Le ministre du Commerce invite à se servir de la pandémie du corona virus pour redonner vie à l’économie africaine, tout comme il donne son avis sur les importations et le made in Cameroon.
Comment se comporte le commerce mondial depuis le début de la pandémie du covid 19 ?
On a assisté à un double phénomène, un certain repli de la demande des biens et des services dû au confinement des populations sur l’ensemble de la planète, mais également à une érosion des prix de certaines matières premières les plus importantes par rapport à nos principaux produits d’exportation et on a assisté plutôt à une chute importante des cours, du fait d’une consommation, évidemment elle-même anémiée.
Au niveau de nos extérieurs, la balance commerciale a généralement été déficitaire, le mouvement s’est accentué depuis la dévaluation du FCFA en 1994, est-ce que le coronavirus donne une chance, une opportunité de rééquilibrer nos échanges avec l’extérieur ?
80 % en moyenne de nos exportations se font au travers des recettes d’exportation liée à un groupe de 6 produits qui représentent une moyenne de 80 % de nos recettes d’exportation. C’est des huiles brutes de pétrole, c’est les fèves de cacao, fèves brutes, c’est l’aluminium brut, c’est le gaz naturel, c’est le coton, la banane, à un degré moindre, le bois naturellement. Forcément dès qu’il y a une secousse sur le marché, ça influe sur notre balance commerciale, le déficit structurel date de la dévaluation du FCFA. Depuis lors, on a pas réussi à inverser la tendance. Evidemment, nos produits sont touchés par le phénomène du coronavirus, aussi bien en ce qui concerne les volumes que les prix. Le vrai problème de notre balance commerciale tient à quoi ? On peut importer, mais tout dépend de ce qu’on importe. Si c’est par exemple des machines outils, si c’est des biens industriels pour les besoins de développement de l’industrialisation de notre pays, il n’y a pas de mal à ce qu’on importe. Maintenant là où le bas blesse, c’est parce que dans notre trend d’importation vous retrouvez des produits qui auraient pu être fabriqués dans notre pays et que nous nous pourrions exporter. Des produits notamment alimentaires.
Quelles est la part des marchés aujourd’hui réservée ou occupée par le made in Cameroon et est-ce qu’il nous donne des armes capables de nous permettre de renverser la tendance, la dépendance vis-à-vis de l’extérieur ?
La réalité du made in Cameroon, ouvrons les yeux, elle est là, devant nous, elle s’impose. Je peux vous prendre deux/ trois exemples pour vous dire que ce n’est pas des discours. Des filières industrielles comme le ciment. Le Cameroun aujourd’hui a une capacité installée de l’ordre de 4, 5 tonnes de ciment pour une demande locale qui est autour de 3 millions, voire un peu moins. Tout ce qui est ferreux, fer à béton, produit de couverture, le Cameroun aujourd’hui, en Afrique au sud du Sahara est certainement en position ex aequo avec la Côte d’Ivoire en termes de production de fer à béton, fer de qualité, des eaux minérales, des eaux de source, nous en avons localement, les gens peuvent consommer. Le made in Cameroon n’est pas une vue de l’esprit. C’est une réalité. Maintenant, il faut sans doute passer à une vitesse supérieure pour pouvoir élargir à d’autres segments de notre activité économique, notamment dans le domaine alimentaire, agro alimentaire. Il faut aussi, c’est un élément essentiel : passer à l’étape de la labellisation de nos produits. Le gouvernement a mis en chantier le fameux label origine Cameroun certifiée qui est porté par le ministère du Commerce, de manière à sortir de nos frontières et à pouvoir nous imposer à l’extérieur.
Source : CRTV