La défense de ses travaux contenus dans deux tomes pour 900 pages a nécessité six heures d’horloge face à un jury composé d’esthètes professeurs d’universités capés en matière de sciences de gestion.
« Vous êtes désormais Dr Edou Alo’o Cyrill », a tranché, le 4 août à Douala, le Professeur Claude Bekolo, doyen de la faculté des sciences économiques et de gestion de l’université publique de la capitale économique. Une fin heureuse. Sanctionnée par la mention « très honorable » après six heures d’horloge. Un long temps qui n’a pas douché les attentes de nombreux invités, à l’instar de Samuel Dieudonné Ivaha Diboua, gouverneur du Littoral, sans oublier des collaborateurs et autres patrons d’entreprises publiques et privées qui n’ont pas voulu louper ce moment de sciences de très haut niveau.
Le sujet du candidat praticien de haute facture de la finance publique, ‘’ Comportement des contribuables envers les Impôts et Gouvernance des Finances publiques’’. Un sujet jugé épineux par le jury, à double titre. Le candidat est « un homme d’action » qui demande une transmutation totale de la gestion des fonds issus des impôts. « Ce que vous commencez-là, je vous le dirai comme cela se dit de manière triviale, va finir au commissariat », détend l’atmosphère la professeure Sabine Patricia Moungou Mbenda.
Dans ces travaux, le candidat défend la moralisation dans la gestion des finances publiques, des actions concrètes sont attendues sur le terrain pour que le citoyen ne soit pas opposé à la paie de l’impôt parce que ses besoins élémentaires ne sont pas assouvis. Pour lui, le gouvernant doit vivre « la dictature du citoyen. Le gouvernement est obligé de répondre aux besoins du citoyen. »
L’administration fiscale au Cameroun a opéré de nombreuses innovations ces dernières années. La digitalisation y est bien ancrée. Dr Cyrill Edou Alo’o pense qu’il faut encore faire plus. Tout en façonnant un jumelage entre innovations et actions concrètes sans oublier la sensibilisation des contribuables, ce qui pourrait faire absorber les agents économiques qui préfèrent l’informel, où l’administration fiscale n’a pas de prise. La digitalisation ayant favorisé une passable embellie des relations entre le fisc et les contribuables, le temps est venu de « cultiver la participation citoyenne. Il faut que tous les acteurs travaillent dans l’élaboration et la mise en œuvre des réformes. C’est donc la cartographie citoyenne que nous devons conceptualiser et théoriser. Nous devons également théoriser la technicisation. Elle veut dire professionnaliser les métiers, et utiliser à outrance les nouvelles technologies de l’information pour améliorer les finances publiques, parce que cela a un avantage ».
Ou encore, « nous avons essayé de démontrer que le contribuable est au centre de la gouvernance des finances publiques, et de manière historique, cela été prouvé, comment en progressant avec la participation populaire, on arrive à améliorer la gouvernance des finances publiques. Ce que l’État fait donc, doit être dans le sens de satisfaire les attentes du contribuable et l’impliquer dans la mise en œuvre des politiques publiques. Cela a un double avantage : le premier avantage est que cela améliore la synergie et la compréhension. Cela crée aussi, je dirais, des contributions positives dans la gouvernance des finances publiques. Le deuxième aspect est lié à l’amélioration du système de manière générale. »
Le jury était composé des professeurs Claude Bekolo, doyen de la faculté des sciences économiques et de gestion, Henri Wamba, Gilles Etoundi, Sabine Patricia Moungou Mbenda, Dieudonné Mbondo et le Pr Sedena Akono Ongbwa.
Aloys Onana