Son nom et son visage sont bien connus dans les milieux numériques, entre autres. C’est que cette femme a, au bout de ses doigts, l’outil numérique qu’elle veut voir être largement partagé en Afrique. Seulement en face, au Cameroun par exemple, l’économie numérique connait des difficultés non négligeables.
Entre faible pénétration de l’internet, son coût exorbitant, son instabilité, l’érection d’une loi jugée anti économie numérique, la difficulté par de nombreux aînés à intégrer quelque chose qui n’est pas palpable, le chemin est encore long. « Il y a un manque de compréhension. Au Cameroun en même temps on a lancé le développement de startup Act, qui est un ensemble de lois qui vont soutenir l’écosystème et soutenir les entrepreneurs numériques, en même temps on lance la taxe contre l’innovation. La taxe sur le mobile money est une taxe contre l’innovation. On ne peut pas faire les deux, ça veut dire que nos gouvernants n’ont pas encore compris l’importante de cette économie numérique », relève Rebecca Enonchong.
Pourtant les richesses que l’économie numérique apporte sont bien nombreuses. Des d’emplois à la pelle à travers le continent en passant par une plus-value en terme de croissance économique. « Si on a vraiment compris cet impact, on doit traiter l’économie numérique comme une industrie. C’est comme les pétroliers, des grands agriculteurs, c’est comme toute économie industrielle qui sont extrêmement respectée et dont on comprend la problématique et donc, on doit faire la même chose pour l’économie numérique. Ce n’est pas parce que c’est des jeunes qui lancent ces entreprises qu’ils ont moins de valeur que ceux qui sont des hommes d’affaires établis et connus. C’est de notre devoir de sensibiliser nos communautés », indique-t-elle.
L’écosystème du numérique sur le continent est « phénoménal ». Ce qui a motivé la création de AfriLabs, une plateforme qui regroupe des organismes qui soutiennent des startups, des centres d’innovation, des incubateurs. En son sein, l’on compte 320 membres dans 51 pays et ces membres-là soutiennent une communauté de presque 1,5 million d’entrepreneurs. « C’est une force et on voit l’impact de cette force. Regardez les financements que cette communauté a reçus. Les startups qui sont dans cette communauté réussissent, nous avons vu en 2021 un chiffre record d’investissements dans les startups africaines, on est à 4 milliards $ d’investissement », se félicite Rebecca Enonchong.
Pour donner plus de tonus aux entrepreneurs du numérique, Afrilabs les a réunis à Douala du 16 au 18 février 2022. Objectif, leur donner des clés pour être plus rentables, des stratégies pour survivre en tant que hub. Ces jeunes pousses ont été accompagnés pour qu’ils puissent bien lever les fonds, pour leur investissement, tout comme des idées leur ont été données sur comment approcher les investisseurs. « Notre souci est de soutenir la communauté numérique, pas seulement au Cameroun mais également à travers l’Afrique. Quand nous travaillons avec des entrepreneurs nous prenons en compte tous les aspects pour les aider afin qu’ils développent des solutions », confie Anna Ekeledo, directrice exécutive, AfriLabs.
En rappel, AfriLabs et ses partenaires (Agence française de développement, Digital Africa, Seedfund Digital Africa…) ont implémenté six activités « importantes » dans le cadre du Programme de Renforcement des Capacités au cours de l’année 2021. Plus de 475 responsables et personnels de Hub ont été formés à travers l’Afrique Francophone l’année dernière et 130 000 euros (plus de 85 millions de FCFA) de subventions ont été accordées à des membres de communautés en Afrique Francophone entre 2020 et 2021.
A.O