soit souple. Et donc il faut « opérer un changement de paradigme fiscal visant à sortir du système d’imposition basé sur le chiffre d’affaires. Nous ne le répèterons jamais assez, le minimum de perception de l’IS (impôt sur les sociétés) basé sur le chiffre d’affaires rend notre fiscalité confiscatoire à certains égards et ne permet pas d’élargir l’assiette fiscale. De plus, il alimente l’informel en décourageant les migrations vers le formel et en poussant même parfois au chemin inverse, du formel à l’informel. »
A l’occasion du la 11e édition du CBF tenue à Yaoundé, les créateurs de richesse rassemblés au Gicam ont proposé en outre des mesures d’ordre économique et structurel. C’est le cas de la promotion des filières prioritaires, la promotion du « local content », l’élévation des champions nationaux et de la préférence nationale.
« Toutes ces mesures ont été reprises dans notre Livre Blanc sur l’économie camerounaise de publication récente. Elles sont surtout assorties d’une nécessité absolue d’instauration d’un cadre permanent de concertation entre l’Etat et le secteur privé », souligne Célestin Tawamba.
Aloys Onana