Les marchés publics au Cameroun font courir de nombreux patrons d’entreprises. Pour avoir une idée précise sur ce volet, le Groupement inter patronal du Cameroun (Gicam) a sollicité l’expertise du Butreau International du travail (BIT). Objectif, explique Mireille Fomekong, président de la Commission entreprenariat féminin (CEF) logé au sein du premier patronat camerounais, donner à la nation camerounaise des statistiques fiables et plus parlantes sur la représentativité et la représentation des femmes à l’économie camerounaise.
Indice parlant, les données de la commande publique. L’enquête menée durant deux mois et présentée le 7 mars 2022 à Douala révèle que 46,9 % des patrons d’entreprise avouent avoir déjà postulé à la commande publique, 53,1 % des patrons ne l’ont pas encore fait. En face, 38,6 % des patronnes ont déjà postulé à la commande publique, tandis que 61,4 % hésitent à franchir le pas de la commande publique.
Les raisons pour cette situation abondent. Célestin Sikube Takamgno, ingénieur statisticien et enquêteur du travail présenté au Gicam liste pelle mêle, du harcèlement sexuel, l’opacité dans la sélection des prestataires, le manque de transparence du processus, des soupçons de corruption, les délais de paiement hautement longs. Autres raisons, le manque de connaissances suffisantes relatives à la commande publique, le manque d’information que certaines jugent « pas toujours ouverte à tout le monde », sans oublier les préjugés sociaux qui font que certains décideurs peinent à faire confiance aux femmes.
Au niveau du ministère des Marchés publics, l’étude menée par le BIT a de l’intérêt. Mais, souligne Donatien Nso Menye, chef de service de l’informatique et de statistique, les marchés publics sont régis par des textes publics. Ils sont donc ouverts à tous, et chaque postulant doit respecter le dossier d’appel d’offre, et faire son possible pour être le moins disant.
Top management
L’enquête s’appesantit en outre sur la représentativité et la représentation des femmes au sein des entreprises, notamment dans les cercles de décision. Et là, la femme est également à la traine. Dans l’ensemble des 203 entreprises enquêtées, il ressort que dans les grandes entreprises, leur conseil d’administration est à 75,4 % entre les mains masculines contre 24,6% des femmes. Dans les moyennes entreprises l’on a 74 % par les hommes, contre 24 % des femmes. A en croire Célestin Sikube Takamgno, la proportion des femmes baisse quand on monte en catégorie dans les entreprises. L’expert ajoute que 68,2 % des femmes considèrent que certains postes sont acquis/réservés aux hommes.
A.O