Nonobstant l’essoufflement de Tamoil qui peine comme jamais à respecter ses engagements, la major camerounaise, Neptune Oil a déjà anticipé sur la campagne qui va de juillet en cours à décembre 2024. Trois commandes respectives de 60 000 TM (tonnes métriques) de super, 40 000 TM de gasoil, et 10 000 TM de Jet A1 ont été passées.
Neptune Oil S.A déploie avec maestria le génie business du Cameroun chez la voisine République centrafricaine (RCA). Ce pays a fait confiance à l’entreprise que pilote Antoine Ndzengue. En effet, le gouvernement de la RCA à travers le ministère du Développement de l’Energie et des ressources hydrauliques, a signé une convention exclusive de fourniture en produits pétroliers et gaz domestique. La décision prise en conseil de ministre et approuvée par l’ensemble du gouvernement est entrée en vigueur depuis le 1er décembre 2023.
Dans le détail, l’Etat centrafricain a mandaté Neptune Oil S.A. d’assurer l’approvisionnement exclusif pour une durée de 10 ans. La majore camerounaise doit faire des investissements majeurs pour améliorer la qualité et les capacités de stockage de la Société de stockage des produits pétroliers RCA (Socasp), notamment améliorer les capacités de dépotage au dépôt de Kolongo pour permettre des dépotages simultanés barge et camions-citernes, et augmenter la capacité de dépotage camions-citernes passant de 7 à environ 40 citernes par jour.
Depuis lors, Neptune Oil S.A. est engagée dans le respect de son cahier de charges. Ce qui se traduit par l’anticipation dans l’action. À titre illustratif, la disposition des produits destinés à la campagne fleuve allant de juillet en cours à décembre 2024 ne souffre de rien. Trois commandes respectives de 60 000 TM (tonnes métriques) de super, 40 000 TM de gasoil, et 10 000 TM de Jet A1 sont bouclées.
Bien avant cela, Neptune Oil S.A. a passé des commandes fermes respectives de 30 000 TM de super, 20 000 TM de gasoil, 2 500 TM de jet A1 au 1er trimestre 2024. D’autres commandes fermes supplémentaires de 30 000 TM de super et 20 000 TM de gasoil ont été rendues disponibles au mois d’avril 2024 afin d’assurer sans faille l’approvisionnement du marché centrafricain.
Le doigté de Neptune Oil S.A. a des conséquences heureuses à la marche de l’économie centrafricaine. Les recettes fiscales ont tout de suite progressé. Le rapport d’exécution budgétaire au 1er trimestre 2024 produit par le ministère centrafricain des Finances et du budget ressort que l’Etat centrafricain a mobilisé des ressources propres de 38,9 milliards de FCFA contre 32 milliards de FCFA au cours de la même période en 2023. Ce qui représente une hausse annuelle significative de 6,9 milliards de FCFA grâce aux recettes fiscalo-douanières issues, entre autres, de la rigueur introduite dans l’activité de distribution des produits pétrolières de la majore camerounaise.
Tamoil& créances
Dans le cadre de l’exécution de son contrat en RCA, Neptune Oil a pour principal partenaire, l’entreprise française TransAfrica Market Oil (Tamoil) née des cendres de TotalEnergies RCA. La filiale a été rachetée en août 2023, malgré quelques irrégularités, par la banque d’affaires Rochefort & Associés. C’est ainsi que Tamoil a relancé le fonctionnement des 28 stations de sa prédécesseuse en contractant une importante dette de 2,5 millions d’Euro auprès de l’importateur agréé pour le compte de l’Etat Centrafricain, l’entreprise camerounaise Neptune Oil.
Sur la base des clauses contractuelles entre les parties, le marketeur français doit payer cash les livraisons de produits pétroliers. Si le deal est respecté, le marché centrafricain est régulièrement approvisionné par Neptune Oil. Les prix des produits pétroliers restent stables. La contrebande recule.
Mais curieusement, au lieu d’honorer son contrat en payant ses commandes auprès de Neptune Oil, Tamoil a plutôt privilégié le paiement de ses autres créanciers. Ce qui a provoqué des conséquences immédiates graves. En effet, du fait non-paiement de cette dette de Tamoil, l’on observe désormais une pénurie artificielle sur le marché de la distribution des produits pétroliers en RCA. Pourtant, Neptune Oil ne demande qu’à être payé pour remplir son cahier de charges normalement.
De l’avis de nombreux observateurs et experts des milieux pétroliers, les difficultés financières de Tamoil ne sont peut-être pas étrangères à l’étroitesse de la surface financière de la banque d’affaires Rochefort & Associés propriétaire de Tamoil qui déclare un capital de 1000 euros alors que ses relevés bancaires publiés le 31 mars 2023 affichent un bilan de 35 000 euros, soit environ 23 millions de FCFA. Ce qui pousse des voix aguerries sur des questions pétrolières à se demander comment une naine financière a pu engloutir une petite géante, fut-elle une filiale africaine d’un groupe mondial comme TotalEnergies en République centrafricaine.
De toute évidence, analyse un expert pétrolier français, en rachetant Tamoil, Rochefort lorgnait le marché des importations des produits pétroliers en RCA. « Cette décision a mis dans l’embarras Tamoil dont la principale marge se faisait sur l’importation et la revente de carburant », confessent certains médias du Quai d’Orsay. Ce qui revient à dire que Tamoil voulait tout être à la fois : importateur, distributeur, détaillant, sans avoir des capacités nécessaires. « Comment une entreprise incapable de solder une dette de 2,5 millions d’Euro ambitionne de prendre la lourde responsabilité de gérer les importations internationales des produits pétroliers de l’Etat Centrafricain ? »S’interroge-t-on.
Bien plus, se pose un autre problème qui suscite des interrogations. L’on sait que le secteur des produits pétroliers détermine l’ensemble des autres ; que le niveau de confiance entre les autorités centrafricaines et Tamoil est très faible ; que les entreprises françaises comme Castel ont financé les groupes armés par le passé pour pouvoir exercer, l’on comprend aisément que cette tentative de remettre en question le partenariat avec l’importateur Camerounais Neptune Oil vise à fragiliser les approvisionnements stratégiques du pays et à le déstabiliser à terme.
Au regard de la situation, les observateurs avertis pensent que la seule solution pour relancer le circuit d’approvisionnement consiste à recouvrer cette dette énorme de Tamoil pour permettre à Neptune Oil d’agir efficacement sur le marché international.
Car, « il faut rappeler que si Tamoil n’a aucune expérience sérieuse dans cette activité d’importation des produits pétroliers, Neptume Oil, lui en dispose et a déjà travaillé pour le compte de l’Etat du Cameroun avec un bilan plus que positif », analyse une voie digne d’intérêt.
Pour rappel, Total Energies quitte le Centrafrique avec d’énormes dettes culminant à près de 14 milliards de FCFA. Au lieu de communiquer son départ du pays à ses divers créanciers dont l’Etat, la majeure pétrolière française a préféré s’en aller sur la pointe des pieds, laissant au désarroi tous ceux-ci et violant la législation en vigueur.
Aloys Onana
